Marion Thénault, la skieuse acrobaclimatique

Marion Thénault ©Andrey Kulagin
array(26) { ["ID"]=> int(59549) ["post_author"]=> string(3) "118" ["post_date"]=> string(19) "2023-02-08 06:07:49" ["post_date_gmt"]=> string(19) "2023-02-08 11:07:49" ["post_content"]=> string(0) "" ["post_title"]=> string(45) "Marion Thénault, la skieuse acrobaclimatique" ["post_excerpt"]=> string(327) "De la Finlande à la Chine, la skieuse Marion Thénault voyage à travers le monde pour son sport. Même si ce style de vie relève du rêve pour plusieurs, il vient également avec un poids environnemental important. Bien consciente de ce fait, l’athlète olympique a choisi son camp : elle veut faire partie de la solution." ["post_status"]=> string(7) "publish" ["comment_status"]=> string(6) "closed" ["ping_status"]=> string(6) "closed" ["post_password"]=> string(0) "" ["post_name"]=> string(53) "marion-thenault-skieuse-acrobatique-empreinte-carbone" ["to_ping"]=> string(0) "" ["pinged"]=> string(0) "" ["post_modified"]=> string(19) "2023-02-08 10:57:07" ["post_modified_gmt"]=> string(19) "2023-02-08 15:57:07" ["post_content_filtered"]=> string(0) "" ["post_parent"]=> int(0) ["guid"]=> string(30) "https://unpointcinq.ca/?p=59549" ["menu_order"]=> int(0) ["post_type"]=> string(4) "post" ["post_mime_type"]=> string(0) "" ["comment_count"]=> string(1) "0" ["filter"]=> string(3) "raw" ["header"]=> string(4) "blog" ["displayCategories"]=> bool(true) }
Marion Thénault ©Andrey Kulagin
Created with Lunacy 4 min

08 février 2023 - Alexandre Couture, Journaliste

De la Finlande à la Chine, la skieuse Marion Thénault voyage à travers le monde pour son sport. Même si ce style de vie relève du rêve pour plusieurs, il vient également avec un poids environnemental important. Bien consciente de ce fait, l’athlète olympique a choisi son camp : elle veut faire partie de la solution.

Pour tout athlète qui pratique un sport d’hiver, il est difficile de faire abstraction de l’impact des changements climatiques. Marion Thénault , qui se préparait pour la Coupe du monde de Lac-Beauport au moment de l’entrevue, et l’équipe canadienne de ski acrobatique peuvent en témoigner.

« Nous sommes à Park City, en Utah, pour un camp d’entraînement en vue de la Coupe du monde de Lac-Beauport, car il n’y avait pas assez de neige au Québec pour bien terminer notre préparation », explique-t-elle.

Le manque de neige et les températures trop élevées chamboulent davantage les compétitions de sports d’hiver et les athlètes sont aux premières loges. Pour Marion Thénault, ce spectacle désolant fait partie d’une plus large réflexion sur son mode de vie et sur sa façon de faire sa part pour l’environnement.

Marion Thénault ©Leah Hennel
Marion Thénault ©Leah Hennel

Je pense qu’il y a de plus en plus une belle conscience environnementale parmi les athlètes. Les fédérations sportives aussi embarquent, ce n’est pas encore parfait, mais je vois beaucoup de positif. Je crois qu’il y aura de grands changements dans les années à venir, et ça me paraît évident d’en faire partie, d’une certaine manière. 

Marion Thénault

Quantifier, réduire, compenser

En vue des prochains Jeux olympiques, qui se tiendront en 2026 en Italie, la skieuse de Sherbrooke a entrepris une démarche pour comptabiliser et pour compenser son empreinte carbone. La médaillée olympique peut compter sur l’aide de la firme d’ingénierie WSP pour y arriver.

« J’ai eu l’occasion de donner une conférence devant plusieurs directeurs de la compagnie après les Jeux olympiques; je leur ai parlé de ma réflexion et de mon désir de compenser et de réduire mon empreinte carbone », se souvient-elle.

« Ça les a vraiment interpellés, ils ont décidé d’embarquer dans ma démarche. »

La jeune femme de 22 ans note tous les déplacements qu’elle doit faire pour son sport, tous les établissements qu’elle visite, puis elle remet ses données à la firme d’ingénierie, qui quantifie la compensation qu’elle aura à faire pour s’approcher de zéro.

