Du lait tout bio tout neuf au Témiscamingue

Vaches
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Une partie du troupeau de la Ferme JMA Gauthier qui a dû adapter ses installations afin que les vaches puissent circuler librement. Les animaux ont accès à du foin en tout temps.  ©Émilie Parent-Bouchard
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Retombées positives générales

26 février 2024 - Émilie Parent-Bouchard, Journaliste de l'Initiative de journalisme local

Une histoire d’amitié – et un défi à relever! – est à l’origine d’un petit projet de production laitière biologique à Lorrainville, au Témiscamingue, qui permet d’offrir à la population les premiers fromages et lait biologiques produits en région.

C’est dans un vestiaire de hockey que l’idée a germé : la fromagère de Fromage au Village, Anne Barrette, a mis au défi sa coéquipière et productrice laitière, Annick Gauthier, de faire la transition vers le biologique. Ce qui n’était au départ qu’un pari entre amies est devenu réalité et la ferme JMA Gauthier fait aujourd’hui figure de pionnière dans la région.

« On se challengeait pour le fun, relate la productrice de lait Annick Gauthier, dont le quatrième enfant était encore tout jeune. Toutes les deux, on avait une entreprise à gérer et Anne m’a dit : ça serait drôle de faire des affaires ensemble, tu devrais partir bio, je pourrais vendre du lait et du fromage bio. Je lui ai dit qu’elle était malade, que c’était trop d’ouvrage, que j’en avais déjà plein les bottes! »

Mais petit à petit, à force de recherches, l’idée fait son chemin dans l’esprit de l’agricultrice. « Ça me tentait de me lancer le défi et [on constatait] que ce n’était peut-être pas si compliqué parce qu’on était déjà à 75 % bio. Il restait presque juste le côté paperasse à rentrer. Et un peu innocente dans la chose, je ne savais pas qu’il y en avait autant! » rigole-t-elle aujourd’hui.

Annick Gauthier, son fils Alec, ainsi que son père Jacquelin Gauthier posent fièrement devant la ferme familiale. 
Annick Gauthier, son fils Alec, ainsi que son père Jacquelin Gauthier posent fièrement devant la ferme familiale.  ©Émilie Parent-Bouchard

Des bases solides pour construire…

Il faut préciser que l’exploitation familiale, qui produit aussi des veaux de boucherie et des céréales, pratique l’agriculture raisonnée depuis 30 ans, c’est-à-dire qu’elle n’utilise pas d’intrants chimiques. « Je n’ai à peu près jamais mis d’engrais chimique, d’herbicides ou ces affaires-là, note le père d’Annick, Jacquelin Gauthier. Donc, je me disais que ça ferait une nouvelle façon de [mettre ce travail en valeur], de se distinguer. »

D’autant que le lait produit avait un débouché assuré à quelques kilomètres de la ferme, chez Fromage au Village. La petite usine de transformation a même adapté ses installations pour garantir que le lait biologique soit traité dans un circuit distinct de celui du lait conventionnel, explique sa propriétaire, Anne Barrette.

 
« Il a fallu créer des environnements et des journées propices à ça : les bêtes ont une chambre à elles, leur saumure, des traitements spéciaux. Mais ce que ça nous a permis, c’est d’ouvrir la porte à une autre gamme de produits, d’avoir un marché différent. On a adapté [les fromages] le Diable aux Vaches et le Sieur Corbeau pour que toute la chaîne d’approvisionnement soit biologique », précise celle qui espère accroître ses parts de marché dans ce créneau, par exemple en accédant aux réseaux de distribution de boutiques spécialisées comme Avril.

Anne Barrette, propriétaire de Fromage au Village, à Lorrainville, au Témiscamingue. 
Anne Barrette, propriétaire de Fromage au Village, à Lorrainville, au Témiscamingue.  ©Émilie Parent-Bouchard

… et des défis de taille

D’autres embûches ont jalonné le parcours de la combattante des deux d’entrepreneures. D’abord, il y a des retards de six mois dans la livraison des équipements, qui arrivent finalement à l’usine à l’automne 2022. Puis, un arrêt de la production de deux mois est imposé à la fromagerie au début de 2023 à la suite d’un épisode de listériose. Pour couronner le tout, l’inflation et la hausse des coûts des produits alimentaires ralentissent maintenant la pénétration du marché.

