Les mille et une vies de Geneviève Tremblay

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©Courtoisie
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28 décembre 2022 - Pascaline David, journaliste de l'Initiative de journalisme local

Joueuse de soccer semi-professionnelle, navigatrice, océanographe, instructrice de plongée… À 40 ans, Geneviève Tremblay a vécu moult aventures. Désormais entrepreneuse, elle dirige avec sa sœur un centre d’entraînement et une marque de vêtements de sport biodégradables.

Une immense curiosité et un attrait naturel pour la science animent Geneviève Tremblay depuis sa tendre enfance. « À la bibliothèque, j’empruntais toujours des livres sur l’astronomie, les océans, la planète », se souvient-elle. L’intérêt pour les changements climatiques, encore peu connus du grand public à l’époque, a grandi lors de ses études universitaires.  

Après le cégep, direction les États-Unis pour un baccalauréat et une maîtrise en science environnementale, grâce à une bourse athlétique de soccer. Tout en maîtrisant le ballon rond au niveau semi-professionnel, elle travaille comme assistante d’enseignement dans le laboratoire de statistique de son université. Son diplôme en poche, elle se fait embaucher à l’Agence spatiale canadienne. « C’était hors de ma zone de confort, mais j’avais envie de le faire », lance-t-elle avec la spontanéité qui la caractérise.    

Poussée par une perpétuelle soif de défis, elle s’inscrit par la suite à la maîtrise en océanographie à l’Institut des sciences de la mer à Rimouski (ISMER). De Québec à la mer de Baffin, jusqu’au 78e parallèle, elle se rend à deux reprises en Arctique pour récolter des données à bord d’un brise-glace. La Québécoise demeure marquée par la vision des glaciers qui s’effondrent et des ours polaires qui marchent sur la banquise fragilisée.   

« Être sur place, deux fois, ça m’a vraiment fait réaliser la récurrence des changements climatiques et la précarité de notre environnement, raconte Geneviève Tremblay. J’étais beaucoup plus à l’affût après ces expériences. » 

La fibre… entrepreneuriale 

Les années suivantes sont dédiées à des projets pour une firme d’études des impacts environnementaux liés au milieu aquatique et aux sédiments marins, qui la font voyager jusqu’en Afrique. Et puis, elle a finalement le goût de revenir aux sources, dans le monde du sport. « Lorsque j’ai eu mon deuxième enfant, je ne pouvais plus partir autant que mon travail le demandait », explique-t-elle. 

En 2013, elle fonde avec sa grande sœur Stéphanie un centre de mise en forme spécialisé dans l’entraînement en groupe pour les femmes enceintes et la famille, à Boisbriand. Progressivement, les deux complices se rendent compte du besoin d’améliorer les leggings d’entraînement, dont le gainage et la qualité laissent souvent à désirer. 

Or, les vêtements de sport sont souvent fabriqués avec des fibres synthétiques, plus performantes que les fibres naturelles. « Le problème, c’est que, quand on les lave, il y a des rejets de microparticules, souligne Geneviève. Ça finit dans les cours d’eau, puis les océans et ça affecte la biodiversité. » Fabriquer un vêtement en plastique recyclé n’empêche pas non plus le rejet de microplastiques. Alors, comment en faire un produit vraiment écologique? 

Je ne dis pas que j’ai la solution parfaite, mais j’essaie de penser en dehors de la boîte pour trouver des solutions et limiter les dégâts dans mon domaine, pour nos futures générations.

Geneviève Tremblay

Une démarche scientifique rigoureuse

Puisqu’elle n’avait pas encore été inventée, les sœurs ont développé leur propre technologie, qui consiste à modifier le nylon pour le rendre plus durable et biodégradable à 80 %, en quatre ans. Grâce à sa composition et à son tissage, le tissu s’use moins dans la laveuse, ce qui réduit la quantité de microfibres qui s’en échappe. En fin de vie, le vêtement se décompose seulement dans un système anaérobie, c’est-à-dire sans oxygène, comme dans un site d’enfouissement. Il laissera donc moins de traces dans l’environnement.  

L’ancienne chercheuse tient mordicus à nourrir une démarche scientifique rigoureuse. Elle teste régulièrement l’élasticité de son produit et mesure les niveaux de microplastiques rejetés, pour le rendre entièrement biodégradable dans les prochaines années. Et si le fil est importé, le tissu est fabriqué et teint à Montréal.  

« Je ne dis pas que j’ai la solution parfaite, mais j’essaie de penser en dehors de la boîte pour trouver des solutions et limiter les dégâts dans mon domaine, pour nos futures générations », dit-elle avec humilité.  

Geneviève et sa soeur ©Courtoisie

Sur terre, sur mer, en équipe, en famille… 

En plus de ses tribulations entrepreneuriales, Geneviève mène aussi une vie de maman. À la maison, les changements climatiques reviennent souvent dans les conversations avec ses enfants. « Ce qui m’étonne, c’est que ça vient d’eux, s’enthousiasme-t-elle. Récemment, ma fille m’a proposé d’aller ramasser les déchets près de l’école. »  

Si elle se considère comme « imparfaite » concernant les gestes écologiques qu’elle pose au quotidien, l’entrepreneuse tente de réduire la présence du plastique dans le foyer et l’évite à tout prix dans les boîtes à lunch. « De toute façon, mes enfants n’en veulent pas non plus », ajoute celle qui prône un mode de consommation sobre, où l’échange de service, l’entraide et le troc sont de mise.  

Sans surprise, les sports et le plein air sont capitaux dans la famille Tremblay. Après 15 ans loin des terrains de soccer, Geneviève a recommencé à jouer dans une ligue mixte. « I’m back! » lance-t-elle. Rien ne semble impossible pour celle qui, plus jeune, a passé son diplôme d’instructrice de plongée sous-marine en Thaïlande. Rien que ça.   

L’ancienne skipper a aussi été capitaine assistante autour des îles Vierges britanniques, sur les catamarans d’ActionQuest, un organisme offrant des programmes d’aventures pour adolescents. Sa récente participation à l’Expédition bleue lui a permis de renouer avec cet amour de la navigation. Geneviève Tremblay, qui vibre au rythme des projets, n’exclut pas de faire un grand voyage à la voile avec sa progéniture, quand les astres s’aligneront.  

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