Des projets climatosympathiques voient le jour dans la capitale régionale de la Mauricie grâce à un fonds unique en son genre.
C’est le coup de feu dans le sous-sol du pavillon des sciences du Cégep de Trois-Rivières. En ce jeudi après-midi de la fin novembre, l’atelier communautaire de La Cyclerie est en effet pris d’assaut. D’un côté, une femme aux cheveux poivre et sel hivernise sa bicyclette en la chaussant de pneus conçus pour la neige, le froid et la glace. De l’autre, un valeureux retire de sa monture des produits abrasifs qui s’y sont collés et les dépose dans un bassin prévu à cet effet. L’air de rien, tout ce beau monde fomente une révolution des transports actifs : la vélorution!
« La part modale du vélo à Trois-Rivières est anémique [0,5 % en 2011]. Pourtant, il y a un réel potentiel de croissance pour ce mode de transport; près de la moitié des Trifluviens vivent à moins de 5 km de leur lieu de travail », affirme Claude Ferron, co-coordonnateur et fondateur de La Cyclerie. Lancé en mars 2022, cet organisme à but non lucratif multiplie depuis les initiatives novatrices. Collecte et reconditionnement de vélos, formations diverses en mécanique, essais libres d’un vélo-cargo familial… Pensez-y, et La Cyclerie l’a sûrement fait!
Éclore est un outil dont s’est dotée la Ville de Trois-Rivières pour mettre en action sa politique de développement durable. Comme nous sommes un organisme paramunicipal, sa gestion est donc apolitique.
Bras armé
Mener à bien tous ces projets nécessite bien sûr des fonds considérables. À ce chapitre, La Cyclerie jouit d’une position privilégiée : elle est dans les bonnes grâces d’Éclore, de qui elle a reçu plusieurs dizaines de milliers de dollars depuis près de deux ans. Administré par la Fondation Trois-Rivières durable, Éclore est le premier fonds québécois entièrement consacré à la protection de l’environnement à l’échelle locale. Sa mission : soutenir des projets environnementaux imaginés par et pour la communauté de la capitale régionale de la Mauricie.
« Éclore est un outil dont s’est dotée la Ville de Trois-Rivières pour mettre en action sa politique de développement durable. Comme nous sommes un organisme paramunicipal, sa gestion est donc apolitique », indique Émilie Joly, chargée de programmes à la Fondation Trois-Rivières durable. Fait intéressant : Éclore tire une partie de son financement des excédents annuels du budget municipal. Ce mécanisme a permis des investissements de plus de 1,3 million de dollars depuis 2020.
Éclore vise la réduction des émissions collectives de gaz à effet de serre (GES), la conservation et la mise en valeur des milieux naturels ainsi que le soutien au développement d’une économie durable. Les divers projets subventionnés au fil du temps cochent l’une ou l’autre de ces cases. Et ça marche! « Juste en 2022, Éclore a permis de protéger près de 33 hectares de milieux naturels et d’éviter l’enfouissement de 14 tonnes de déchets », illustre Émilie Joly. En tout, l’organisme a appuyé 16 projets cette année-là. Et 915 citoyens et citoyennes se sont impliqués.
Lire aussi : Il n’y a pas d’âge pour apprendre le vélo
Du pain sur la planche
Le volet le plus ambitieux d’Éclore demeure néanmoins son marché volontaire du carbone. « Nous voulons inciter les Trifluviens à réaliser des projets de réduction et de captation de GES. Ces derniers généreront des crédits carbone certifiés, disponibles à l’achat par d’autres entités qui veulent compenser leurs propres émissions de GES », résume Émilie Joly. Si quelques entreprises et organisations de la région ont signé un formulaire d’adhésion au programme, aucune n’a encore produit de tels droits d’émissions. « Le faire connaître est notre prochain grand chantier », convient-elle.
Chose certaine, avec Éclore, Trois-Rivières fait preuve d’une ferme volonté d’être à la hauteur de ses ambitions climatiques. Au grand bonheur de la communauté cycliste locale, qui se réunira d’ailleurs à la fin juin prochain pour une fête de vélo familiale sur l’île Saint-Quentin. L’événement sera organisé, comme il se doit, par La Cyclerie. « Nous mettons vraiment les gens en action vers d’autres modes de transport que l’auto solo, croit Claude Ferron. Chaque dollar investi dans ce genre de projet fait une réelle différence dans la vie de mes concitoyens. »