La pointe de Moisie, restaurée pour mieux résister

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La pointe de Moisie restaurée et en santé résistera mieux aux défis climatiques à venir ©Simon Diotte.
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À une vingtaine de kilomètres du centre-ville de Sept-Îles, la restauration de la pointe de Moisie, un milieu d’une grande richesse écologique et historique entre mer et eau douce, sert de modèle pour la préservation du littoral nord-côtier. Une solution nature qui augmente notre résilience face aux changements climatiques.

L’excursionniste qui découvre la pointe de Moisie ne se rend pas compte du changement radical qu’a connu ce site exceptionnel dans les dernières années. Aujourd’hui, une riche végétation de graminées pousse sur le littoral, des plantes à petits fruits s’épanouissent à l’intérieur des dunes, les oiseaux comme les sternes pierregarins et arctiques en font leur milieu de vie. Mais celui ou celle qui aurait visité les lieux en 2016 aurait plutôt marché sur une pointe de sable désertique. Un lieu littéralement en perdition.

« Pendant des années, cette bande de sable de 3,2 km, située à l’embouchure de la rivière Moisie, a été occupée par un village de squatteurs. La collecte des déchets et la gestion des égouts étaient inexistantes. Qui plus est, le passage répété des véhicules a fini par tuer toute végétation. De par la dégradation de la protection naturelle, la pointe devenait de plus en plus vulnérable à l’érosion », explique Caroline Cloutier, biologiste et directrice générale adjointe d’Environnement Côte-Nord.

Face à ce constat, les autorités interviennent. En 2012, le ministère des Ressources naturelles – aujourd’hui le ministère des Ressources naturelles et des Forêts – expulse les propriétaires d’abris de fortune sur cette terre publique. Des corvées de nettoyage s’ensuivent. Malgré tout, le site Mishta-Shipit, son nom en langue innue, demeure dégradé. « La circulation incontrôlée de véhicules hors route a continué de détruire la végétation », indique la biologiste. L’augmentation des tempêtes dans le golfe du Saint-Laurent, occasionnée par les changements climatiques, faisait craindre le pire.

Caroline Cloutier
Caroline Cloutier, biologiste et directrice générale adjointe d’Environnement Côte-Nord ©Simon Diotte.

Plantation et balisage

C’est là qu’entre en jeu Environnement Côte-Nord. L’organisme environnemental, qui bénéficie de la contribution financière de plusieurs partenaires dont la Fondation Hydro-Québec pour l’environnement et la Ville de Sept-Îles, entreprend une cure de rajeunissement. Le but : miser sur un aménagement durable de la pointe afin de la protéger. De 2016 à 2018, on plante et transplante, en grande partie grâce à des bénévoles, plus de 100 000 végétaux comme l’élyme des sables dans le but de stabiliser le sol. On balise aussi des sentiers pour limiter la circulation hors sentier.

« On a également mis en place des barrières qui captent naturellement le sable, ce qui permet à la pointe de se régénérer. Des stationnements ont été prévus pour les visiteurs et du balisage a permis de contenir la circulation des véhicules hors route », dit Caroline Cloutier. De plus, l’organisme installe des panneaux de sensibilisation, en français et en innu.

Cinq ans plus tard, les résultats sont probants. La nature est revenue au galop. La végétation a repris sa place sur la pointe. La colonie d’hirondelles de rivage a pris du mieux, avec 145 terriers actifs. La pointe de Moisie est devenue un site attractif non seulement pour la flore et la faune, mais aussi pour la population locale, qui y vient pour se baigner, pêcher ou cueillir des petits fruits. Les touristes s’y arrêtent afin de contempler son panorama extraordinaire et y observer l’abondante faune ornithologique.

 Le succès de la restauration de la pointe de Moisie est devenu un exemple à suivre en matière de protection des milieux naturels sur la Côte-Nord.
Caroline Cloutier, biologiste et directrice générale adjointe d’Environnement Côte-Nord

Celles et ceux qui ont connu la pointe de Moisie dans le passé savent que la restauration est un succès @Simon Diotte.

Sensibiliser, encore et encore

Contrairement aux sites littoraux endommagés, une pointe en santé résistera mieux aux défis climatiques à venir, comme la hausse du niveau des océans et l’augmentation des tempêtes provoquée par la diminution de la couverture de glace qui décuple la puissance des vagues. Déjà, dans le territoire de Sept-Îles, plusieurs plages sablonneuses ont été abandonnées par la faune en raison de leur dégradation environnementale. Sur l’ensemble de la Côte-Nord, l’érosion fait reculer la côte à la vitesse grand V. « Le succès de la restauration de la pointe de Moisie est devenu un exemple à suivre en matière de protection des milieux naturels sur la Côte-Nord », soutient Caroline Cloutier.

Tout n’est pas parfait cependant. Il arrive que des gens se stationnent directement sur la végétation plutôt que d’utiliser les places réservées ou que des adeptes de véhicules hybrides rechargeables (VHR) créent de nouvelles pistes sur la pointe. D’autres laissent leurs déchets sur place. On en a vu dresser leur tente dans l’aire de nidification des sternes, un oiseau qui niche au sol, directement dans le sable. « Il y a encore beaucoup de travail de sensibilisation à faire », affirme Caroline Cloutier. Toutefois, ceux et celles qui ont connu la pointe dans le passé savent que la restauration est un succès, mais que le travail de protection ne se termine jamais. À l’image de la lutte contre les changements climatiques.

Une riche histoire

La pointe de Moisie épate par sa richesse écologique, avec son abondante faune aviaire, ses capelans et ses saumons atlantiques. C’est aussi un territoire qui a une riche histoire. Les Innus s’en servaient comme lieu de rassemblement estival. Un premier poste de traite de fourrure y est érigé à la fin du 17e siècle. C’est le premier établissement européen dans la région. Au 19e siècle, la traite de fourrure se poursuit, et la pêche au saumon et à la morue se développe.

Au début du 20e siècle, un village blanc et innu prend de l’expansion directement sur la pointe. Toutefois, dans les années 1960, de fortes tempêtes provoquent de multiples inondations de ce village, qui sera finalement abandonné. À la fin des années 1990, la pointe est occupée par des squats, démantelés en 2012. L’endroit, maintenant restauré, fait partie de sites naturels sacrés de la communauté innue.

©Simon Diotte

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