L’objectif ultime est que sa préparation pour les Jeux de Milano Cortina soit compensée le plus possible (par l’achat de crédits carbone notamment). Elle s’est fixé un budget de 4500 $ par année jusqu’à la prochaine quinzaine olympique en 2026. L’athlète veut utiliser ces données pour mieux choisir ses établissements d’accueil et ses modes de transport dans les prochaines années.

« Après la phase de quantification, on va prendre le temps de regarder ce qui peut être amélioré pour la suite. Bref, ce n’est pas juste une question de compenser mes émissions de carbone, mais aussi de réfléchir à comment mieux faire les choses dans l’avenir. Je n’ai pas le choix de me déplacer pour les différentes Coupes du monde, mais il y a sûrement une manière de le faire mieux. »

Qui est Marion Thénault ?

Âge : 22 ans
Sport : Ski acrobatique, discipline des sauts
Accomplissements : Médaillée de bronze aux Jeux olympiques de Pékin en 2022, deux victoires en Coupe du monde, recrue de l’année du circuit en 2021

Un air de famille

Lorsque Marion Thénault parle de sa famille et de son enfance, on comprend rapidement que cette sensibilité à la cause environnementale ne vient pas des voisins.

« Ma mère a un baccalauréat en chimie et une maîtrise en environnement, elle a travaillé pour la ville de Magog, notamment dans l’implantation de diverses initiatives vertes, comme le compostage », mentionne-t-elle.

« Elle est maintenant directrice du Département de l’urbanisation et de l’environnement de la Ville de Shawinigan et travaille sur de gros projets, comme la protection de la biodiversité des rivières. »

Marion Thénault et sa mère ©Courtoisie
Marion Thénault et sa mère ©Courtoisie

Son père est aussi issu du domaine scientifique; il détient un baccalauréat en kinésiologie et une maîtrise en biomécanique.

« Mes parents m’ont transmis la passion pour les sciences pures et appliquées. J’ai participé plusieurs fois aux Expo-sciences quand j’étais jeune. J’adore apprendre de nouvelles choses. Je pense que ma conscience environnementale vient beaucoup de là. »

Comme la pomme ne tombe souvent pas loin de l’arbre, la jeune femme poursuit maintenant des études en génie aérospatial à l’Université Concordia, en parallèle avec sa carrière d’athlète olympique.

La conciliation de ces deux mondes est un défi de taille, car elle doit trouver la motivation pour étudier entre les différentes étapes de la Coupe du monde.

« La plupart de mes professeurs sont très conciliants, ça aide beaucoup, avoue-t-elle. Je dois être autodidacte, j’apprends beaucoup par moi-même en lisant les notes de cours et les manuels. Mais c’est certain que ce n’est pas toujours facile de trouver la motivation et surtout de concilier les déplacements avec mon sport, disons, quand je dois faire des examens à 2 h du matin (rires). »

Marion Thénault et son père ©Courtoisie
Marion Thénault et son père ©Courtoisie

Servir de modèle

La démarche unique de Marion Thénault a soulevé un intérêt certain dans la communauté sportive. « J’aimerais vraiment avoir une influence positive. Je suis consciente que notre mode de vie est assez dommageable pour l’environnement, mais je veux quand même contribuer autant que possible à faire une différence. »

Outre sa démarche de compensation carbone, Marion Thénault s’implique dans différentes associations environnementales. Elle est depuis peu une des porte-paroles de l’organisme Protect Our Winters.

« Je pense qu’il y a de plus en plus une belle conscience environnementale parmi les athlètes, explique la skieuse. Les fédérations sportives aussi embarquent, ce n’est pas encore parfait, mais je vois beaucoup de positif. Je crois qu’il y aura de grands changements dans les années à venir, et ça me paraît évident d’en faire partie, d’une certaine manière. »

Le monde du sport en fait-il assez, selon elle?

« Honnêtement, je pense qu’on est dans la bonne direction. Apparemment, les Jeux olympiques de Pékin étaient parmi les plus écoresponsables. On s’entend qu’il y a quand même une empreinte carbone énorme qui vient avec le monde du sport, mais il y a des gens qui sont en mode solution, donc c’est encourageant. »

En attendant de voir des changements notables dans l’organisation et les habitudes des grandes fédérations sportives, Marion Thénault veut faire sa juste part. Et si elle peut servir de modèle pour une nouvelle génération d’athlètes soucieux de l’environnement, elle aura gagné son pari.

Suivez-nous sur Facebook, Twitter, LinkedIn et Instagram. Abonnez-vous à notre infolettre