Baromètre de l'action climatique 2023 - édition des 5 ans
Disposition des Québécois et des Québécoises face aux défis climatiques
Alors que l’année 2023 est en voie d’être la plus chaude que l’humanité ait connue et que tous les yeux sont actuellement tournés vers la Conférence de Dubaï sur les changements climatiques (COP28), 85 % de la population québécoise croient à l’urgence d’agir pour le climat. De plus, une forte majorité (89 %) reconnait que les conséquences des changements climatiques s’intensifieront si nous tardons à agir. Dans ce contexte, les Québécoises et les Québécois en font davantage pour le climat depuis cinq ans à l’échelle individuelle, mais pour réduire véritablement l’empreinte carbone du Québec, des actions plus robustes seront nécessaires à l’échelle collective.
En effet, selon la 5e édition du Baromètre de l’action climatique (voir document complet au bas de cette page), on observe que la population québécoise adopte des gestes concrets pour réduire son empreinte climatique, mais certaines tendances inquiétantes exposent les limites des actions individuelles.
De bonnes nouvelles
« En jetant un regard sur l’évolution des cinq dernières années, on observe que certains gestes individuels se sont enracinés dans le quotidien de la population, ce qui est une bonne nouvelle », note Valériane Champagne St-Arnaud, professeure de marketing à l’Université Laval et coordonnatrice du Baromètre de l’action climatique.
La réduction des déplacements en avion est le geste associé au gain le plus important : seulement 29 % des Québécoises et des Québécois déclaraient diminuer ce type de déplacement en 2019, alors qu’ils sont 63 % à le faire cinq ans plus tard (+34 pts). D’autres gestes ont également connu des bonds importants : diminuer la consommation d’énergie à la maison (75 % des gens le font, +11 pts), minimiser le gaspillage alimentaire (84 %, +9 pts), privilégier les produits locaux (62 %, +7 pts), recycler (94 %, +5 pts) et privilégier des produits réutilisables plutôt que jetables (74 %, +4 pts).
Viande, voiture, compost : aller au-delà des gestes individuels
Des comportements très efficaces pour réduire l’empreinte climatique des Québécoises et des Québécois tardent toujours à être adoptés. Par exemple, la proportion de personnes réduisant leur consommation de viande est demeurée pratiquement inchangée au cours des cinq dernières années (43 % en 2019 contre 42 % en 2023). De plus, seulement 41 % des Québécoises et des Québécois affirment avoir choisi un domicile facilitant les déplacements écoresponsables. D’ailleurs, 60 % de la population affirment utiliser leur voiture « tous les jours, ou presque » ou « plusieurs fois par semaine », ce qui traduit une forte dépendance à ce mode de déplacement. Finalement, le compostage compte de plus en plus d’adeptes (56 %, +8 pts par rapport à 2023), mais demeure pratiqué par une faible minorité seulement. « Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est clair : des transformations radicales de nos modes de vie sont nécessaires. En effet, les données du Baromètre exposent les limites de la responsabilisation individuelle », rappelle madame Champagne St-Arnaud.
Des symptômes évidents de fatigue climatique
À ces constats s’ajoutent des symptômes évidents de fatigue climatique chez les Québécoises et les Québécois. Par exemple, une part de plus en plus importante de la population déclare ressentir de l’impuissance (68 %), une augmentation de 6 points de pourcentage depuis 2021. À l’inverse, l’optimisme connaît une baisse progressive, passant de 73 % en 2021 à 66 % en 2023 (-7 points). Globalement, près d’une personne sur trois (31 %) déclare être « fatiguée d’entendre parler des changements climatiques.
De plus, au cours de la dernière année, 54 % des Québécoises et des Québécois estiment avoir ressenti de l’écoanxiété en pensant à la menace des changements climatiques et de la crise écologique. En comparaison avec l’année dernière, plus de Québécoises et de Québécois déclarent vivre souvent ou presque toujours de la nervosité, de l’inquiétude ou de l’anxiété (+ 6 points), de la peur (+ 6 points) et de l’inquiétude à propos du futur de l’humanité (+ 8 points). Si l’écoanxiété est une réaction normale devant la menace climatique, elle peut également s’accompagner de conséquences négatives sur la santé physique et psychologique lorsqu’elle est vécue à une intensité très élevée.
Finalement, le climato-scepticisme a progressé au Québec dans les dernières années. En effet,
17 % de la population considèrent que les changements climatiques sont un phénomène naturel et 14 % estiment que les changements climatiques ne sont pas prouvés scientifiquement. Ces proportions étaient respectivement de 8 % et de 5 % en 2019, à partir d’une échelle de mesure légèrement différente. Ces tendances sont similaires à celles observées ailleurs dans le monde.
Espoir et cohérence : des incontournables de l’action climatique
« L’un des antidotes à ces tendances préoccupantes, c’est d’insuffler une dose d’espoir lucide. Pour cela, il faut rappeler qu’il existe des solutions pour éviter le pire des scénarios climatiques, agir à la hauteur de la gravité de la situation et communiquer efficacement les bénéfices qu’on peut en tirer », affirme madame Champagne St-Arnaud.
Plus de trois personnes sur quatre (77 %) estiment que le Québec a la capacité d’agir contre les changements climatiques, et cette perception a peu varié au cours des cinq dernières années. Autrement dit, les Québécoises et les Québécois croient qu’en s’unissant, l’ensemble des acteurs (gouvernements, entreprises, individus, etc.) pourrait exercer une influence concrète contre la crise climatique. Toutefois, une proportion beaucoup plus faible (38 %) considère que ces acteurs agissent efficacement.
Pourtant, la communauté scientifique a identifié avec précision le chemin dans lequel il faut s’engager et la population québécoise y adhère. En effet, 85 % de la population estiment qu’il faut réduire immédiatement et drastiquement les émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs (recommandation du GIEC). De plus, 65 % croient que, pour limiter le réchauffement de la planète, il faut abandonner tous les nouveaux projets d’exploitation d’énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel) (recommandation de l’Agence internationale de l’énergie).
Le Baromètre de l’action climatique est réalisé de manière indépendante par le Groupe de recherche sur la communication climatique, avec le soutien financier de Futur Simple et du Gouvernement du Québec dans le cadre du Plan pour une économie verte 2030.