Gestion des déchets: le grand remue-ménage

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Retombées positives générales

Au Québec, les municipalités gèrent les déchets depuis longtemps. Or, tout s’apprête à changer bientôt avec la consigne élargie et la réforme du recyclage. Les producteurs de contenants seront dorénavant responsables de ceux-ci du début à la fin de leur cycle de vie. Tout un virage !

Dès 2022, tous les contenants de boissons prêtes à boire de 100 ml à 2 litres seront consignés au Québec, qu’ils soient en plastique, en verre ou en métal. Cette modernisation du système de consigne, qui n’a pas évolué depuis 1984, fera en sorte que plus de quatre milliards de contenants seront réutilisés chaque année — bouteilles de vin et de spiritueux, contenants en plastique et canettes —, dont plus d’un milliard de bouteilles d’eau en plastique. Les entreprises qui mettent en marché ces contenants devront s’assurer que 75 % des contenants consignés seront récupérés et recyclés en 2025, puis 90 % en 2030. À défaut, elles seront pénalisées.

Ces mesures, annoncées par le gouvernement Legault en janvier 2020, feront en sorte que notre système de consigne, qui a toujours été basé sur le contenu (actuellement, seulement la bière et les boissons gazeuses), sera dorénavant fondé sur le type de contenant. Selon l’Union des municipalités du Québec, cette réforme est un pas dans la bonne direction, celle-ci souhaitant une grande réforme du système de récupération et de recyclage misant sur la responsabilité des producteurs de matières recyclables et de déchets.

Recyclage : les entreprises deviennent responsables

En tout cas, les municipalités ont, semble-t-il, été entendues. En février dernier, le gouvernement du Québec a en effet annoncé un autre virage majeur, cette fois en ce qui concerne le recyclage, afin d’améliorer la récupération et de développer l’économie circulaire.

En ce moment, les entreprises qui produisent des emballages versent de l’argent à l’organisme Éco Entreprises Québec (EEQ), qui remet ensuite une compensation aux municipalités par le truchement de Recyc-Québec afin de participer à la collecte des matières recyclables et au fonctionnement des centres de tri. Entre 2022 et 2025, le Québec passera progressivement à un système de responsabilité élargie des producteurs. Autrement dit, ceux qui génèrent ces matières devront prendre en charge leur collecte, leur tri, leur conditionnement et leur recyclage.

1,1 milliard

C’est le nombre de bouteilles d’eau en plastique vendues chaque année au Québec, selon Recyc-Québec.

Les entreprises, qui actuellement paient les municipalités pour cette gestion des opérations, financeront à l’avenir un organisme de gestion qui contrôlera toute la chaîne de recyclage — cela pourrait être EEQ, mais rien n’est encore confirmé.

« Cet organisme aura des défis de performance à atteindre en matière de pourcentage de récupération des matières recyclables, mais aussi en ce qui concerne leur mise en valeur », indique Marc Olivier, chercheur en gestion des matières résiduelles de l’Université de Sherbrooke, qui est d’avis que l’obligation de rendre des comptes sera au rendez-vous.

« C’est une bonne nouvelle pour les municipalités, dit pour sa part Mathieu Rouleau, président du conseil d’administration de l’Association des organismes municipaux de gestion des matières résiduelles. Les frais liés à la collecte des matières recyclables leur seront remboursés et elles ne s’occuperont plus d’en faire le tri », explique-t-il. Mais cela ne signifie pas pour autant que le palier municipal se désengagera totalement du recyclage. « Les citoyens sont habitués de nous appeler pour savoir quoi mettre dans leur bac ou pour des problèmes de collecte. On va continuer à offrir ce service de proximité. »

Le compostage fera des petits

Les municipalités concentreront plutôt leurs efforts sur la gestion des matières organiques, le fameux compost. Pour l’heure, environ 500 municipalités sur les 1108 que compte le Québec ont adopté le bac brun. Les autres auraient dû faire de même pour 2020, mais force est de constater que l’échéancier n’a pas été respecté, entre autres à cause de « chicanes sur la localisation des infrastructures », explique Marc Olivier. Le gouvernement a reporté l’échéance à 2025.

