Alex à Gatineau — Du béton à la forêt

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Le parc de la Gatineau s'étend sur plus de 361 kilomètres carrés. @Shutterstock/RStpierr
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SUR LA ROUTE 2/3 — Après la ville et ses casse-têtes climatiques, un détour par le parc de la Gatineau s’impose. Quelques virages plus tard, l’asphalte cède la place aux arbres et, déjà, la tension retombe. Ici, à quelques kilomètres du centre-ville de Gatineau, commence un tout autre monde : celui de la forêt.

Ce texte s’inscrit dans une série consacrée à Gatineau. À travers ce dossier, je rencontre celles et ceux qui façonnent le territoire : élue, citoyen engagé et gardiens de la nature. 

Ce deuxième volet nous emmène dans le parc de la Gatineau, un joyau vert et une composante essentielle de l’identité régionale. Ce territoire unique est non seulement un refuge pour la biodiversité, mais aussi un outil de résilience climatique pour toute la région. 

Le parc, c’est 361 km² de forêts, lacs et collines. Un terrain de jeu pour des milliers d’adeptes de randonnée, de cyclisme et de ski de fond. On peut y observer une cinquantaine d’essences d’arbres, plus de 1000 variétés de plantes, des dizaines d’espèces de mammifères et plus de 200 sortes d’oiseaux.  

En tendant l’oreille, on peut entendre le pic flamboyant, le geai bleu ou encore le troglodyte des forêts. Un véritable paradis pour les ornithologues.  

Cependant, ce territoire est fragile, puisqu’il n’a pas le statut de parc national. Sa gestion relève plutôt de la Commission de la capitale nationale (CCN), un organisme fédéral, certes, mais qui ne lui offre qu’une protection incomplète, ce qui le rend plus vulnérable que d’autres parcs du pays. 

Cette absence de statut clair fait en sorte que les règles d’aménagement y sont plus souples. Certaines portions du territoire peuvent être soumises à des pressions de développement récréatif, voire immobilier. 

Une voix pour la protection légale du parc de la Gatineau 

Depuis 2021, la députée de Pontiac, Sophie Chatel, milite pour accorder un vrai statut légal au parc. Avec la sénatrice Rosa Galvez, elle a rédigé un projet de loi visant à intégrer le parc dans la Loi sur la capitale nationale 

Cette loi encadre l’aménagement du territoire de la région de la capitale fédérale. S’il obtenait un statut légal, le parc de la Gatineau ne se transformerait pas en parc national au sens de Parcs Canada, mais cela lui conférerait une reconnaissance juridique renforcée. 

L’objectif : mieux définir les limites du territoire, renforcer les mécanismes de protection environnementale et inclure les Premières Nations dans la gouvernance. 

Pression humaine, écosystèmes sous tension 

Pour mieux comprendre tout ça, j’ai marché et discuté avec Jean-François Gobeil, biologiste principal du parc. 

« Ici, on a des espèces qu’on ne trouve nulle part ailleurs en Outaouais. Des plantes rares et des salamandres sensibles, par exemple. Mais la pression humaine sur la faune et la flore est réelle », observe-t-il. 

Il s’arrête : « Là, c’est une paruline à croupion jaune… et plus loin, un viréo aux yeux rouges. » Les oiseaux, explique-t-il, sont des indicateurs fiables de l’état du milieu. 

« La popularité du parc a explosé pendant la pandémie et n’est pas retombée depuis. On voit parfois 4000 voitures par jour sur le chemin du Lac-Meech. Ce n’est pas rien », indique-t-il. 

Il faut aussi dire que l’accès au parc est gratuit; un couteau à double tranchant. Oui, cela lui permet d’être accessible à tous et toutes sans discrimination économique, mais il peut aussi être rapidement surfréquenté dans les périodes de pointe, comme l’été.  

« Les gens sortent parfois des sentiers, piétinent des plantes, déplacent des espèces envahissantes sans le savoir. Les chiens, permis dans certains secteurs, ajoutent eux aussi à la pression sur l’écosystème », ajoute Jean-François.  

