Le robot qui digère les déchets alimentaires

Machine à compost
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© Halfpoint / Envato
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L’immense majorité des déchets organiques des restaurants, des cuisines collectives et des épiceries finit encore à l’enfouissement. Une entreprise de Québec a mis au point une machine gourmande pour les recycler en compost ou en gaz naturel.

Des sacs-poubelle, « j’en ai vu en masse et j’en ai transporté en maudit à mes débuts dans la restauration », se souvient sans aucune nostalgie le chef copropriétaire du Brasier 1908, à Trois-Rivières, Pierre-Jean Beaudoin. Dans la cuisine de son propre restaurant, il n’y en a quasiment plus grâce au robot broyeur créé par Solucycle.

Tous les déchets alimentaires produits avant le service — pelures de fruits et de légumes, coquilles d’œufs, résidus de sauce, etc. — et tous les restants d’assiettes finissent dans une machine de la taille d’un petit frigo. Le robot en question est relié par un boyau à un réservoir hermétique que le jeune restaurateur partage avec la cuisine du Centre d’événements et de congrès interactifs, situé à quelques pas de là. Dès qu’il est rempli à 80 %, une sonde envoie un signal et hop, un camion vient le vider.

« Pour nous, c’est un no brainer, témoigne le chef âgé de 33 ans. On a juste à s’assurer de bien trier en amont ce qui va au compost et ce qui n’y va pas. Ensuite, c’est eux qui gèrent tout. » « Eux », c’est Solucycle, une PME fondée à Québec en 2016 par Mathieu et Steve Linteau, deux cousins anciennement promoteurs immobiliers. Au départ, ils cherchaient à réduire l’espace consacré aux bacs à déchets dans les immeubles à logements.

Pierre-Jean Beaudoin et son robot Solucycle
Pierre-Jean Beaudoin utilise le robot Solucycle dans son restaurant à Trois-Rivières. © Courtoise Pierre-Jean Beaudoin

Leur système breveté de gestion des résidus alimentaires équipe aujourd’hui près d’une cinquantaine de cuisines à travers la province, comme celles du magasin Ikea de Sainte-Foy, du Club Med de Charlevoix, du restaurant Keg de la Place Ville-Marie, à Montréal, ou encore de l’aire de restauration du centre commercial Fairview Pointe-Claire.

Un robot qui mange presque tout

Pour les cafés et les « petits » restos, les déchets alimentaires ne constituent pas vraiment un problème, car ils sont généralement récupérés par les collectes municipales. « Mais quand tu sers quelques centaines de repas par jour, ça peut vite devenir problématique », signale le vice-président de Solucycle, Yvan Lapointe, en indiquant que les restaurateurs doivent alors faire affaire avec un récupérateur privé et trouver de la place pour aligner suffisamment de bacs entre deux ramassages. « Sans parler du temps passé par le personnel à transporter des sacs ou à pousser des bacs. Nous, on arrive avec une solution clé en main. »

Combien ça coûte?

La machine vaut 65 000$ et, selon Solucycle, l’acheteur peut rembourser son investissement entre 18 à 24 mois, en fonction du volume des déchets avalés par son robot.

 

Dans la gueule du robot broyeur de Solucycle, on peut mettre 95 % des déchets générés dans une cuisine commerciale. Seuls les coquilles d’huîtres, les os de plus de 10 cm et les ligaments n’y vont pas, car ils ne peuvent pas être déchiquetés par la machine qui accepte en revanche les minces serviettes en papier. Une fois broyée, la matière est poussée dans le réservoir qu’un camion aspirateur — du même type que ceux pour la vidange des fosses septiques — vient vider à la demande tous les 14 à 18 jours environ, contre deux à quatre levées par semaine pour les collectes municipales ou les récupérateurs privés. « On réduit ainsi l’impact carbone des camions qui roulent au diesel », souligne Yvan Lapointe.

Des résidus bien moins chers à recycler

La matière organique acheminée par Solucyle dans les centres de compostage ou les usines de biométhanisation est « pure à 99 % », affirme Yvan Lapointe, en indiquant que le taux de contamination dans les bacs bruns des particuliers se situe entre 15 % et 40 %. « Notre seul contaminant, ce sont les petites étiquettes sur les fruits et les légumes », précise-t-il. Étant donné leur qualité, les déchets alimentaires de Solucycle coûtent 60 % moins cher à recycler. « À l’usine de biométhanisation de Saint-Hyacinthe, la tonne nous est facturée 18 $, alors que le recyclage d’une tonne pêle-mêle (provenant de bacs bruns) coûte 45 $. »

Au service du climat et du recrutement

La collecte des matières organiques dans les épiceries et les restaurants demeure encore peu répandue au Québec. Le taux de recyclage dans les industries, commerces et institutions (ICI) ne dépasse pas 5 % (excluant les déchets de l’industrie agroalimentaire), selon un rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement. Résultat : quelque 968 000 tonnes de déchets organiques produits par les ICI finissent à l’enfouissement chaque année.

Sans l’apport de Solucycle, ce chiffre pourrait être encore plus gros. L’entreprise ramasse annuellement 5000 tonnes de résidus alimentaires, ce qui la place en position de tête en matière de lutte aux changements climatiques. Ses camions aspirateurs vont livrer leur précieuse marchandise dans un centre de compostage ou dans l’une des quatre usines de biométhanisation de la province, où les déchets alimentaires sont transformés en gaz naturel.

J’ai investi dans le robot Solucycle par conscience écologique, afin de minimiser l’impact de mes poubelles, car on ne peut plus continuer comme avant : il faut trouver des solutions.Pierre-Jean Beaudoin, chef copropriétaire du Brasier 1908, à Trois-Rivières

Solucycle estime que chacun de ses robots — qui « détourne de l’enfouissement 150 tonnes de déchets alimentaires par année en moyenne », selon Yvan Lapointe — permet de sauver jusqu’à 450 tonnes de gaz à effet de serre par an. Un argument auquel Pierre-Jean Beaudoin a été sensible : « J’ai investi dans le robot Solucycle par conscience écologique, afin de minimiser l’impact de mes poubelles, car on ne peut plus continuer comme avant : il faut trouver des solutions. »

Ce choix a été bénéfique avant même l’ouverture du resto-bar Le Brasier 1908. Dans un secteur où le recrutement de personnel est un défi perpétuel, « des jeunes et des étudiants sont venus postuler dans notre établissement parce qu’ils ont la même conscience écologique que nous ».

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