Alex en Estrie — Terreau fertile pour cultiver la résilience climatique

La ferme d'utilité sociale Les Cocagnes se trouve juste à côté du mont Pinacle.
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La ferme d'utilité sociale Les Cocagnes se trouve juste à côté du mont Pinacle ©Courtoisie Les Cocagnes

SUR LA ROUTE 1/3 — Aux quatre coins de la province, des gens s’activent pour faire une véritable différence dans la crise écologique. Pour ce deuxième dossier régional, nous avons décidé de poser notre regard sur l’Estrie. Une région qui est aux prises avec son lot de défis environnementaux, mais également dotée d’une impressionnante créativité pour y faire face. Première étape du voyage : Les Cocagnes, ferme d’utilité sociale.

Le printemps dernier, j’ai eu la chance de traverser le Québec pour le dossier Alex en Gaspésie — Sur le front des changements climatiques. L’objectif était de mieux comprendre les enjeux environnementaux de cette région en discutant avec des Gaspésiennes et des Gaspésiens. Ce que j’ai vu et entendu pendant ce séjour m’a profondément encouragé et même touché.

La résilience climatique est forte, admirable et plus répandue qu’on pense. C’est justement une des raisons pour lesquelles j’adore mon travail à Unpointcinq : j’ai la chance de rencontrer une multitude d’acteurs et d’actrices du changement. Chaque fois, je ressors de ces entrevues avec un sentiment d’espoir, si précieux en ces temps troubles.

Cet automne, j’ai tourné mon attention vers l’Estrie. Contrairement à la Gaspésie, c’est une région que je connais peu. Oui, j’y ai passé du temps dans mon enfance, mes parents viennent de Val-Des-Sources, mais j’ai rapidement compris que les choses avaient beaucoup évolué dans les 15 dernières années.

L’Estrie est un véritable incubateur d’initiatives vertes, surtout dans le monde agroalimentaire, mais aussi extrêmement vulnérable aux changements climatiques par sa position géographique. Une dualité qui a habité l’ensemble de ce dossier.

Je vous emmène donc sur la route à la rencontre de Stéphanie Hinton, fondatrice de la ferme collective Les Cocagnes, Robert Benoît, maire de la ville de Sutton, et Nicole Comtois, présidente de l’OBNL La forêt qui marche.

Les Cocagnes, une ferme pas comme les autres

Le temps est bon à Frelighsburg. L’été, le village est une véritable fourmilière, les touristes affluent dans les différents petits commerces et les cyclistes se remettent de l’impitoyable Joy Hill. L’automne, l’endroit devient une véritable toile vivante grâce aux couleurs saisonnières.

Dans ce petit paradis terrestre, traversé par la rivière aux Brochets, une population est investie corps et âme afin de garder le village vivant et innovant. Parmi celle-ci, une Montréalaise tombée en amour avec la région, mène un projet socioagricole des plus novateurs.

Sur le chemin de Dunham, à une centaine de mètres du cœur villageois, l’enseigne verte Les Cocagnes se fond parfaitement dans le paysage estrien. Au bout du chemin, on débouche sur un terrain de 40 acres, qui regroupe une forêt et des champs. Cette terre aux mille possibilités, c’est le bébé de Stéphanie Hinton.

« Je pensais au départ venir dans la région pour me trouver une petite maison et relaxer, lance d’emblée celle qui travaillait jadis dans les arts de la scène. Finalement, ce n’est pas exactement ce qui est arrivé (rires). Je suis tombée en amour avec la terre. »

Stéphanie Hinton, fondatrice de la ferme collective Les Cocagnes, est tombée sous le charme de la région en 2020.
Stéphanie Hinton, fondatrice de la ferme collective Les Cocagnes, est tombée sous le charme de la région en 2020. ©Pôle entrepreneuriat collectif Montérégie-Est

C’est en février 2020 que l’idée de ferme collective a germé. En un temps record et en plein début de pandémie, Stéphanie Hinton a mis sur pied un organisme à but non lucratif (OBNL) et a lancé une campagne pour obtenir le financement nécessaire à l’achat du terrain. Et la communauté a répondu présente.

« Ça été un peu rocambolesque, se souvient-elle avec un sourire. En moins de dix jours, on a récolté 240 000 $ en investissement solidaire. C’était une belle preuve de confiance envers notre projet. On a réussi à finaliser l’achat de la terre et c’est là que Les Cocagnes sont nées. »

L’agriculture à l’échelle humaine

Il suffit de s’intéresser au monde agricole quelques instants pour comprendre à quel point ce milieu est exigeant et difficile à naviguer pour les agricultrices et agriculteurs. La nourriture que nous retrouvons dans notre assiette est le fruit d’une longue chaîne de travail éreintant.

