Le zéro déchet du Sénégal à Châteauguay

Épicerie zéro déchet
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© Leïla Jolin-Dahel
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04 mai 2022 - Leïla Jolin-Dahel, Journaliste de l'Initiative de journalisme local

En ouvrant une épicerie de produits vendus en vrac à Châteauguay en pleine pandémie, Bintou Diallo et Samba Félix Diop voulaient sensibiliser leurs concitoyens à la réduction des déchets tout en leur faisant découvrir des saveurs de l’Afrique.

Pour les propriétaires du Marché du Château, il n’y a pas que les bobos du Plateau Mont-Royal qui ont à cœur la cause climatique. Avec ses 500 produits d’ici et d’ailleurs, le jeune commerce offre aux habitants de cette municipalité située en banlieue de Montréal une solution écologique aux aliments emballés.

Épicerie zéro déchet en vrac
© Leïla Jolin-Dahel

« On n’est pas du tout hippies! On est des bourgeois engagés, disons », s’exclame en riant Samba Félix Diop. Originaires du Sénégal, son épouse et lui ont depuis longtemps à cœur l’environnement.

S’ils désiraient offrir des saveurs africaines à leur clientèle, les deux ont également vite constaté l’intérêt des gens pour leur boutique zéro déchet ouverte depuis mars 2021. Eux-mêmes faisaient déjà leurs courses dans des magasins similaires à Montréal avant d’emménager à Mercier, non loin de leur actuel commerce.

Des produits exotiques en vrac

Le Marché du Château offre un choix d’une centaine de variétés d’épices, dont le zaatar, un mélange du Moyen-Orient. On y trouve aussi de nombreux aliments à base de dattes : sucre, sirop, boissons caféinées, etc. Le produit chouchou de Bintou Diallo, c’est la poudre de fruit de baobab, qui vient directement de son pays d’origine. Elle utilise cette poudre pour faire des jus ou des smoothies, ou encore des desserts. « L’arbre, il est géant. Ça donne un goût sucré et acidulé en même temps », dit-elle.

Épicerie zéro déchet produit en vrac
© Leïla Jolin-Dahel

Au Sénégal, les gens ont tendance à acheter de petites quantités et à faire leurs achats de manière quotidienne. Cela permet de réduire le gaspillage alimentaire.Samba Félix Diop, propriétaire du Marché du Château

Selon son conjoint, le vrac est « très largement démocratisé » au Sénégal, car ses habitants, faute de moyens, ne peuvent se payer des aliments vendus en gros format. « Les gens ont tendance à acheter de petites quantités et à faire leurs achats de manière quotidienne. Cela permet de réduire le gaspillage alimentaire », dit-il. Au Québec, il vaut mieux, toutefois, faire de plus grosses épiceries si l’on se déplace en voiture, afin de limiter ses émissions de gaz à effet de serre.

Épicerie zéro déchet en vrac
© Leïla Jolin-Dahel

Une minorité de produits vendus au Marché du Château sont présentés dans un emballage. Le couple les choisit alors soigneusement et écarte ceux qui sont suremballés. « Des fois, on n’a pas la possibilité d’avoir du verre ou quelque chose de réutilisable. Mais il faut que ce soit au moins compostable », dit Samba Félix.

Certains aliments doivent également être emballés pour conserver leur qualité, ajoute-t-il. La confiture est donc présentée dans des pots en verre, tout comme le miel : « Ce produit est très difficile à vendre en vrac. Il doit être maintenu à une certaine température, sinon, il ne coule tout simplement pas. »

La plupart des déchets générés par l’épicerie se limitent aux boîtes de carton. « À Châteauguay, c’est problématique, car il n’y a pas de collecte des matières recyclables dans les commerces », déplore le copropriétaire. Pour y remédier, sa femme et lui ont décidé de ramener les déchets du commerce à leur domicile pour les mettre au recyclage.

Un couple qui ne chôme pas

« Depuis l’ouverture, notre problème, c’est que beaucoup de clients viennent sans leurs contenants, observe Bintou. C’est un gros travail qu’on doit faire, de sensibiliser la population. Le message n’a pas encore été bien saisi. » Pour ceux qui arrivent les mains vides, des sacs compostables sont offerts au coût de 10 sous chacun. Le couple espère aussi que ses efforts vont inspirer les politiques publiques de Châteauguay en matière de collecte sélective pour les commerces.

L’importance de réduire ses déchets à la source

Au Québec, chaque citoyen a envoyé 724 kg de déchets directement au dépotoir ou à l’incinération en 2019, soit l’équivalent de 1,2 tonne d’éq. CO2 par personne. C’est 38 % de plus que l’objectif du gouvernement d’atteindre 525 kg/habitant en 2023.

Source : Bureau d’audiences publiques sur l’environnement, rapport sur la gestion des résidus ultimes, 2022

Afin d’encourager leurs clients à magasiner avec leurs propres contenants, une réduction de 10 % est offerte à ceux qui le font. Pandémie oblige, c’est le couple et son employé qui servent les clients au lieu de les laisser eux-mêmes prendre les items en vrac dont ils ont besoin. Le fait d’ouvrir durant la crise sanitaire n’a d’ailleurs pas été de tout repos pour les parents de trois enfants, qui occupent également chacun un emploi à temps plein, en plus de l’épicerie.

« Oh my God! On a eu des insomnies! » se souvient Bintou au sujet de la période qui a précédé l’inauguration. Mais leurs efforts ont fini par payer puisque, seulement une semaine après l’ouverture, les gens faisaient la file devant le commerce. « Finalement, on a bien fait d’ouvrir en pleine deuxième vague, observe-t-elle. Le monde était curieux et voulait découvrir c’est quoi, une épicerie zéro déchet. »

Épicerie zéro déchet en vrac
© Leïla Jolin-Dahel

Malgré leur emploi du temps chargé, le couple continue de privilégier les moments en famille. Ils travaillent chacun un dimanche sur deux au magasin tandis que le samedi est consacré aux activités avec leurs enfants. « Je ne peux pas avoir meilleur partenaire que mon mari, qui comprend cet enjeu » de la conciliation travail-famille, dit celle qui s’implique également dans plusieurs conseils d’administration d’organismes communautaires. De quoi guider les pas de leurs enfants vers une consommation responsable, en symbiose avec leurs valeurs.

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