Le Tiers-lieu de l’agriculture urbaine, unique en son genre

Le jardin sur le toit du Tiers-lieu de l’agriculture urbaine. Crédit : Britanie Sullivan
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Le jardin sur le toit du Tiers-lieu de l’agriculture urbaine ©Britanie Sullivan
Created with Lunacy 4 min

Comment faire vivre un espace jardin consacré à la communauté au sein d’un projet immobilier privé? Depuis le printemps dernier, dans le quartier Centre-Sud de Montréal, un jardin et une serre sur toit permettent au Laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB) et au promoteur immobilier Prével d’expérimenter le concept.

Dans le quartier Centre-Sud de Montréal, à proximité du centre-ville, un immeuble moderne se dresse dans l’ombre du pont Jacques-Cartier. À travers les vitres du rez-de-chaussée, on devine une grande maquette représentant le développement immobilier futur du secteur. Bientôt, cette maquette deviendra réalité.

Sur un terrain à l’arrière de l’immeuble, des tours sont en construction tandis que d’autres accueillent déjà les propriétaires de condos neufs. Ici, dans l’arrondissement de Ville-Marie, le projet Esplanade Cartier change les couleurs du paysage.

Jean-Philippe Vermette, directeur intervention et politiques publiques chez AU/LAB, raconte la genèse du projet : « Plusieurs opérations immobilières ont été proposées dans le passé. Elles n’ont jamais été acceptées par la population. Un jour, le promoteur immobilier Prével a voulu faire les choses différemment. Cela a commencé avec des consultations publiques : les questions alimentaires, d’agriculture urbaine et d’îlots de chaleur revenaient souvent. Prével a ainsi décidé de libérer des espaces pour la communauté et de mettre en place, en partenariat avec AU/LAB, le Tiers-lieu de l’agriculture urbaine. »

Jean-Philippe Vermette, directeur intervention et politiques publiques chez AU/LAB. Crédit : Léonie Rouette Tétreault
Jean-Philippe Vermette, directeur intervention et politiques publiques chez AU/LAB ©Léonie Rouette Tétreault

À terme, le projet promet d’offrir six lots constitués d’immeubles d’appartements en copropriété, de commerces, d’immeubles de bureaux et d’espaces communautaires. La Maison de projet d’Esplanade Cartier loge actuellement le bureau des ventes (avec la belle maquette) et celui des architectes du projet, ainsi que le Tiers-lieu de l’agriculture urbaine.

« Le souhait d’AU/LAB est que le lieu soit majoritairement animé par des activités en lien avec le jardinage en milieu urbain, mais il est tout de même possible d’occuper l’espace pour y entreprendre d’autres types d’activités. L’idée générale est d’avoir un espace multifonctionnel ouvert à la communauté, tout en mettant en lumière l’agriculture urbaine », souligne Jean-Philippe Vermette.

Un jardin collectif et une serre quatre saisons ont ainsi été aménagés sur le toit. Des activités liées au jardinage, ainsi que des ateliers et des conférences font partie des nombreux événements qui animent le Tiers-lieu. En tout, 3 000 pi2 répartis sur deux étages ont été gratuitement mis à la disposition d’AU/LAB par Prével pour une durée de cinq ans. Après cette période, le bail renouvelable pourrait mener à différentes avenues, notamment la poursuite des activités du Tiers-lieu.

« Le Tiers-lieu permet d’avoir une réflexion sur la place de l’agriculture en ville et sur celle de la communauté dans les nouveaux projets de développement immobilier. Les opérations immobilières, qui peuvent accélérer l’embourgeoisement, n’incluent pas toujours la population d’origine. Ici, c’est comme un petit laboratoire vivant pour savoir comment la communauté peut s’organiser pour faire vivre un espace offert par un promoteur immobilier », précise le passionné d’agriculture. Un deuxième projet lié au même thème est en cours de développement sur un autre lot d’Esplanade Cartier.

Rassembler la communauté

 
À deux coins de rue du Tiers-lieu, le Carrefour solidaire se distingue par sa façade jaune vif. Ce centre communautaire d’alimentation est un partenaire important du projet d’agriculture urbaine qui se développe à l’Esplanade Cartier. C’est l’endroit où sont distribués aux résidentes et résidents du quartier les produits du jardin et de la serre du Tiers-lieu.

