Selon Ghislain Lejeune, la moto électrique est la monture idéale pour dévorer de l’asphalte sur de longue distance. Rencontre avec un passionné de l’électromobilité.
Avec son autonomie de 235 km en ville et de 160 km sur l’autoroute, la motocyclette LiveWire, de l’emblématique marque américaine Harley-Davidson, n’est pas tout à fait taillée pour les longues distances. Pourtant, c’est le véhicule de prédilection pour un road trip, soutient fermement Ghislain Lejeune, motocycliste devant l’éternel.
« Pas de vapeur d’essence, pas de bruit, pas de chaleur, pas de changement de vitesse à faire et une accélération beaucoup plus rapide (de 0 à 100 km/h en trois petites secondes) qu’avec un moteur à essence : la moto électrique, c’est le bonheur suprême sur la route. Qui plus est, on ressent beaucoup moins la fatigue sur une monture électrique que sur une moto pétaradante en raison de l’absence de vibration du moteur », affirme le quinquagénaire qui enfourche des motos depuis l’âge de 16 ans.
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Ghislain Lejeune a acquis sa première moto 100 % électrique au printemps 2021, une Harley-Davidson, bien qu’il ne soit pas un inconditionnel de la marque de Milwaukee. Ce qu’il aime avant tout, c’est l’absence du pot d’échappement. Depuis, il roule, il roule et il roule, testant à tout vent son nouvel engin.
Seulement quelques semaines après l’avoir acquise, il a voyagé de La Prairie, son lieu de résidence, jusqu’au terminus de la route 138 à Kegaska, sur la Côte-Nord, un aller-retour de 2600 km. Les paysages maritimes de la Côte-Nord l’ont autant émerveillé que les performances de sa moto tout électrique. En mai dernier, il a fait une boucle La Prairie, mont Washington, Boston et Lake Placid en quatre jours, ajoutant 1500 bornes à son odomètre, conquérant au passage le mont Whiteface (1500 m d’altitude) au guidon de sa Harley-Davidson. « Mis à part le New Hampshire, les autres États américains que j’ai traversés sont déjà très bien pourvus en infrastructures de recharge », raconte-t-il, tout en vantant la qualité des routes de campagne au sud de la frontière.
Comme un jeu
Comment parvient-il à combiner longue distance et autonomie limitée (160 km approximativement sur des routes de campagne, selon son expérience terrain)? La stratégie de cet aventurier sur deux roues est simple comme bonjour : il coordonne ses pauses dégourdissement/repas avec les recharges. « Je regagne 80 % de mon autonomie en 25 minutes sur une borne de recharge rapide (de niveau 3). Je commence à peine mon déjeuner que déjà le réservoir d’énergie de ma moto déborde », soutient ce passionné d’électrification des transports, qui possède également une voiture électrique toute neuve, une Polestar, pour les curieux.
Pour les gens qui pensent que les recharges récurrentes constituent un désavantage par rapport aux moteurs thermiques, Ghislain Lejeune pense tout à fait le contraire. « En réalité, la planification de l’itinéraire et des recharges font partie du plaisir des sorties en moto. C’est comme un jeu », dit cet ingénieur en télécommunication.
J’arrive à suivre mes amis sans problème. Notre groupe se tape des journées de 450 km et je recharge pendant nos arrêts. Ils ne remarquent même pas de différence, mis à part que les arrêts se font uniquement où il y a des bornes de recharge.
Outre son plaisir incommensurable de la conduite électrique, Ghislain Lejeune a pris le virage électrique pour des raisons écologiques. « Je crois fermement à l’importance de l’électrification des transports. En 2016, j’ai vendu ma dernière moto à essence, car je trouvais absurde de polluer dans le cadre d’un loisir », soutient ce télétravailleur. Ghislain Lejeune a aussi converti tous ses appareils de jardinage à l’électrique.
Convaincant, le monsieur
L’enthousiasme de cet « électromotocycliste » est contagieux. « Sur la vingtaine de LiveWire immatriculées au Québec, j’ai participé à la vente d’une demi-douzaine d’entre elles », dit-il. À preuve, son concessionnaire lui a même donné un veston de cuir pour le remercier de son travail d’entremetteur!
Sur les réseaux sociaux, les amateurs de moto électrique se font souvent passer un savon par des internautes qui pensent que ces engins n’ont pas d’avenir en raison de leur absence de bruit, si cher dans l’esprit des motocyclistes, et leur faible autonomie. Mais sur le plancher des vaches, la réception est tout autre.
Pendant l’entrevue avec Ghislain Lejeune dans le Vieux-Montréal, en compagnie de son ami Jean-François Bienvenue, autre inconditionnel de la moto électrique, des passants nous interrompaient constamment pour poser des questions sur les bolides électriques. « Les modèles électrifiés sont victimes de préjugés, mais quand les gens les voient et les mettent à l’essai, ils changent rapidement de perspective », constate Jean-François Bienvenue, nouvellement propriétaire d’un bolide Energica, un constructeur italien de motos électriques haut de gamme.
Visiblement, le virage électrique crée un intérêt pour ces motos du 21e siècle. Reste maintenant à convaincre les sceptiques, une mission taillée sur mesure pour Ghislain Lejeune.
Le nombre de motos électriques en hausse depuis 2019
En date du 31 décembre 2021, on comptait 151 motos électriques immatriculées au Québec, sur un total de 203 881 motos (0,07 %). Le nombre de motos électriques a augmenté de 45 % depuis 2019.
Source : SAAQ