Les véhicules récréatifs à propulsion électrique sont enfin arrivés au Québec. Notre collaborateur revient d’un court séjour dans les Cantons-de-l’Est dans une van sans pot d’échappement.
La vanlife, c’est la tendance de l’heure en tourisme. Pour les vanlifers, c’est même un mode de vie. Or, le nomadisme automobile a un côté sombre : son empreinte carbone. Les fourgonnettes aménagées en véritables maisons sur roues, dont le poids s’alourdit avec le mobilier intégré et les accessoires, consomment de l’essence, beaucoup d’essence. Au moins 10 L aux 100 km pour une très petite fourgonnette, probablement le double pour les fourgons aménagés. Plus le véhicule est lourd, plus il boit.
Propriétaire de Bromont CamperVan, une entreprise de location de fourgonnettes aménagées, Olivier Marcoux en est bien conscient. « L’an dernier, j’avais une flotte de 10 véhicules récréatifs qui roulaient abondamment. Je voyais bien que j’avais un impact environnemental important », dit l’homme d’affaires. Face à ce constat, ce père de famille trentenaire a décidé de passer à l’action. Il a acquis deux camions 100 % électriques pour les convertir en petits chalets mobiles. « Je veux être un précurseur dans l’électrification de la vanlife », soutient ce Bromontois, qui rêve de ne posséder que des véhicules zéro émission.
Après des travaux d’aménagement, il vient d’ajouter à sa flotte la première fourgonnette 4 places 100 % électrique en location en Amérique du Nord, selon lui. Si peu de gens prennent actuellement le virage électrique dans le monde des véhicules récréatifs (VR), c’est en raison d’une multitude de facteurs, dont le manque de connaissances généralisé en matière de véhicule électrique. « Il y a aussi peu de camions électriques disponibles. Comme dans le cas des voitures électriques, les délais de livraison des fourgonnettes sont encore très longs », explique Olivier Marcoux. Autre facteur important : leur autonomie limitée. Le Ford E-Transit 148 Extended de Bromont CamperVan, par exemple, ne dépasse pas les 200 km dans des conditions optimales.
Aux yeux des adeptes de la vanlife, ça peut paraître un sérieux handicap. Olivier Marcoux y voit un avantage. « C’est le véhicule idéal pour la mobilité douce. Pourquoi perdre son temps en transport lorsqu’on peut profiter d’une région à fond? » s’interroge-t-il. L’homme d’affaires préconise le slow travel, le contraire du voyage fast-food qui implique une consommation de kilomètres à outrance. Olivier Marcoux a peut-être raison. Pendant que des gens brûlent leurs précieuses minutes de liberté en parcourant de longues distances, l’autonomie limitée du véhicule à la plaque verte nous ramène à l’essentiel. Pourquoi aller là-bas quand on peut rester ici?
La vanlife électrifiée à l’essai
C’est avec cette philosophie en tête que j’ai testé l’escapade en fourgonnette électrique début mai dans les Cantons-de-l’Est, avec ma douce moitié, mon ado de 12 ans et ma chienne Nelly. Notre but : renouer avec la forêt en feuillaison après le long hiatus hivernal et avec l’ado accro aux écrans.
Le VR électrique, c’est le gros luxe. Deux lits à deux places superposés. Des armoires de rangement pour les vêtements. Une toilette portative. Un espace cuisine avec mini-réfrigérateur, évier et tout le nécessaire pour cuisiner. Ici, tout fonctionne à l’électricité, alimentée par une batterie auxiliaire. Grâce aux panneaux solaires sur le toit, nous n’avons pas eu besoin de la recharger.
Les batteries du véhicule assurent la propulsion. Ce qui étonne, c’est l’absence totale de bruit du moteur, surtout quand on tient le volant d’un camion de 20 pieds de longueur. Pendant tout le périple, je devais regarder constamment mon tableau de bord pour connaître ma vitesse. Sinon, je ne savais pas si je roulais à 50 ou à 100 km/h. C’est aussi déroutant qu’agréable. Dans les campings, le roulement silencieux surprenait les piétons qui ne m’entendaient pas arriver. Il faut donc redoubler de vigilance afin de n’écraser personne!
Voyager en mode slow travel
Le programme de la virée : randonnée en forêt, lecture dans le confort de la fourgonnette et course à pied pour moi. En prenant les clés de l’autocaravane à Bromont, je n’ai eu que quelques kilomètres à parcourir pour entamer la première rando : la découverte du nouveau sentier Panorama, du parc des Sommets de Bromont. Puis, après cette mise en jambes, nous n’avons roulé qu’une quinzaine de kilomètres afin d’installer notre prêt-à-camper mobile au camping Vallée bleue, à Lac-Brome. Finis les trajets interminables pour se rendre à la prochaine destination.
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Le lendemain, rebelote sur les sentiers de Bromont, cette fois à la conquête des monts Horizon et Bernard, puis on the road again direction camping Magog Orford, à 60 km. J’avais 122 km d’autonomie à ce moment-là et, par conséquent, assez de jus pour me rendre au camping, mais j’ai opté pour une pause café plus recharge à Magog. J’avoue que j’avais le goût d’une gâterie (trop) sucrée et (trop) grasse… La recharge était donc un prétexte pour succomber à mon vice. Quand on roule vert, on se récompense… Raisonnement douteux, j’en conviens. J’ai ajouté 68 km au compteur (pour 8,20 $) en 24 minutes sur une borne de 100 kWh, faisant ainsi gagner 130 km d’autonomie au VR – et 250 calories à mon système.
Mon plan de départ était de faire le plein du VR dans les terrains de camping. J’avais donc loué des emplacements avec branchement électrique. Mais je ne m’étais pas informé à l’avance de petits détails comme l’ampérage des bornes de recharge. J’ai abouti sur des emplacements pour pistolets de recharge de 30 ampères, mais celui du camion avait un adaptateur de 40 ampères. Oups…
Mon plan a donc foiré, mais ç’a été sans conséquence. Quand on voyage en mode slow travel, on est dans un état constant de zénitude. On se libère des contraintes du temps qui nous obligeraient à rouler toujours plus vite et plus loin. Et ça fait du bien! Bilan de mon aventure : 8,20 $ en énergie, 180 km de tour de machine, un beigne trop sucré, du plein air en masse, une nouvelle complicité avec mon ado et zéro émission polluante. Rouler vert, c’est drôlement payant!