« Pour nous, jardiner collectivement veut dire que tous les participants du jardin bénéficient d’une partie des récoltes. S’il y a des surplus, nous les récupérons et les transformons en repas communautaire. On ne perd aucune récolte, on attrape tout ce qui sort du jardin! » explique Beccah Frasier, codirectrice du Carrefour solidaire.

Le Carrefour solidaire, centre communautaire d’alimentation – crédit : Britanie Sullivan
Le Carrefour solidaire, centre communautaire d’alimentation ©Britanie Sullivan

Grâce à l’équipe d’animation du Carrefour solidaire, des ateliers de jardinage sont offerts dans les espaces verts du Tiers-lieu. Le manque d’expérience n’est donc pas une limite pour celles et ceux qui ont envie de se mettre les mains dans la terre.

« Il n’y a pas de niveau de base. On apprend ensemble, peu importe ton expérience. C’est vraiment une façon le fun d’apprendre à cultiver des aliments. Il y a cette idée de développer des compétences alimentaires, mais aussi de donner un accès plus facile à des légumes et même des fruits frais », résume Beccah Frasier.

Pour elle, le Tiers-lieu de l’agriculture urbaine apporte ainsi une solution à des enjeux d’insécurité alimentaire. Dès lors, cela a un effet positif sur la population fragilisée par l’embourgeoisement du quartier et l’augmentation du coût de la vie. Tout en voulant favoriser une plus grande mixité sociale, le Carrefour solidaire lutte contre ces enjeux en proposant un tarif de panier d’épicerie à trois paliers : un prix solidaire, un prix suggéré et un prix « au suivant ».

« Au Carrefour, peu importe ta situation socio-économique, tout le monde est bienvenu. Toutefois, tu as peut-être un rôle différent à jouer dans l’organisme selon ta situation. Peut-être que si tu es une personne qui vient tout juste d’acheter un beau condo bien cher dans le quartier, tu vas payer le prix “au suivant” pour soutenir tes voisins qui sont obligés de payer le prix solidaire, car ils ont peu de moyens. C’est une façon de créer un espace avec un esprit de solidarité dans lequel tout le monde s’engage positivement », explique la codirectrice du lieu.

Dépasser les frontières socio-économiques

L’inauguration du Tiers-lieu de l’agriculture urbaine a eu lieu en mai dernier autour de l’exposition Faire place à l’agriculture urbaine, organisée par AU/LAB et MixCité, le carrefour d’innovation ouverte du Pôle sur la ville résiliente de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

« J’ai trouvé très intéressant de voir les gens échanger lors du vernissage. Je pense justement que l’objectif de l’exposition et, surtout, du Tiers-lieu, c’est de favoriser les rencontres et les échanges entre des personnes qui ne se rencontreraient peut-être pas normalement. On dépasse nos frontières géographiques, mais aussi sociales et économiques », remarque Béatrice Lefebvre, coordonnatrice du Pôle sur la ville résiliente, l’autre important partenaire du Tiers-lieu.

Plusieurs projets d’agriculture urbaine à travers le monde sont présentés dans l’exposition. On y découvre notamment une ferme à Singapour, une serre bioclimatique à Nantes ainsi qu’un espace nourricier et éducatif à Manhattan.

« Les projets d’agriculture urbaine dans les pays en développement misent davantage sur les aspects nourriciers et de rentabilité. Dans les pays du nord, l’aménagement de tels espaces vise surtout à favoriser les liens sociaux, en plus d’embellir les lieux de vie. Ça montre qu’il y a des évolutions des deux côtés. Si on peut mettre ça ensemble, on peut réussir à créer une agriculture urbaine ayant des fonctions autant nourricières que sociales et économiques », espère Francis Tangmouo Tsoata, étudiant au doctorat en études urbaines à l’UQAM, qui a travaillé sur l’exposition.

Toit végétalisé Montréal
©Britanie Sullivan

« C’est sûr qu’il y a beaucoup de travail à faire, mais ce genre d’événement rassemble et permet de faire émerger d’autres idées », estime la graphiste Angèle Chatellard, étudiante à la maîtrise en recherche-création à la Faculté de communication de l’UQAM, qui a elle aussi travaillé sur l’exposition.

Pour Beccah Frasier, du Carrefour solidaire, les idées vont certainement continuer à germer au Tiers-lieu de l’agriculture urbaine. « On n’a pas été au bout de tout ce qu’on pourrait faire avec cet espace-là, mais on a hâte de l’explorer encore plus », lance-t-elle fièrement.

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