« Dans les fromages, ça va très bien, on vend tout ce qu’on fabrique. Dans le lait en bouteille, c’est un peu plus difficile. Je pense que les gens coupent où ils peuvent couper », soutient Anne Barrette, qui ajoute du même souffle ne pas avoir poussé la promotion outre mesure.

Le président régional des Producteurs de lait du Québec partage cette opinion selon laquelle les consommateurs et consommatrices ont de plus en plus tendance à « choisir avec leur portefeuille ». S’il considère que l’union entre JMA Gauthier et Fromage au Village constitue un « partenariat intéressant qu’on ne voit pas souvent ailleurs au Québec », Michel Robert ne prévoit pas de perspectives de croissance à court terme pour le segment du lait bio dans la région.

« Le volume de lait correspondait presque à ce dont la fromagerie avait besoin en termes d’approvisionnement. Mais s’il y avait une entreprise qui avait des volumes de production plus importants, on n’a pas beaucoup d’usines. On a quelques fromageries, mais la grosse usine qui fait de la transformation en Abitibi-Témiscamingue, c’est Lactalis à Laverlochère, et elle n’est pas en régie biologique », rappelle-t-il, précisant que d’éventuels volumes excédentaires devraient être transportés vers le sud de la province, les coûts de transport grugeant ainsi l’incitatif financier à produire du biologique.

 J’ai toujours dit que la journée où je vais pouvoir voir sur la tablette le produit de tous mes efforts, ça va être ma paie. Parce que la paie, c’est de faire profiter quelqu’un d’autre du travail sain que tu as fait au cours de toutes ces années.
Annick Gauthier

Au quotidien, Annick Gauthier doit veiller au grain et gérer de manière « serrée » pour maintenir son entreprise à flot. Elle doit par exemple investir dans le contrôle des mauvaises herbes et dans la santé préventive de son troupeau d’une trentaine de têtes. Comme elle est seule à produire du lait bio dans la région, elle doit aussi veiller à maintenir l’effectif du troupeau.

« Je ne peux pas acheter d’un autre producteur s’il me manque une vache pour produire mon quota. Il faut que j’aie mes propres vaches sinon ça va me coûter des sommes incroyables pour aller chercher ça à l’autre bout de la province, illustre-t-elle. Donc, j’élève plus de génisses. Et pour faire en sorte d’avoir des génisses, j’utilise beaucoup de semences sexées », poursuit-elle, précisant qu’elle réserve à ses meilleures productrices ces semences dont le taux de succès avoisine les 97 %.

Les deux amies croient malgré tout que le jeu en vaut la chandelle. «C’est ce que je bois, assure Anne Barrette, même si elle avoue ne pas être une grande buveuse de lait. Mais pour cuisiner, ça fait une différence. À la place de prendre de la crème 15%, je mets du lait il sort à 4,2% de matières grasses. C’est du bon lait!» 

 
Annick Gauthier, qui a remporté le certificat Or Lait’xcellent Bio 2022 décerné par les Producteurs de lait du Québec, est fière de pouvoir enfin offrir ce produit d’exception à toute la population. « J’ai toujours dit que la journée où je vais pouvoir voir sur la tablette le produit de tous mes efforts, ça va être ma paie. Parce que la paie, c’est de faire profiter quelqu’un d’autre du travail sain que tu as fait au cours de toutes ces années », conclut-elle, précisant que c’est depuis toujours lait entier à volonté chez les Gauthier!

Annick Gauthier est fière d'offrir à la population de l'Abitibi-Témiscamingue le tout premier lait biologique produit dans la région. 
Annick Gauthier est fière d'offrir à la population de l'Abitibi-Témiscamingue le tout premier lait biologique produit dans la région.  ©Émilie Parent-Bouchard

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