Changer les choses, un parc à la fois

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© Sarah-Christine Bourihane
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Entre la préparation du souper des petits et les cours qu’elle donne au cégep en philosophie, Vicki Plourde garde une case à l’horaire pour la mobilisation citoyenne. Récit de sa plus récente victoire : la transformation d’un stationnement en parc au cœur du quartier Saint-Roch à Québec.

« Il n’y a pas d’endroit où les enfants peuvent se rendre à pied pour jouer. Les parcs sont tous situés à l’extérieur du quartier. » Mère de deux enfants, Vicki Plourde se désole du manque d’ilots de verdure dans son quartier. Et pour cause : entre les stationnements, les boulevards et les immeubles, on ne compte qu’un maigre 12 % de couverture forestière. Installée chez elle, au sous-sol, je l’écoute me raconter comment elle a convaincu la ville d’acheter un stationnement dans l’objectif d’y aménager un espace vert.

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Vicki Plourde a convaincu la ville de Québec d’acheter un stationnement dans l’objectif d’y aménager un espace vert. ©Sarah-Christine Bourihane

Quand elle emménage dans Saint-Roch en 2015, la ville est en consultation pour un Programme particulier d’urbanisme (PPU). C’est le moment où les organismes et les particuliers peuvent exprimer leur avis sur l’orientation du développement urbain du quartier. Vicki ne laisse pas passer cette opportunité. « Quand je peux, j’assiste aux consultations publiques. Si personne ne le fait, les changements ne se feront pas. »

À la première occasion, elle se saisit du micro, un bébé dans les bras. Elle plaide pour plus de verdure, de mixité sociale et de services de proximité. Derrière elle, un promoteur immobilier attend son tour pour s’exprimer.

Julie Lemieux, conseillère du maire Labeaume, écoute son témoignage avec attention, puis lui lance : « Si vous voyez des endroits propices à la création de parcs de proximité, écrivez-moi. » Disons que ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde…

En regardant les codes postaux des gens, on a réalisé qu’on était tous dans le même périmètre. De petites familles avec un désir comme le nôtre, il y en a plus qu’on le pense.
Annie Mathieu, une voisine de Vicki Plourde

Un parc pour la proximité

Dans son quartier, Vicki ne passe pas inaperçue. Qu’elle soit en train de planter des érables clandestinement avec des voisins ou de rendre une rue festive pour la Saint-Jean-Baptiste, elle ne perd jamais de vue son objectif. « On a délaissé nos quartiers. Ça désolidarise quand tu ne connais pas tes voisins. »

Quand elle apprend que le stationnement de vingt places attenant à son domicile est à vendre, elle y voit une occasion en or pour créer « un espace mixte, autant pour les familles que les gens démunis ».

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Vicki Plourde, mère de deux enfants, a emménagé dans Saint-Roch en 2015. © Sarah-Christine Bourihane

« J’étais vraiment excitée. Ça correspondait à tous les critères du PPU. La ville avait comme objectif de saisir les opportunités d’acquérir de petits parcs de proximité adaptés aux 0 à 5 ans. J’ai rassemblé mes arguments dans un document Word, et j’en ai parlé à des gens. »

Conquise, sa voisine, Annie Mathieu, embarque dans le projet, suivie par des organismes du quartier et une foule de résidents. « On a fait signer une pétition, et on a récolté 500 noms. En regardant les codes postaux des gens, on a réalisé qu’on était tous dans le même périmètre. De petites familles avec un désir comme le nôtre, il y en a plus qu’on le pense », me raconte Annie Mathieu.

Si l’enthousiasme semble général, quelques personnes, déçues par l’échec de luttes antérieures, essaient néanmoins de décourager Vicki, mais cette dernière ne se laisse pas abattre. Elle envoie sa demande au conseiller municipal Pierre-Luc Lachance. La ville doit analyser le dossier. Il suffit maintenant d’attendre. « J’étais assez surprise. J’avais créé un groupe Facebook, et j’étais prête à faire des sorties dans les médias. »

Des climatiseurs naturels

En plus d’être de véritables puits de carbone, les arbres agissent comme des climatiseurs. On dit même qu’un arbre mature équivaut à cinq climatiseurs! L’arbre utilise la chaleur ambiante pour transformer l’eau en vapeur et donc… transpirer! C’est cette transpiration qui permet de rafraichir l’air ambiant. Cependant, pour vraiment profiter de ce phénomène, on doit atteindre au moins 40 % de couvert forestier, aussi appelé canopée.

Avec Laura Chouinard Thuly, recherchiste scientifique

Rêver, les deux pieds dans la terre

En attendant le verdict, les citoyens ne manquent pas d’idées. On parle d’agriculture urbaine, de four à pain traditionnel, de parcours d’hébertisme, de balançoires de jardin. La résidente de Saint-Roch ne veut pas d’un parc « avec un gros trottoir dans le milieu, deux bancs de chaque côté et trois arbres. T’as pas envie de t’asseoir là! », me lance-t-elle en riant.

Elle rallie à sa cause Simon Parent, un citoyen engagé formé en architecture et en design urbain. Elle lui demande d’illustrer ce que pourrait devenir le stationnement. Il imagine un parc agricole. En pleine pandémie, la question de l’autosuffisance alimentaire est au goût du jour. Ce thème l’inspire. « Je suis très sensible aux enjeux de sécurité alimentaire. Ça semble essentiel dans les années à venir qu’il y ait plus de lieux de production agricole dans les milieux urbanisés », explique-t-il.

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Dans l'ancien stationnement, Simon Parent imagine un parc agricole. © Illustration Simon Parent

Coup de théâtre

Six mois après l’envoi du dossier, Vicki entend cogner à sa porte alors qu’elle est en pleine rencontre virtuelle. D’abord agacée, elle retrouve le sourire lorsqu’elle aperçoit le maire Labeaume et son conseiller Pierre-Luc Lachance sur son perron. « C’est vous qui avez demandé qu’on achète un parc? On l’a acheté. Maintenant, c’est votre parc. » L’établissement du budget et la consultation des citoyens relativement à l’aménagement de l’espace font partie des étapes à venir.

À ce moment, le petit Gustave descend au sous-sol, interrompant l’entrevue. « Moi, je veux qu’il y ait une grande montagne verte dans le parc! », affirme le garçon de cinq ans.

Un projet qui a de quoi faire rêver les grands, comme les petits.

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