Duel de GES : tomates du Québec ou du Mexique?

Photo de diverses variété de tomates pour illustre un article sur le poids carbone des tomates du Québec et du mexique
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18 septembre 2019 - Aurélie Lagueux-Beloin, Du tyrannosaure au climat

Noires de Crimée, cœurs de bœuf, italiennes, en grappes, jaunes, vertes ou roses… Qu’elles viennent d’ici, du Mexique ou d’ailleurs, les tomates sont offertes toute l’année à l’épicerie. Mais dans quelle mesure les unes et les autres contribuent-elles aux changements climatiques?

Autrement dit, vaut-il mieux manger une tomate bio du Mexique ou une tomate cultivée sous serre au Québec si l’on se soucie de son impact sur le climat? On a mené l’enquête, cherché des données et, en définitive, la réponse n’est pas si évidente. Voici pourquoi.

Avec ou sans pesticides?

Tout ce qui se passe chez le producteur se répercute sur l’empreinte carbone d’une tomate, à commencer par le mode d’agriculture. Faut-il en déduire que la production biologique est LA solution climato-sympathique? « Pas tout à fait », nuance Dominique Maxime, analyste à Polytechnique Montréal et chercheur au Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG). « Puisque la priorité de l’agriculture biologique n’est pas de produire le meilleur rendement possible, explique-t-il, ça peut faire grimper l’empreinte carbone des tomates. »

Le bio présente cependant d’autres avantages. « Les agriculteurs biologiques choisissent de minimiser leur impact environnemental et pas seulement leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Ils choisissent par exemple de cultiver sans pesticides, car ceux-ci augmentent la toxicité de l’eau et diminuent la biodiversité. Mais ces pesticides produisent une portion minime de GES », souligne le chercheur.

Le bio n’est donc pas nécessairement la meilleure solution… si on se focalise sur le climat. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) recommande toutefois aux fermiers de s’y mettre, car elle considère l’agriculture biologique comme « une méthode de culture avantageuse, avec un potentiel considérable pour atténuer le changement climatique et s’y adapter. »

Bien au chaud, même en hiver

Qu’elle pousse au Québec ou au Mexique, une tomate a la même couleur. Son empreinte carbone a en revanche une saveur locale. Le climat québécois, avec ses hivers à rallonge, raccourcit notre saison maraîchère par rapport à celle du Mexique. Grâce aux serres, les producteurs de tomates d’ici peuvent néanmoins se protéger du froid et compenser le manque de lumière associé au climat nordique. Mais manger des tomates de serre à longueur d’année n’en demeure pas moins énergivore!

Les tomates de serre représentent plus de 70 % de la production québécoise de tomates. Chaque Québécois en consomme plus de 5 kg par an.

L’impact climatique des tomates de serre dépend en grande partie du système de chauffage utilisé. Au Québec, plus de la moitié des producteurs de tomates chauffent leurs serres au mazout, un combustible fossile au lourd bilan GES, mais qui ne nécessite qu’un faible investissement en équipement.

D’après l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA), l’empreinte carbone des tomates de serre québécoises devrait diminuer, dans les prochaines années, grâce à la transition vers des systèmes de chauffage carboneutres, comme la biomasse de résidus forestiers ou le biogaz.

Professeur de physique à l’Université de Montréal et directeur de l’Institut de l’énergie Trottier, Normand Mousseau émet tout de même un bémol : « Même si on réalise une économie de GES de 30 % en remplaçant un système au mazout par du gaz naturel, après ça, on frappe un mur, parce qu’on ne peut pas réduire plus! »

Tout dépend du chauffage

Émissions de GES par mètre carré de tomates cultivé :

  • Mazout n° 2 : 250 kilogrammes d’équivalent CO2
  • Gaz propane : 199 kg eq. CO2
  • Gaz naturel : 165 kg eq. CO2
  • Granule de bois : 3 kg eq. CO2

Source : Consommation d’énergie et d’émissions de gaz à effet de serre en production serricole au Québec, IRDA, 2017.

Une question de kilomètres?

Si les tomates de serre consomment de l’énergie pour rester au chaud, leurs consœurs mexicaines parcourent, elles, des milliers de kilomètres pour se rendre sur nos tablettes! Une tomate mexicaine, encore un peu verte à la cueillette, franchira plus de 3000 km dans un conteneur réfrigéré pour arriver jusqu’à nous. Pour un seul camion de livraison, ça représente plus de 4,5 tonnes d’équivalent CO2!

Au final, qu’est-ce qui est le plus dommageable pour le climat? Une tomate qui pousse sous serre ici ou une tomate qui vient du Mexique? Dominique Maxime préfère ne pas se prononcer : « Pour en avoir le cœur net, il faudrait prendre en filature chaque tomate, de la ferme à l’épicerie. Et encore! Pour un même type de tomate, l’empreinte carbone peut changer d’un agriculteur à l’autre et d’une région à l’autre. »

Verdict?

Dans le doute, nous sommes obligés de déclarer la partie nulle. Et d’ici à ce qu’un réseau d’espionnage des fruits et légumes soit mis en place, voici notre recette climato-gastronomique : prioriser les tomates locales en été! Le reste de l’année, toute tomate est bonne pour faire de la salsa!