Le conte de Noël de l’ancien mineur devenu ébéniste

Maxime Bergeron
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Maxime Bergeron devant une de ses réalisations. ©Émilie Parent-Bouchard
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Retombées positives générales

25 décembre 2023 - Émilie Parent-Bouchard, Journaliste de l'Initiative de journalisme local

Maxime Bergeron, ancien travailleur minier de Rouyn-Noranda, a laissé en plan gros salaire et sécurité financière pour s’adonner à sa passion pour l’ébénisterie, en plus de donner une deuxième vie à des matériaux qui prennent autrement le chemin de l’enfouissement.

Même si l’idée de voir tomber la grange construite par son père au début des années 1960 lui faisait un pincement au cœur, André Lapointe a dû se rendre à l’évidence après avoir reçu un avis de la Ville de Rouyn-Noranda, qui considérait le bâtiment, en partie affaissé, comme dangereux. Ça lui met un baume au cœur de savoir que tous ces morceaux de bois, témoins d’une époque révolue où l’on pratiquait une agriculture de subsistance, vont avoir une deuxième vie.

« On se console de savoir que ce n’est pas perdu complètement. La grange va revivre grâce à Maxime. La majorité des pièces sont bonnes, donc il peut les récupérer. Une bonne partie aurait pourri si on n’avait pas débâti le bâtiment, tandis que là, ça va être réutilisé. C’est mieux comme ça », reconnaît-il.

« J’ai changé mes plans d’été parce que je me suis dit que je ne pouvais pas passer à côté de ça ! » renchérit Maxime Bergeron, qui admet avoir dû faire de la place dans son horaire à l’atelier – et dans son portefeuille! – pour avoir accès à ces matériaux. Alors qu’il a passé la majeure partie de l’été à démonter cette vieille grange pleine de souvenirs et à écouter les témoignages de son propriétaire, l’artisan du bois derrière l’entreprise Bergywood Working avait en effet la tête bouillonnante d’idées.

« Là, je vais être tranquille : j’en ai pour deux ou trois étés [d’approvisionnement avec tout le bois récupéré]. Ç’a été un coup à donner. Le temps que j’y ai mis va se repayer à la longue. C’est la motivation qui te drive, quand tu visualises [tout ce que tu vas pouvoir fabriquer] », poursuit-il, mentionnant au passage avoir aussi été heureux de passer l’été au grand air plutôt que sous terre.

Atelier de bois
L'atelier où Maxime Bergeron donne une deuxième vie aux matériaux qu'il a récupérés. ©Émilie Parent-Bouchard

Effet boule de neige

Maxime Bergeron précise que le bouche-à-oreille et les réseaux sociaux le mettent constamment sur la piste de nouvelles sources d’approvisionnement. « Je pourrais ne faire que ça [débâtir des granges], et vendre du bois rough, mais ce n’est pas ça que je veux faire », précise-t-il.

Vieux barils, clous de chemin de fer, meubles trouvés sur le bord des routes : la passion de Maxime Bergeron ne s’arrête en effet pas au bois de grange. Sa clientèle bigarrée lui lance parfois des défis, indique-t-il, ou encore tombe sous le charme de pièces fabriquées pour des commerces de Rouyn-Noranda. Comme ce fumoir confectionné avec un vieux baril qui a reçu plus d’un lot de whisky à vieillir. Ou ces tables capables d’accueillir une dizaine de convives, comme dans le bon vieux temps.

Boutique
©Émilie Parent-Bouchard

« Avec des clous de chemin de fer, tu peux faire de belles poignées, des crochets; j’ai fait une patère, énumère-t-il encore. J’ai aussi réparé la table du grand-père décédé d’une fille qui m’a contacté. Ça avait une valeur sentimentale pour elle. Ou encore quelqu’un qui avait trouvé un vieil évier antique m’a demandé de faire un comptoir sur mesure pour l’encastrer. Il y a un tel potentiel dans tous ces vieux objets ou matériaux. Je n’ai pas encore fait la moitié de mes idées! »

C’est aussi dans les réseaux sociaux que la copropriétaire de la Ferme des Praz et de la Boucherie des Praz a découvert Bergywood Working. Christel Grou est l’une des premières clientes à avoir passé une grosse commande à l’artisan pour meubler sa nouvelle boutique, où l’on trouve, en plus de la viande de son élevage bovin, des produits fins et régionaux.

« Je trouvais que ses produits fittaient avec ce que j’avais envie d’avoir comme expérience dans ma boutique. J’avais le goût d’avoir des portes battantes entre les sections boutique et la cuisine. Le premier modèle qu’il a installé, ça ne marchait pas comme on voulait : les portes battaient juste d’un côté. Finalement, il l’a retravaillé, et je suis très, très satisfaite. Et pour un artisan, je trouvais qu’il était abordable », témoigne l’agroentrepreneure.

 Je suis fasciné par les matériaux bruts comme le bois, le métal, le béton. Je fais des tests; ce sont des défis, encore une fois pour être plus indépendant. Les connaissances, ce n’est pas taxable! Maxime Bergeron

Un véritable mode de vie

 
Ce sont les heures passées dans son atelier à créer du neuf avec du vieux qui animent Maxime Bergeron. Il parle de son travail non seulement comme une manière de déployer sa créativité, de fabriquer quelque chose avec ses mains, mais aussi d’un moyen de réduire son empreinte écologique et de cultiver son indépendance. Il avoue aussi ne pas s’ennuyer des horaires exigeants et toujours changeants des mines, des longs déplacements pour se rendre au travail et des protocoles de sécurité stricts.

Meuble en bois
©Émilie Parent-Bouchard

« Je n’étais pas le mineur avec quatre-roues, Ski-Doo, maison de 300 000 $ avec des paiements à n’en plus finir. J’avais déjà un petit train de vie, déjà dans l’optique d’être moins dépendant. Et là, ça fait deux ans que j’ai ma shop à bois et, avec ça, j’y arrive. On ne vit pas dans le luxe, mais on ne meurt pas de faim, précise-t-il sous le regard complice de son fils Raphaël, 10 ans, rempli de fierté. Et Raphaël et moi, on se voit souvent, et ça, ça n’a pas de prix! »

Maxime Bergeron prêche aussi par l’exemple : ses outils sont en grande partie acquis sur Marketplace ou dans des ventes de succession, donc de seconde main, et sa maison est un véritable laboratoire pour ses premiers essais. En témoigne l’évier en béton de sa salle de bain, créé pour se familiariser avec ce matériau qu’il n’avait jamais travaillé. « Je suis fasciné par les matériaux bruts comme le bois, le métal, le béton. Je fais des tests; ce sont des défis, encore une fois pour être plus indépendant. Les connaissances, ce n’est pas taxable! » lâche-t-il.

Création après création, il chemine vers son objectif d’adopter un mode de vie plus minimaliste. Il anticipe déjà qu’il vendra sa maison au village, une fois qu’elle sera entièrement rénovée, pour acquérir une terre. « Avant, les gens étaient autonomes : ils avaient leur ferme, leurs poules, leurs jardins, les voisins s’aidaient. C’est un peu vers ça que je veux aller. Et la maison, je l’ai faite avec le bois de grange : ça coûte moins cher. Et le bois me ramène toujours à mon objectif. C’est pour ça que j’en mets partout! »

Maxime Bergeron avec des planches de bois
©Émilie Parent-Bouchard

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