Imaginez un Québec grandeur nature où les milieux de vie sont entourés de forêts, tissés serrés et structurés par des rues bordées d’arbres, de parcs, de placettes et de commerces de proximité. Des milieux où chacun peut se loger, travailler, se divertir et socialiser au cœur de sa communauté, sans avoir besoin de se déplacer autrement qu’à vélo ou à pied.
Imaginez que nous protégions les milieux naturels et les terres agricoles en reconstruisant la ville sur elle-même, pour en faire des collectivités compactes, conviviales, connectées, carboneutres et aménagées à l’échelle humaine. Que le Québec atténue simultanément les crises climatique et du logement par la consolidation, la requalification et la revitalisation, plutôt que l’étalement. En remplissant les vides au sein des villes et des villages, plutôt qu’en considérant la nature qui les entoure comme du vide à combler.
Ce Québec n’existe pas encore, mais il est à nos portes. Nous y parviendrons tôt ou tard, par choix ou parce que l’urgence climatique nous y aura forcés.
Puisqu’il appartiendra d’abord et avant tout au milieu municipal de relever ce défi et d’incarner cet idéal urbanistique, je vous propose cet automne des engagements à faire adopter aux personnes qui aspirent à vous représenter à l’hôtel de ville.
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J’ai commencé en septembre par vous inviter à leur parler de mobilité durable et d’accessibilité multimodale. Aujourd’hui, je me penche sur un deuxième ensemble d’enjeux d’action climatique municipale : la consolidation et la requalification.
Je vous ai écrit l’an dernier que l’homo sapiens quebecensis entretenait depuis 400 ans un rapport trouble avec l’espace et le temps. Comme si le territoire était une ressource intarissable, il sacrifie des milliers d’hectares de forêts, de milieux humides et de terres agricoles pour assouvir sa soif de maisons unifamiliales, de rues en cul-de-sac et de piscines creusées.
Pendant ce temps, au cœur des quartiers et des villages, il laisse à l’abandon de nombreux bâtiments patrimoniaux ainsi que des terrains vacants ou sous-utilisés. Ces espaces et ces édifices sont pour la plupart bien desservis en équipements publics et situés le long de corridors de transport collectif fréquent, fiable et rapide. Ils seraient tout désignés pour accueillir de nouveaux logements, commerces, bureaux, ateliers d’artistes ou espaces communautaires.
À l’ère de l’étalement du 20e siècle doit succéder celle de la consolidation et de la requalification, pour relever les défis climatiques et socioéconomiques du 21e siècle.
Le Québec ne dispose plus que d’une décennie, avant que la croissance démographique plafonne, pour revitaliser le cœur de ses collectivités, consolider ses milieux de vie et requalifier ses strip malls et ses friches urbaines. Heureusement, il dispose d’une occasion en or de réparer les erreurs du passé en adoptant au printemps prochain une Stratégie nationale d’urbanisme et d’aménagement des territoires aussi ambitieuse que volontariste.
L’heure d’un nouveau « Désormais » a sonné, en aménagement du territoire. À l’ère de l’étalement du 20e siècle doit succéder celle de la consolidation et de la requalification, pour relever les défis climatiques et socioéconomiques du 21e siècle.
Pour ce faire, le gouvernement et le milieu municipal devront s’allier pour réformer la fiscalité et la planification afin qu’elles leur permettent d’accueillir la majeure partie de la croissance de la population et des emplois… aux bons endroits.
Parce que si la nature a horreur du vide, les milieux naturels qui nous entourent en ont, au contraire, bien besoin.