S’inspirer des savoirs autochtones

Catherine Lambert Koizumi
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Catherine Lambert Koizumi ©Gracieuseté Catherine Lambert Koizumi
Created with Lunacy 4 min

Depuis près de 20 ans, la biologiste Catherine Lambert Koizumi travaille de front avec les communautés autochtones pour protéger la nature. Un riche parcours qui l’a menée des étendues sauvages des Territoires du Nord-Ouest à la tranquillité de la Baie-des-Chaleurs, en Gaspésie.

Pour Catherine Lambert Koizumi, il n’y a pas eu de révélation ou de déclic particulier pour trouver sa voie. Comme une évidence, son métier de biologiste s’est imposé naturellement après une enfance passée à flâner dans la forêt.

« J’ai grandi dans une maison entourée d’arbres et d’animaux, j’ai toujours ressenti le besoin de passer du temps en nature, lance la scientifique originaire des Laurentides. À huit ans, j’allais dormir seule dans une cabane dans la forêt, au grand désespoir de mes parents (rires). »

Après des études à l’UQAM et un projet de maîtrise sur les cougars dans l’État de Washington, Catherine Lambert Koizumi a transporté ses valises à Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest. Dans cette petite ville d’environ 3000 habitants, elle a été engagée comme biologiste de la faune par la Nation Gwich’in.

« C’était une job de rêve pour moi, se souvient-elle. J’ai tellement appris en travaillant pour les Gwich’in, autant au niveau des savoirs traditionnels qu’au niveau de la culture. J’y ai aussi rencontré mon mari, un Japonais amoureux de la nature, qui est débarqué en canot du fleuve Mackenzie », se souvient-elle avec un sourire.

Forte de cette expérience au nord du 60e parallèle, Catherine Lambert Koizumi a obtenu quelques années plus tard un poste à l’Association de gestion halieutique autochtone Mi’gmaq et Malécite (AGHAMM). C’est là, tout près de New Richmond, en Gaspésie, qu’elle s’est installée avec sa famille, il y a maintenant 12 ans.

Bâtir des ponts sur le long terme

La mission de l’AGHAMM est de promouvoir la gestion durable et la conservation des écosystèmes aquatiques et océaniques sur les territoires des Micmacs de Gesgapegiag et de Gespeg, ainsi que des Wolastoqey de Wolastoqiyik Wahsipekuk.

C’est en quelque sorte un pont entre les intérêts des Premières Nations, les acteurs économiques du secteur de la pêche et les efforts de conservation des ressources naturelles. Tout cela en intégrant le plus possible les savoirs autochtones à l’approche scientifique.

« Un des défis est de réunir tous les acteurs de cette cogestion, soutient la directrice générale de l’AGHAMM. Il y a beaucoup de roulement dans les organisations… Le manque de stabilité est un autre obstacle. Ce qui est bien, c’est qu’on remarque une plus grande sensibilité aux droits autochtones. Bien sûr, il reste beaucoup de travail à faire. »

Catherine Lambert Koizumi, qui est non-Autochtone, se dit choyée d’avoir été « acceptée » par les communautés micmaques et wolastoqey de la région. Une relation de confiance qui a fleuri tranquillement au fil des printemps passés en Gaspésie.

« Au départ, certaines personnes étaient peut-être un peu méfiantes, mais rapidement j’ai senti un sentiment d’acceptation et de bienvenue, affirme-t-elle. J’ai le privilège de les côtoyer et de pouvoir les aider du mieux que je peux. »

 En travaillant avec les Premières Nations, j’ai vu à quel point la nature peut être salvatrice et à quel point elle est au coeur des cultures depuis des millénaires. J’ai eu la chance d’assister à des événements comme des pow-wow ou d’autres rassemblements ; le lien avec la nature est puissant, voire vital.
Catherine Lambert Koizumi, biologiste

Pour les sept prochaines générations

La docteure en biologie s’intéresse depuis longtemps à la vision de la nature qu’on retrouve dans plusieurs traditions autochtones. Une conception, presque divine, qui repose sur l’interconnexion et le respect de l’environnement qui nous entoure.

« En travaillant avec les Premières Nations, j’ai vu à quel point la nature peut être salvatrice et à quel point elle est au coeur des cultures depuis des millénaires. J’ai eu la chance d’assister à des événements comme des pow-wow ou d’autres rassemblements ; le lien avec la nature est puissant, voire vital. »

La Gaspésienne d’adoption, grande passionnée des chevaux, a été particulièrement interpellée par le principe des sept générations qu’on retrouve dans certaines cosmologies autochtones. Dans son explication la plus simpliste, c’est la notion de penser et d’agir en fonction des prochaines générations.

« Dans le contexte de la crise climatique, les changements se font successivement sur plusieurs années, donc l’approche des sept générations m’apparaît indispensable, avance-t-elle. J’aimerais que nos politiciens aient la sagesse de penser aux générations futures dans leurs décisions. »

« L’approche des sept générations s’inscrit aussi dans celle du double regard (etuaptmumk en micmac), qui fait référence à voir d’un oeil les forces des connaissances et des systèmes de savoirs autochtones, et de l’autre oeil les forces des connaissances occidentales… Et apprendre à utiliser ces deux yeux ensemble. »

En attendant de trouver ce précieux équilibre, Catherine Lambert Koizumi se dit remplie d’espoir en regardant ses deux filles Yuki et Sola, qui ont hérité de leurs parents un émerveillement et un amour profond pour la nature.

 
Cet article provient d’un cahier spécial “Recherche” publié par le quotidien Le Devoir.

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