Qu’ont en commun la Fondation Cowboys Fringants, la Fondation David Suzuki, la Compagnie Larivée Cabot Champagne et le Jour de la Terre? Ils ont lancé l’ambitieux projet 375 000 arbres, pour couronner de vert la métropole.
La grande région de Montréal est un espace très urbanisé, entouré de champs agricoles. Les montagnes Appalaches, au sud, et le massif laurentien, au nord, ont chacun leur biodiversité propre. Selon Cornelia, les espèces ont très peu de chances de communiquer entre ces écorégions à cause du manque d’arbres en bordure de Montréal et cela peut affecter négativement la biodiversité. Tranquillement, mais surement, c’est une ceinture de forêt qui sera plantée autour de l’île.
On sait qu’avec les changements climatiques les espèces autant florales qu’animales auront besoin de bouger, de migrer davantage.
Champs agricoles et champs de tir
Puisque ce sont 375 000 arbres qui doivent soigneusement être plantés un à un, c’est une tâche colossale qui se doit d’être partagée et bien réfléchie. « Juste pour vous donner une idée, à Montréal, on compte environ 250 000 arbres de rue. À la fin du projet, on aura planté autant d’arbres qu’il y en a dans les rues, plus un tiers de plus », s’exclame Cornelia.
Depuis quatre ans, des organismes planteurs ont donc répondu à des appels de propositions en soumettant leurs idées de plantations. Tous les espaces suffisamment grands pour accueillir au minimum 500 arbres ont un potentiel, à condition qu’ils répondent à certains critères. Les projets ont systématiquement été révisés par un comité scientifique qui a retenu ceux qui ont le plus grand intérêt écologique, mais aussi social.
La plupart des sites de plantation ont été choisis en zones agricoles autour de Montréal, car, selon Cornelia, « c’est souvent là où il en manque ». Ces terres, qui ont été déboisées au fil du temps, sont aujourd’hui des milieux ouverts qui subissent de l’érosion et par lesquels la flore et la faune ne peuvent transiter.
Mais d’autres types de terrains vagues ont aussi reçu des soins. « On a reboisé un grand terrain de l’Agence spatiale à Longueuil qui, pour des raisons que j’ignore, était gazonné pendant des décennies. Ou encore avec les forces canadiennes on a eu beaucoup de terres qui étaient d’anciens champs de tir ou des pistes d’essai », énumère Cornelia Garbe.
Les milieux urbains sont aussi de la partie. Par exemple, plus de 2 000 arbres ont été plantés sur une ancienne friche de la ville de Beauharnois qui séparait un quartier résidentiel de l’autoroute 30. Cornelia est convaincue que « ça sera bénéfique pour beaucoup de gens de ne pas avoir l’autoroute directement devant chez eux ».
Forêts électriques et électroniques
Ces forêts naissantes permettent aussi à des entreprises et à des projets de compenser leurs émissions de gaz à effet de serre.
À ce jour, environ la moitié des arbres ont été plantés. Bien que l’idée était d’avoir terminé pour le 375e anniversaire de Montréal, ce n’est qu’en février 2017 que la coalition a réussi à obtenir le financement qui manquait pour atteindre son objectif grâce à une entente avec la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Suivez l’évolution des plantations :
Cette dernière s’est en effet engagée à acheter 87 000 crédits carbone pour compenser les émissions de gaz à effet de serre qui seront générées par la construction du Réseau électrique métropolitain (REM). Chaque crédit acheté à la bourse du carbone équivaut à une tonne de CO2. La somme récoltée permettra de planter 250 000 arbres supplémentaires. Ils couvriront une surface équivalente à la superficie des parcs du Mont-Royal et Jeanne-Mance réunis. « C’est carrément de nouvelles forêts! », se réjouit Cornelia.
Le Piknic Électronik s’est aussi récemment mis de la partie en plantant 333 arbres à Saint-Rémi pour compenser l’émission de 70 tonnes de CO2 générées par les déplacements des artistes.
Arbres mangeurs de CO2
Un arbre absorbera en moyenne 180 kg de CO2 durant sa vie, tandis que 375 000 arbres absorberont 67 500 tonnes de CO2. Cela équivaut à plus de 20 000 voitures qui roulent pendant un an. Mais les arbres ont de nombreuses vertus qui vont bien au-delà de l’absorption du CO2 : ils interceptent l’eau de pluie, servent d’habitat pour la biodiversité, absorbent les polluants, stabilisent le sol, rafraîchissent les villes, embellissent le paysage et plus encore. Acheter des crédits carbone qui se traduisent en plantation d’arbres engendre ainsi des effets bénéfiques insoupçonnés.