L’effet papillon : écoresponsable de fil en aiguille

Annie Lafrenière et Lucie Dorion dans l’atelier de l’effet papillon
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Annie Lafrenière et Lucie Dorion dans l’atelier de l’effet papillon ©Maxime Bilodeau
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Retombées positives générales

08 novembre 2023 - Maxime Bilodeau, journaliste de l'Initiative de journalisme local

Et si la solution pour réduire l’empreinte environnementale de la mode consistait à assembler de vieux morceaux d’étoffe pour créer de nouvelles fringues? C’est ce que pense Annie Lafrenière, propriétaire d’une petite entreprise à Saint-Augustin-de-Desmaures.

Le plus grand drame dans le quotidien d’Annie Lafrenière est le manque de temps. Cette couturière expérimentée déborde d’idées pour donner une seconde vie à de vieux vêtements qui ont parfois plus de trous que de tissu. « Les journées filent à une vitesse folle! s’exclame la propriétaire de la boutique L’effet papillon, à Saint-Augustin-de-Desmaures, près de Québec. J’aimerais pouvoir me consacrer davantage à imaginer de nouvelles créations utilitaires. »

 
Son commerce regorge pourtant de ses produits, lesquels sont tous uniques en leur genre. Il y a par exemple ses sacs banane faits avec des retailles, des vêtements abîmés, de vieux rideaux. On retrouve aussi des masques de détente, des bandeaux et des sacs à main créés à partir de cravates en soie signées Christian Dior, Yves Saint Laurent et compagnie. Le coup de cœur d’Unpointcinq? Les poupées de chiffon fabriquées de manière artisanale et dont une partie du profit des ventes est remise à Leucan.

Poupées cousues main
©Maxime Bilodeau

Parce qu’avant d’être une femme d’affaires, Annie Lafrenière est une entrepreneure sociale. Son souhait le plus cher : que nous arrêtions de remplir nos garde-robes de vêtements neufs. « Avec la crise climatique, il faut penser en dehors de la boîte et changer nos comportements en matière de consommation », affirme-t-elle, étrillant au passage l’industrie de la mode rapide. Cette dernière serait l’une parmi les plus émettrices de gaz à effet de serre au monde.

Surcyclage

La passion d’Annie Lafrenière pour la couture prend racine dans son passé d’enseignante de danse, un métier qu’elle a pratiqué pendant 28 ans. « En parallèle, je confectionnais les costumes de mes élèves avec tout ce qui me tombait sous la main », raconte la

quinquagénaire. La pandémie de COVID-19 l’a convaincue d’accorder plus de temps et d’énergie à cet à-côté. Elle lance L’effet papillon à l’automne 2020, « sans qu’aucune institution financière ne veuille me prêter de l’argent », précise-t-elle.

Son modèle d’affaires tient pourtant la route. Elle s’approvisionne en tissus usagés dans des friperies, certes. Mais, surtout auprès d’organismes et d’écoles, comme le Centre femmes de Portneuf et le Collège mariste de Québec, à qui elle confie des boîtes « chrysalides ». Les vêtements en fin de vie qui y sont déposés prennent le chemin de L’effet papillon, où ils sont transformés en objets promotionnels et en produits pour des campagnes de financement.

« J’accepte peu de dons de particuliers parce que cela procure un faux sentiment de “faire sa part”. C’est bien connu : une grande partie de ce que nous mettons au bac bleu prend le chemin du dépotoir », regrette Annie Lafrenière. La transformation de matières résiduelles en des produits à valeur ajoutée, ou surcyclage, s’inscrit au contraire dans une logique d’économie circulaire. Celle-ci fait de l’efficacité de l’utilisation des ressources une priorité.

Un engouement

Signe que les mentalités changent, les ateliers de couture offerts par L’effet papillon débordent. Tous les soirs ou presque, les participantes à ces cours — peu d’hommes y prennent part — font ronronner les six machines à coudre de la boutique. Lucie Dorion, 65 ans, de Saint-Augustin-de-Desmaures, est une des élèves de la première heure. Aujourd’hui, elle assiste Annie Lafrenière dans ses tâches à raison de quelques heures par semaine.

« Ça faisait près de 40 ans que je n’avais pas cousu, se souvient cette petite main. Pourtant, j’ai grandi en voyant ma propre mère rapiécer, surfiler et piquer. » Elle constate un engouement certain pour la couture dans les dernières années, surtout auprès des trentenaires et des retraitées, comme elle. « C’est comme si cela était de nouveau tendance. Je pense que beaucoup de personnes sont tannées d’acheter des vêtements de piètre qualité qu’elles finissent par porter à peine une poignée de fois. »

La demande pour les créations utilitaires de L’effet papillon pourrait néanmoins être plus forte. Après tout, la PME ne dispose pas du budget marketing des géants de la mode rapide… « J’en rêve! avoue Annie Lafrenière. Cela dit, je célèbre chaque fois qu’une nouvelle cliente franchit le pas de la porte. » N’est-ce pas ça, l’effet papillon : un banal changement de comportement à Saint-Augustin-de-Desmaures qui peut avoir le potentiel de transformer le monde?

Pochette cousue main
©Maxime Bilodeau

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