Du bœuf carboneutre, ça se peut?

Simon Lafontaine et Frédérique Lavallée - boeuf carboneutre en abitibi
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Un jeune couple d’agronomes travaille à produire un bœuf qu’ils annoncent « carboneutre ». Leur entreprise, Écoboeuf, a d’ailleurs remporté deux prix au Défi OSEntreprendre Abitibi-Témiscamingue en 2019. Mais leur projet est-il réaliste?

Dans la municipalité de Dupuy en Abitibi, le fils d’un producteur de bovins, Simon Lafontaine, et sa conjointe, Frédérique Lavallée, profitent des pâturages de la ferme familiale pour élever une cinquantaine de vaches dans le but de produire une viande « carboneutre ».

Comment? En nourrissant les bêtes exclusivement d’herbe – leur digestion produit ainsi moins de méthane –, et en plantant des arbres dans le pâturage afin de compenser les émissions de gaz à effet de serre (GES) produites par leur élevage. Le couple d’agronomes pratique aussi la méthode du pâturage en rotation. « On change les animaux de parcelle plusieurs fois par jour », explique Frédérique Lavallée. Avec cette méthode, les végétaux ont plus de temps pour repousser et emmagasiner du carbone dans leurs racines

« Ça coûte plus cher de nourrir les bêtes à l’herbe, admet-elle, mais c’est une façon de produire une viande à grande valeur ajoutée sur les plans de l’environnement, de la nutrition et du bien-être animal. » En contrepartie, le consommateur devra en payer le prix. « C’est pourquoi la majorité du bœuf nourri à l’herbe au Québec est offert par une mise en marché alternative [marchés publics, vente directe, boucheries, etc.]. Le producteur doit être proche du consommateur pour pouvoir lui expliquer pourquoi il paie plus cher. »

boeuf carboneutre en abitibi
Les parents de Simon, Éric Lafontaine et Hélène Noël, aident le jeune couple à concrétiser leur projet.

Passer les GES au crible

Les principaux GES rejetés dans l’atmosphère par les vaches et le fumier sont le méthane (un gaz qui réchauffe l’atmosphère de 25 à 30 fois plus que le CO2) et l’oxyde nitreux. Et il faut aussi comptabiliser les GES émis par la consommation d’énergie nécessaire à l’élevage (diesel, essence, électricité, etc.), explique Simon Lafontaine. Le but d’Écoboeuf est de réduire ces émissions au maximum et de compenser celles qui sont produites.

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Pour mesurer les émissions de GES produites par son troupeau, le couple se base sur des modèles établis par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Ces modèles prennent en compte le type d’animal, son poids, son alimentation et sa digestion. De plus, un pourcentage des émissions issues de la machinerie agricole est attribué au troupeau.

L’augmentation du stockage du carbone dans les sols est quant à elle chiffrée à partir du modèle élaboré par le Système national de surveillance, de comptabilisation et de production de rapports (SNSCPR) du secteur de l’affectation des terres, changements d’affectation des terres et foresteries (ATCATF) d’Environnement Canada. Au final, seuls les GES issus du transport du bétail vers l’abattoir et de la viande vers les points de vente ne sont pas comptabilisés. « Nous avons décidé de nous concentrer sur les données que nous pouvions contrôler », justifie Simon Lafontaine.

 Plus écologique?

 « Il y a moyen de réduire l’empreinte carbone du bœuf », affirme Vincent Poirier, professeur à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) et spécialiste en séquestration du carbone dans le sol. « J’ose donc croire que c’est possible d’arriver à faire du bœuf carboneutre et qu’Écoboeuf a un fort potentiel de réussite », ajoute le professeur, qui dirige le travail de recherche de Frédérique Lavallée, étudiante à la maîtrise en agronomie à l’UQAT.

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Le chercheur croit cependant qu’obtenir une réduction importante des émissions de GES sera un défi de taille pour ces éleveurs aux pratiques déjà exemplaires. « Si les sols étaient pauvres et dégradés, une simple action aurait un impact très important. Mais le sol est déjà riche, donc la marche est haute », explique-t-il, convaincu que c’est avec les pratiques agroforestières qu’ils auront le plus à gagner en termes de séquestration du carbone émis par leur ferme.

Frédérique Lavallée et boeuf boeuf carboneutre en abitibi
Frédérique Lavallée au milieu de ses bœufs.

Par ailleurs, affirmer qu’on crée un produit carboneutre peut « devenir un argument commercial », soutient Dominique Maxime, analyste senior au Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG). Si les producteurs ne font pas la preuve de la carboneutralité au moyen de méthodologies approuvées, il faudra se montrer prudent face à cette affirmation, prévient-il.

D’autant plus que la production d’une viande carboneutre ou avec une faible empreinte carbone n’est pas forcément plus écologique. « La grande consommation d’eau qu’elle nécessite en général, la pollution issue des engrais et des pesticides éventuellement utilisés dans les pâturages, de même que les effets néfastes de la consommation de viande rouge sur la santé humaine demeurent des enjeux », souligne Dominique Maxime.

Mais puisque le bœuf est la protéine animale ayant l’empreinte carbone la plus élevée, l’analyste approuve la démarche d’Écoboeuf. « Ces producteurs embrassent les meilleures pratiques pour assurer une empreinte environnementale minimale, voire peut-être la carboneutralité à long terme. »

Ainsi, à petite échelle, le rêve d’un bœuf carboneutre pourrait devenir réalité. L’avenir (et surtout les calculs de GES produits par Écoboeuf) le diront. Chose certaine, l’Écoboeuf sera offert en Abitibi-Témiscamingue et à Montréal à l’automne 2019. Les points de vente seront dévoilés sur la page Facebook d’Écoboeuf. Bon appétit!

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Agronomie versus agriculture

L’agriculture consiste à cultiver des fruits, des légumes, des céréales, etc. ou à élever des animaux afin de produire des aliments. L’agronomie est quant à elle la science de l’agriculture. L’agronome cherche ainsi à comprendre comment évolue une production végétale ou animale, en fonction de plusieurs facteurs (naturels ou pas), et ensuite comment l’améliorer.