Alex à Gatineau — Bill Clennett, le citoyen qui veille au grain

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Bill Clennett, militant engagé pour l'environnement @Alexandre Couture
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Retombées positives générales

SUR LA ROUTE 3/3 — Avant de quitter la région de Gatineau, je voulais rencontrer un personnage qui m’intrigue depuis longtemps. Bill Clennett, un militant emblématique de la région qui s’est fait connaître dans tout le pays après un incident survenu avec Jean Chrétien dans les années 1990.

Ce portrait s’inscrit dans une série de rencontres menées à travers la ville : tout a commencé avec la mairesse Maude Marquis-Bissonnette et s’est poursuivi avec les gardiens de la forêt du parc de la Gatineau. 

Il me semblait naturel de conclure ce périple par un échange avec celui qu’on pourrait qualifier de « chien de garde citoyen ». Loin de la caricature de l’activiste bruyant, Bill Clennett défend une vision lucide et engagée de la démocratie, de l’environnement et de la justice sociale. 

Nous avons rendez-vous au centre commercial Les Galeries de Hull, un lieu à son image : sans prétention et toujours bien occupé. Je le vois arriver au loin avec son cartable rempli de documents, son ordinateur portable et un chandail aux couleurs de la Palestine.  

À peine assis, Bill Clennett se lance déjà dans des explications sur le Plan climat, les politiques de zonage et les règlements municipaux. Je l’arrête poliment pour le questionner sur son enfance. Il m’explique que son militantisme remonte à l’adolescence, lorsqu’un déménagement forcé en banlieue l’arrache à son quartier montréalais de Notre-Dame-de-Grâce.

« J’ai littéralement cultivé une haine de la banlieue. Ce n’était pas rationnel, mais viscéral », confie-t-il avec un accent qui rappelle ses racines anglophones. 

Une colère fondatrice qui s’est transformée, au fil des ans, en engagement social profond. D’abord auprès des personnes en situation de handicap, puis dans les luttes pour l’accès au logement, pour la protection de l’environnement et contre la pauvreté.  

@Courtoisie Bill Clennett

Transparence et cohérence 

Installé depuis les années 1980 en Outaouais, Bill Clennett n’a jamais cessé de remettre en question les décisions des personnes élues. Il n’hésite pas à fouiller, à contester et à faire appel à la Loi sur l’accès à l’information lorsque nécessaire. « Je ne suis pas anarchiste. Je crois à la politique, mais pas à elle seule. Il faut une symbiose entre l’action dans la rue et le travail dans les institutions », dit-il. 

Cette foi en la démocratie l’a même mené à se présenter sous la bannière de Québec solidaire de 2007 à 2012. Bien qu’il ait depuis pris ses distances avec le parti, il croit encore que le système politique peut produire du changement; à condition d’être constamment surveillé. 

Bill Clennett incarne cette vigilance citoyenne. Pour lui, les plans d’urbanisme, les consultations publiques, les taxes sur les stationnements ou les règlements de zonage sont autant de terrains de lutte. 

« Si on veut obtenir des gains pour l’environnement ou pour les plus vulnérables, ça passe d’abord par plus de transparence », affirme-t-il.

@Courtoisie Bill Clennett

Le fameux « Shawinigan Handshake » 

Le 15 février 1996, lors d’une manifestation contre les compressions à l’assurance emploi, Bill Clennett est agrippé violemment au cou par le premier ministre Jean Chrétien devant les caméras. Ce geste, vite surnommé le « Shawinigan Handshake », fait le tour du monde. 

Si l’incident propulse Clennett à l’avant-scène, l’homme affirme que cela n’a pas changé grand-chose à sa vie : « Les gens me reconnaissaient déjà pour mes luttes sociales », souligne-t-il. Pour lui, l’enjeu central de cette journée n’était pas l’agression, mais bien la défense des droits sociaux. 

@Global News-Archives PC/Phil Nolan

L’urbanisme comme champ de bataille 

Parmi ses engagements des dernières années : les consultations réalisées autour du Plan climat de Gatineau, qui n’ont, selon lui, pas laissé la place à un véritable débat public. 

Le septuagénaire s’insurge aussi contre certaines décisions municipales en matière de stationnements, jugeant par exemple incohérent de taxer certains grands espaces asphaltés tout en continuant à en exploiter d’autres à des fins commerciales. 

Pour lui, ces contradictions reflètent une vision encore trop centrée sur l’auto solo, alors même que l’urgence climatique appelle à revoir nos manières de nous déplacer. En Outaouais comme ailleurs au Québec, la voiture reste reine : plus de 80 % des déplacements domicile-travail se font toujours en automobile, selon Statistique Canada. 

Le Gatinois plaide par ailleurs pour une révision en profondeur des politiques d’urbanisme, afin de freiner l’étalement, d’investir davantage dans le transport collectif et de limiter l’emprise du béton sur le territoire.  

« Tant que tu offres des stationnements, tu fais partie du problème », laisse-t-il tomber, un peu agacé. 

« Je me lève chaque matin avec de la colère en dedans, mais aussi avec la volonté de faire quelque chose pour les prochaines générations.»Bill Clennett

@Courtoisie Bill Clennett

Un grand-père inquiet avant tout 

Toutes les personnes rencontrées au fil de ce dossier connaissaient Bill Clennett de près ou de loin. Son nom évoquait systématiquement des réactions : un haussement de sourcils, un demi-sourire, une anecdote. 

Le timbre de voix changeait à chaque occasion, signe qu’il laisse rarement indifférent. À l’hôtel de ville, pendant les conseils municipaux, certains grimacent lorsqu’il prend la parole. Il dérange, mais il ne s’en soucie guère. « Je ne suis pas là pour me faire des amis », dit-il, sans amertume. 

Derrière les règlements municipaux et les photocopies de documents administratifs, il y a un homme de famille. Bill Clennett parle de ses dix petits-enfants avec tendresse, mais aussi avec une inquiétude évidente. Ce sont eux, dit-il, qui donnent un sens à son combat quotidien. 

« Je me lève chaque matin avec de la colère en dedans, mais aussi avec la volonté de faire quelque chose pour les prochaines générations », explique-t-il. 

En quittant les Galeries de Hull, je repars avec le sentiment d’avoir rencontré un gardien. Pas celui des forêts, comme dans le parc de la Gatineau, mais un gardien de la mémoire civique, du droit à la parole, du souci de justice. Une figure à part, essentielle à l’écosystème démocratique de l’Outaouais. 

POUR LIRE LA PARTIE 1

Une ville, mille engagements

Cette rencontre avec Bill Clennett fait partie d’un voyage à la découverte de celles et ceux qui façonnent la région. Ce parcours a commencé par un entretien avec la mairesse de Gatineau, Maude Marquis-Bissonnette, et s’est poursuivi dans les sentiers du parc de la Gatineau. À travers ces récits: une même volonté de comprendre les enjeux du territoire… et les gens qui s’y dévouent. 

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