Le bois plutôt que le pétrole et le gaz naturel?

Résidus de bois
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Résidus de bois ©Shutterstock/SqweezeLand

Qui dit crise climatique, dit transition énergétique. On pense alors spontanément à l’hydroélectricité, à l’éolien ou au solaire. Mais qu’en est-il des épinettes et des bouleaux qui peuplent nos contrées?

Devrait-on porter un autre regard sur la forêt québécoise et le rôle qu’elle peut jouer dans l’action climatique? Certes, les arbres absorbent dans l’atmosphère le dioxyde de carbone – le fameux CO2 qui contribue au dérèglement planétaire –, puis ils l’emmagasinent dans leurs troncs et leurs branches. Cela vaut s’ils restent sur pied ou sont débités en planches.

Cependant, il ne faut pas seulement voir la forêt comme un puits de carbone ou une réserve pour 2×4, assure la professeure de l’Université Laval Évelyne Thiffault, spécialisée dans le carbone forestier. « Pour faire la transition vers une économie à faibles émissions de gaz à effet serre (GES), nos sociétés ont besoin de sources d’énergie et de matériaux alternatifs au pétrole. Les forêts en sont un réservoir fantastique », explique l’ingénieure forestière.

Quand il est récolté de manière durable, ce qui est actuellement le cas au Québec, « le bois est une matière première renouvelable qui peut être exploitée de différentes façons pour réduire les GES », précise-t-elle.

Les 13,1 millions de mètres cubes de bois récoltés dans la province en 2019 représentent environ 60 % de la capacité forestière, qui est déterminée chaque année par le Forestier en chef du Québec. Cette capacité définit la quantité maximale récoltable pour permettre le renouvellement de la forêt québécoise.

Dans les bâtiments, il peut remplacer le ciment et l’acier, deux matériaux très énergivores à produire. Des entreprises québécoises en ont d’ailleurs fait leur marque de fabrique, comme Nordic Structures qui construit des immeubles de condos ou des salles de classe à partir d’épinettes noires récoltées dans les forêts d’ici. Les bois de faible qualité ou non commercialisables et, surtout, les quantités considérables de résidus peuvent quant à eux servir à la production d’énergie renouvelable, en se substituant au pétrole et au gaz.

Boucler la boucle

Dans les faits, c’est déjà le cas. L’industrie forestière recycle la grande majorité de ses déchets d’exploitation. Selon le Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTEI), qui a mené une étude de circularité sur le secteur forestier au Québec, les scieries ont généré en 2019 quelque 1,8 mégatonne (Mt) d’écorces, dont 89 % ont été valorisées énergétiquement. Une partie a été consommée sur place par les scieries elles-mêmes, qui s’en servent pour sécher le bois rond, et le reste, utilisé par les papetières comme combustibles dans des chaudières à biomasse.

Les 5,8 Mt de copeaux, de sciures et de rabotures issus de la transformation des billots de bois ou qui proviennent des usines de planchers et des fabricants de meubles sont, elles aussi, recyclées à raison de 90 % à 100 %. Ces résidus entrent majoritairement dans la fabrication de pâtes à papier et de panneaux de bois, alors qu’une infime partie (environ 0,4 Mt) est transformée en granules énergétiques et en charbon de bois. Ces granules peuvent servir à remplacer le mazout utilisé par les communautés autochtones isolées pour se chauffer, une solution promue par l’entreprise Inukshuk Synergie, basée au Lac-Saint-Jean, tandis que le charbon de bois peut être utilisé pour augmenter la fertilité des sols agricoles à la place des engrais chimiques.

D’autres résidus inexploités?

En revanche, il existe tout un gisement qui n’est presque pas exploité actuellement. Il s’agit des résidus de coupe (qui incluent les cimes, les branches et les souches) et de certains bois dits « sans preneurs » (les feuillus, par exemple). On parle ici tout de même de 6,5 Mt de bois, dont à peine 2 % sont valorisés, évalue le CTTEI. Une partie de ce qui est laissé sur place, souvent sous forme d’andains, nourrit naturellement la forêt qui en a besoin pour se régénérer. Évelyne Thiffault estime toutefois que 40 % à 50 % de cette biomasse pourrait être récoltée. « On pourrait alors s’en servir pour fabriquer des bioproduits ou des biocarburants », indique l’ingénieure forestière.

Cette stratégie est à l’origine de plusieurs projets industriels au Québec. L’entreprise Bioénergie Æ Côte-Nord a par exemple commencé cet été à livrer de l’huile pyrolytique à l’usine d’ArcelorMittal, située à Port-Cartier. Cette huile fabriquée à partir de résidus de bois devrait permettre de diminuer de 23 % la consommation de mazout lourd à l’usine de bouletage, entraînant, selon le groupe sidérurgique, une réduction annuelle de GES de 57 600 tonnes d’équivalent CO2, ce qui correspond au retrait de nos routes d’environ 14 000 voitures.

Sur la Rive-Sud, Québec a pour sa part investi près de 365 M$ dans le projet de Recyclage Carbone Varennes. L’entreprise prévoit de construire une usine de production d’hydrogène vert ainsi qu’une usine de biocarburant qui produira du biométhanol à partir de résidus forestiers et de déchets non recyclables et non compostables. D’autres initiatives de la sorte sont à l’étude ou déjà en cours.

Il reste que si la « circularité [est] élevée pour la majorité des produits forestiers au Québec […] des débouchés à plus haute valeur ajoutée pourraient être trouvés », note le CTTEI dans son rapport. On pourrait le faire, par exemple, en favorisant des circuits courts afin de réduire les distances de transport ou en mettant l’accent sur des produits en bois durables (charpentes, panneaux, meubles, etc.), plutôt que sur des produits dont le cycle de vie est court, comme les papiers.

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