Jean-François Gobeil, biologiste au parc de la Gatineau @Alexandre Couture

Pour remédier à ces divers problèmes, la Commission a mis en œuvre plusieurs mesures ces dernières années : restauration des milieux humides autour du lac Pink, fermeture de sentiers informels, plantation d’espèces indigènes, protection de la tortue des bois, etc. 

« On a également mis en place des suivis écologiques de la flore printanière, comme les trilles, et plusieurs projets de recherche sur les amphibiens et les reptiles », expose-t-il. « C’est du long terme, mais ça fait la différence. » 

Le biologiste souligne en outre les efforts de remise en état des friches envahies par des espèces exotiques, le suivi de la qualité de l’eau des lacs et la mise en valeur des corridors écologiques pour faciliter les déplacements de la faune. 

« Le parc n’est pas un musée. Il faut que les gens s’en sentent proches. Mais il faut aussi les accompagner », rappelle-t-il. 

Jean-François Gobeil me présente l'un de ses projets de conservation dans le parc @Alexandre Couture

Ici, on a des espèces qu’on ne trouve nulle part ailleurs en Outaouais. Des plantes rares et des salamandres sensibles, par exemple. Mais la pression humaine sur la faune et la flore est réelle », observe-t-il.Jean-François Gobeil, biologiste au parc de la Gatineau

D’autres dossiers régionaux pour voyager au Québec 

L’humain au cœur de la conservation 

C’est ici qu’intervient Rachel Paquette, agente de programme en interprétation de la nature depuis maintenant 18 ans. Elle partage la vision de Jean-François Gobeil : « Le parc, dit-elle, ce n’est pas juste un beau décor. C’est un milieu de vie. Il faut le connaître pour le protéger. » 

Rachel pilote un programme d’immersion hivernale pour les nouveaux arrivants. En ski ou en raquettes, les participants et participantes découvrent l’hiver autrement. « Certains n’ont jamais vu autant de neige. Ils arrivent craintifs, mais repartent avec le sourire », raconte-t-elle. Elle se souvient par exemple de cette dame qui lui a dit que c’était la première fois depuis son arrivée qu’elle se sentait vraiment au Québec.  

L’Outaouaise, qui a « grandi dans le parc », anime aussi de nombreuses activités avec des groupes scolaires, du primaire jusqu’au cégep. La forêt devient alors un lieu d’apprentissage sensoriel et concret, loin des salles de classe. 

« Quand on leur demande ce qu’ils ont préféré, ils disent presque toujours : juste être dans le bois. Ils aiment sentir les odeurs, entendre les oiseaux, marcher dans les sentiers », énumère-t-elle fièrement.  

Les activités hivernales sont particulièrement populaires @Courtoisie CCN

Un poumon pour la région 

Jean-François et Rachel, chacun à leur manière, cultivent ce lien vital avec le territoire. L’un veille à sa santé, l’autre à sa relation avec les humains. Leur travail complémentaire illustre comment la science et l’éducation peuvent, ensemble, nourrir un profond respect du vivant. 

Avant de les quitter, je remarque le flot constant de visiteurs et visiteuses, alors que nous sommes au milieu de la semaine, au tout début du mois de mai : familles, couples, personnes âgées. 

Le parc de la Gatineau, au-delà de sa beauté, joue un rôle crucial pour l’Outaouais. Éducation, bien-être, accès équitable à la nature. Il est un « poumon vert » pour les populations avoisinantes et un symbole de résilience pour une région trop souvent dans l’ombre. 

Et maintenant, cap vers Hull pour rencontrer un citoyen bien connu dans le coin, qui m’intrigue depuis belle lurette. Un homme qui, depuis 40 ans, veille sur la transparence et le bon fonctionnement des rouages du système démocratique de Gatineau. 

POUR LIRE LA PARTIE 3

40 ans d’activisme

À Gatineau, le militant Bill Clennett refuse de rester silencieux face à l’inaction. Fidèle à ses valeurs, il dénonce les injustices sociales et environnementales avec une ténacité rare. Rencontre avec un homme qui croit encore à la politique… à condition qu’on l’écoute vraiment.

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