« Il y a encore beaucoup d’installations à prévoir », prévient Mathieu Rouleau, qui est aussi directeur général adjoint à la Régie des matières résiduelles du Lac-Saint-Jean. Celles-ci se déclinent en deux catégories, les plateformes de compostage et les usines de biométhanisation. Le gouvernement a prévu un généreux programme de subventions (qui rembourse jusqu’à 50 % des coûts des infrastructures) qui devrait permettre d’atteindre l’objectif, croit-il.

Le meilleur déchet pour le climat

Sur la balance climatique, nos déchets pesaient pour 5,8 % du total de nos émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2017. Parce qu’ils sont mieux gérés qu’avant, leur niveau a baissé de 33 % par rapport à 1990, passant de 6,89 à 4,55 millions de tonnes d’équivalent CO2, indique le dernier inventaire des GES du Québec. On peut s’en réjouir, certes, mais il n’y a pas de quoi pavoiser.

Nous produisons collectivement toujours plus de déchets, soit quelque 786 000 tonnes en 2018, un nombre en hausse de 4,3 % par rapport à 2015. Par habitant, cela représente presque 700 kilos en un an, selon le plus récent bilan de Recyc-Québec. Malgré la généralisation des bacs verts, la moitié seulement du papier, du carton, du verre et du plastique que nous jetons est « acheminée aux fins de recyclage » ; et dans l’attente de la généralisation des bacs bruns, prévue d’ici 2025, moins du tiers de nos matières organiques sont envoyées au compostage ou dans des centres de biométhanisation.

Étant donné qu’une tonne de déchets qui finit à l’enfouissement génère 1670 kilos d’équivalent CO2, d’après le calculateur du Fonds d’action québécois pour le développement durable ; que cette même tonne génère 10 kilos d’équivalent CO2 quand elle est recyclée et 14 quand elle est compostée, autant dire que le meilleur déchet pour le climat reste celui qu’on ne produit pas.

La Politique québécoise de gestion des matières résiduelles vise à détourner 60 % des matières putrescibles des sites d’enfouissement en 2023 et à ramener le poids des déchets enfouis chaque année à 525 kilos par habitant — la moyenne provinciale était de 697 en 2018, d’après Recyc-Québec. Ce qui ne se fera pas en claquant des doigts !

En effet, même des MRC pionnières dans le compostage ont du mal à atteindre cet objectif, comme celle de Rimouski-Neigette : entre 2013 et 2018, elle a réduit son taux d’enfouissement de déchets de 15 %, le faisant passer de 655 à 559 kilos par habitant.

Pour y arriver, il a fallu déployer le bac brun dans tous les villages et faire de la sensibilisation, explique la coordonnatrice en environnement de cette MRC, Catherine Denis. Mais la clé du succès se cache peut-être ailleurs, ajoute-t-elle : « À l’automne et au printemps, le compost est redistribué aux citoyens, qui peuvent le mettre dans leur jardin. Il est très populaire. »

Il faut que les gens voient que leurs efforts servent à quelque chose.
Marc Olivier, chercheur en gestion des matières résiduelles de l’Université de Sherbrooke

Le début d’une économie circulaire ?

Ce type d’initiative correspond tout à fait à ce que préconise Marc Olivier pour motiver la population — acteur clé s’il en est — à participer davantage au tri des déchets. « Il faut que les gens voient que leurs efforts servent à quelque chose. » D’après lui, la meilleure manière de rebâtir la confiance envers le système de gestion des déchets est de développer l’économie circulaire, qui permettra de créer localement de la richesse à partir de nos ordures.

Cette économie, basée sur la récupération et le réemploi, pourrait revaloriser les matières résiduelles de ce qu’on appelle les ICI (c’est-à-dire industries, commerces et institutions) et les CRD (construction, rénovation, démolition), qui sont les plus gros créateurs de déchets. Accompagner ces secteurs représente le principal défi à venir pour les municipalités régionales, croit Catherine Denis, elles qui vont devoir les inclure dans leurs plans de gestion des matières résiduelles.

Mais entre toutes ces séances de remue-méninges, il ne faut surtout pas oublier le plus important, rappellent les experts interrogés : la réduction des déchets à la source est bien plus efficace que le meilleur des tris !

Cet article provient d’un cahier spécial «Ma ville, mon climat», publié par le quotidien Le Devoir, en partenariat avec Unpointcinq.

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