Des régimes sur mesure pour l’industrie

GES industriels
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Des entreprises qui s’échangent leur chaleur. D’autres qui utilisent les déchets de leurs voisines comme matière première. Si le Québec veut atteindre ses cibles de réduction de gaz à effet de serre (GES), ses petites, moyennes et grandes entreprises devront revoir leurs façons de faire. La bonne nouvelle, c’est que plusieurs s’y affairent déjà!

Il y a de la synergie et des échanges dans l’air. À Saint-Félicien, par exemple, Produits forestiers Résolu donne du gaz carbonique aux Serres Toundra pour faire pousser des légumes au Lac-Saint-Jean. À Sainte-Sophie, les biogaz produits par les déchets d’Intersan, une filiale de Waste Management, sont acheminés tout près chez Cascades, à Saint-Jérôme, où ils produisent 75 % de l’énergie thermique nécessaire à la fabrication du papier. On se rapproche de la symbiose! Mais il y a encore du travail à faire, reconnaît Pierre-Olivier Pineau, professeur titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal.

Il publie aujourd’hui avec son équipe le premier volet d’une étude sur le potentiel de l’économie circulaire pour réduire les GES des industries au Québec. Le chercheur y détaille, secteur par secteur, les avenues à prendre pour diminuer l’empreinte carbone de nos entreprises. C’est qu’à lui seul, le secteur industriel – incluant les entreprises agricoles – est responsable de 44 % des émissions de GES de la province. Des émissions qui ne reposent pas que sur la combustion d’énergies fossiles. Au contraire même : elles proviennent majoritairement des procédés utilisés dans chaque usine.

Le secteur industriel au Québec a réduit ses émissions de GES de 23 % entre 1990 et 2016.

« On a tendance à croire au Québec que pour décarboner, on a qu’à tout rendre électrique. Mais ce n’est pas nécessairement vrai », signale Pierre-Olivier Pineau. Si l’électrification reste LA solution dans les secteurs du transport et du bâtiment pour éviter le recours au pétrole ou au gaz, les usines ont en revanche chacune leurs particularités.

Dans les alumineries, par exemple, on produit des perfluorocarbures (PFC) lorsque les anodes utilisées pour l’hydrolyse de l’alumine ne sont pas parfaitement contrôlées. Un enjeu notable, car ces PFC ont un potentiel de réchauffement de 6 500 à 9 200 fois supérieur au dioxyde de carbone. Les cimenteries et les entreprises de sidérurgie, quant à elles, requièrent de la chaleur dépassant les 1 500 °C qui pourrait être produite, récupérée et réutilisée plus efficacement. « Modifier ces procédés sera complexe », prévient le professeur, qui avance tout de même des pistes de solution.

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Miser sur l’économie circulaire

Si elles veulent alléger leur bilan carbone, les entreprises québécoises devront repenser leur gestion de la chaleur. Pratiquement toutes les usines de la province en ont besoin. En transformation alimentaire, la température peut grimper jusqu’à 250 °C pour cuire ou sécher les aliments. Quant aux « fours » des entreprises de sidérurgie et des cimenteries, ils doivent monter jusqu’à 1600 °C.

Produire de la chaleur autrement et la réutiliser lorsque c’est possible pourrait s’avérer payant et générer des réductions de GES substantielles, insistent les auteurs du rapport. Ils proposent notamment d’utiliser des thermopompes et des compresseurs de vapeur pour y arriver. Ils invitent aussi certains secteurs à remplacer les énergies fossiles par la biomasse, et d’autres à employer des capteurs solaires comme ceux mis au point par l’entreprise sherbrookoise Rackam.

Le transfert d’énergie entre les usines en circuit fermé tout comme la valorisation de déchets en matières premières sont également à prioriser. Ça se fait déjà à Valleyfield, où Pyrowave recycle les déchets de polystyrène des villes et des entreprises pour en refaire du plastique. Ces aspects de l’économie circulaire seront approfondis par le professeur et ses collègues dans le deuxième volet du rapport, attendu dans quelques mois.

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De l’argent pour la transition

Au cours des dernières années, des programmes gouvernementaux associés au Fonds vert ont aidé les entreprises à remplacer le charbon et le pétrole par du gaz naturel, plus propre, ou, mieux encore, par de l’électricité. Ces changements ont permis au secteur industriel de réduire ses émissions de GES de 23 % entre 1990 et 2016.

« On s’est principalement attardé jusqu’ici aux émissions de GES associées à la combustion », convient Hélène Lauzon, présidente du Conseil patronal de l’environnement du Québec (CPEQ). Elle ne doute pas que les entreprises sont prêtes à s’améliorer davantage et à réduire leurs GES pour gagner en compétitivité. « Ce qu’il reste à faire maintenant, poursuit-elle, ce sont des projets de plus grande envergure qui nécessitent de gros investissements et une aide gouvernementale pour agir comme levier. »

C’est dans cette optique que le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles a bonifié, le 11 septembre dernier, deux programmes qui soutiennent la transition énergétique des grands émetteurs industriels. Dans sa nouvelle mouture, le programme Technoclimat financera à hauteur de cinq millions de dollars les projets de réduction des GES des entreprises assujetties au Système de plafonnement et d’échange de droits d’émission de gaz à effet de serre (SPEDE), la fameuse bourse du carbone conjointe avec la Californie.

Le programme ÉcoPerformance s’adressera, lui, aux projets de plus grande envergure. Une entreprise pourra ainsi obtenir jusqu’à 40 millions de dollars pour assainir son bilan carbone.

Ce soutien du gouvernement est essentiel, estime Pierre-Olivier Pineau, puisque l’argent demeure le nerf de la guerre de la transformation des entreprises. Il faudra néanmoins bien évaluer le coût associé à chaque mesure, prévient-il. « Au final, l’important sera de mettre l’argent là où il y aura le meilleur impact. » Affaire à suivre.