Des heures interminables, une charge mentale qui dépasse l’entendement et des aléas climatiques qui viennent tout chambouler; l’agriculture n’a rien de reposant. C’est avec ce constat en tête que Stéphanie Hinton a imaginé Les Cocagnes.

« L’objectif est de créer un espace permettant aux agricultrices et aux agriculteurs d’avoir accès à la terre et de briser l’isolement, explique-t-elle. On a eu l’idée d’offrir des parcelles de notre terre en location et de s’entraider. L’écosystème de la ferme comprend des zones boisées, une érablière, des champs et des zones humides qui peuvent accueillir diverses entreprises. »

Stéphanie Wang, du groupe maraîcher Le Rizen, loue une parcelle d'un acre et demi
Stéphanie Wang, du groupe maraîcher Le Rizen, loue une parcelle d'un acre et demi ©Courtoisie Les Cocagnes

Pour l’instant, deux groupes agricoles, Les Siffleux et Le Rizen, se sont joints au projet qui s’articule autour de valeurs d’entraide et de communauté. Pour Stéphanie Hinton, ce partage des connaissances et des infrastructures permet de pratiquer une agriculture écologique innovante, en harmonie avec leurs valeurs environnementales.

« Les Cocagnes évoluent énormément et aussi rapidement, dit-elle avec un mélange de fébrilité et de préoccupation. On est en discussion avec d’éventuels locataires, l’idée parle à beaucoup de monde du milieu. »

Le tourisme agroalimentaire en vogue

Les Cocagnes offrent aussi des repas champêtres où le public est invité à savourer des produits locaux. Une manière de pousser les gens à se questionner sur leurs habitudes de consommation, une facette si importante dans un contexte de crise écologique.

« On a fait une quinzaine de tables champêtres cet été avec une vingtaine de chefs locaux, dit-elle. On veut valoriser les produits de notre ferme, mais aussi de la région… on essaye de rester dans un périmètre de 25 km. L’objectif est d’offrir une expérience aux gens. »

 C’est certain que nous sentons un intérêt des gens à consommer de manière plus responsable, la conscience écologique dicte de plus en plus leurs choix. Mais ce n’est qu’une petite partie de la population qui a ce privilège, surtout avec l’inflation. Ce n’est pas possible pour l’instant de baisser le prix des produits sans sacrifier le bien-être des agricultrices et agriculteurs.Stéphanie Hinton, fondatrice de la ferme collective Les Cocagnes

Les tables champêtres sont une belle occasion de faire goûter les produits de la région, cuisinés par des chefs locaux.
Les tables champêtres sont une belle occasion de faire goûter les produits de la région, cuisinés par des chefs locaux ©Courtoisie Les Cocagnes

Plus que jamais, la bonne bouffe et le vin nature ont la cote sur les réseaux sociaux. Les gens exhibent fièrement leurs produits locaux et biologiques, dénichés directement à la source. Mais est-ce que cela se traduit nécessairement par un changement des habitudes de consommation dans la vie de tous les jours? À cette question, Stéphanie Hinton m’offre une réponse nuancée, comme je les aime.

« C’est certain que nous sentons un intérêt des gens à consommer de manière plus responsable, la conscience écologique dicte de plus en plus leurs choix. Mais ce n’est qu’une petite partie de la population qui a ce privilège, surtout avec l’inflation. Ce n’est pas possible pour l’instant de baisser le prix des produits sans sacrifier le bien-être des agricultrices et agriculteurs », nuance-t-elle.

Pour la Frelighsbourgeoise d’adoption, cette démocratisation passera justement par des changements dans le monde agricole. Les membres de l’OBNL, avec son modèle de ferme collective, font partie d’une génération convaincue que les choses peuvent, et surtout doivent s’améliorer.

Je l’ai compris en travaillant sur ce dossier : cette philosophie entrepreneuriale basée sur l’entraide et la collectivité, on la retrouve un peu partout en Estrie. C’est assurément une des grandes forces de la région et accessoirement un pied de nez sympathique aux valeurs individualistes.

Après cette belle rencontre, je vous amène maintenant à Sutton pour la suite de mon périple. Dans cette petite ville où il fait bon vivre, le maire et son équipe ont dû prendre de délicates décisions pour éviter de manquer d’eau, un danger plus courant qu’on ne le pense dans le sud du Québec.

POUR LIRE LA PARTIE 2

Revoir ses priorités, l’exemple de Sutton

Suivez-moi dans la deuxième partie de mon périple en Estrie. Je vous amène à Sutton où la ville a dû choisir entre le développement économique et la protection des sources d’eau potable. Un dilemme de taille qui sera de plus en plus courant au Québec avec les changements climatiques.

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