Une brocante… pour les plantes

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Aude Couturier et Solène Mahé, deux amies trentenaires, ont lancé l’initiative en 2021 après avoir travaillé auprès de publics vulnérables. (c) Pascaline David
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13 mars 2025 - Pascaline David, journaliste de l'Initiative de journalisme local

En France, La Brocante Verte permet aux plantes comme aux humains de s’épanouir à nouveau. Cette ressourcerie récupère les végétaux voués à être jetés pour les soigner et les revendre à petits prix. Elle tend aussi la main à des personnes exclues, souvent en situation d’itinérance, en leur offrant un emploi et la chance de reprendre racine.

Nantes, ville située dans l’ouest de la France, est prisée pour son château du 15e siècle et son majestueux éléphant mécanique de 12 mètres de haut, mais aussi pour sa riche vie associative. Il suffit de se rendre au Wattignies, un ancien bâtiment industriel reconverti en lieu alternatif, pour le constater. À l’intérieur, la musique pop se mêle aux bruits de l’atelier de réparation de vélo et aux tasses du bar-restaurant qui s’entrechoquent. La clientèle cherche des trésors dans la friperie et dans les bacs du disquaire, ou bien chine des meubles de seconde main.

Au milieu se dresse le petit chalet en bois de La Brocante Verte, où trônent nombre de bouquets colorés et de plantes attendant d’être achetés. Chaque semaine, l’association collecte, en vélo-cargo ou en camion, les surplus d’une quarantaine de commerces, dont des pépinières, jardineries, fleuristes et magasins de décoration. Sur le parvis du bâtiment, juste à côté, des personnes en grande précarité s’affairent à proximité d’une serre, où elles soignent entre autres géraniums abîmés et orchidées fanées. Autour, des étagères débordent de plantes d’extérieur qui vivent leur meilleure (seconde) vie.

Aude Couturier et Solène Mahé, deux amies trentenaires, ont lancé l’initiative en 2021 après avoir travaillé auprès de publics vulnérables. « On voulait continuer à accompagner des personnes sans domicile pour les aider à retrouver le chemin du travail en douceur », confie Aude Couturier. Constatant les tonnes de déchets verts produits chaque année et le bilan carbone désastreux des plantes « neuves », l’idée d’ouvrir une ressourcerie végétale a bourgeonné.

Les patients feuillus y sont taillés, baignés, traités, rempotés, et parfois même séchés dans une autre petite pièce pour d’éventuelles compositions florales. En 2024, 28 000 plantes (soit 144 tonnes) ont ainsi été sauvées de l’enfouissement. « Je ne pensais pas qu’on aurait collecté autant de plantes, se réjouit Solène Mahé. En 2021, on en avait récupéré 15 tonnes. Ça a été difficile de convaincre les entreprises au départ, et puis la progression a été hallucinante. »

Chaque semaine, l’association collecte, en vélo-cargo ou en camion, les surplus d’une quarantaine de commerces, dont des pépinières, jardineries, fleuristes et magasins de décoration. (c) Pascaline David

Retrouver la confiance

La Brocante emploie rarement plus de huit personnes à la fois, recrutées par l’intermédiaire de travailleuses sociales pour un contrat d’un an maximum. Leurs horaires sont progressifs et adaptés à chaque situation individuelle, et ne dépassent jamais 20 heures par semaine. Elles sont formées principalement par Aude et Solène, et ont la possibilité de réaliser deux courts stages dans différents domaines, au restaurant du Wattignies, par exemple, pour explorer d’autres terreaux.

Guillaume, 30 ans, conduit le camion de collecte de l’association depuis six mois. « Le travail à la brocante convient à mon rythme, témoigne-t-il. Il me fallait un mi-temps, sinon ça me plombe le cerveau. » Souffrant d’un trouble psychique, il ressent beaucoup de fatigue en raison de la prise de médicaments. S’il n’a jamais vécu dans la rue, Guillaume s’est débrouillé comme il le pouvait, peinant à trouver sa place dans la société. Il dit avoir été sous-payé et avoir dormi dans une fourgonnette pendant un mois.

Son contrat à l’association lui confère un revenu stable et convenable, ainsi qu’un équilibre mental précieux. « J’étais un peu perdu quand j’étais tout seul, mais maintenant je visualise le bout du tunnel, dévoile-t-il avec émotion. C’est très humain ici, ça fait beaucoup de bien au moral et je me vois mieux trouver un travail après. » Le sourire aux lèvres, Guillaume confie avoir retrouvé confiance en lui grâce à Aude et Solène. 

Une fois embauchés, très peu de gens restent dans la rue. La Brocante Verte a noué un partenariat avec les Bureaux du cœur, une association qui permet aux personnes en situation d’itinérance de trouver du répit dans des bureaux vides mis à leur disposition, les soirs et les fins de semaine. Pour sa part, Guillaume réside dans une maison intergénérationnelle grâce à Habitat et Humanisme, un organisme ’aide au logement et à l’insertion.

« Le plus beau, c’est quand les anciens reviennent en étant plus ouverts, en ayant bâti des amitiés, témoigne Aude Couturier. C’est formidable de voir l’estime de soi se reconstruire. » Un employé qui n’était jamais parti en vacances a ainsi décidé de voyager en vélo avec sa tante. « Un lien différent se crée avec eux, ils deviennent de véritables personnes-ressources, abonde Solène Mahé. On se dit qu’on a réussi à transformer leur vie, c’est vraiment chouette. »

« J’étais un peu perdu quand j’étais tout seul, mais maintenant je visualise le bout du tunnel. C’est très humain ici, ça fait beaucoup de bien au moral et je me vois mieux trouver un travail après.Guillaume, 30 ans, employé de La Brocante Verte

Un modèle vertueux

Tout le monde semble trouver son compte dans ce modèle, alors que les entreprises qui font don de leurs invendus bénéficient d’une déduction fiscale et évitent le coût du compostage. Les particuliers peuvent aussi apporter leurs plantes quand ils déménagent, par exemple. Les végétaux qui ne peuvent pas être requinqués sont transformés en terreau et compost, tandis que ceux que La Brocante n’arrive pas à vendre sont redistribués pour garnir des jardins partagés, des hôpitaux, et même la prison de Nantes.

L’association collabore également avec deux crématoriums. Lors d’une incinération, seuls un ou deux bouquets peuvent être brûlés avec le corps, et le reste est souvent jeté. « Quand ce sont d’énormes compositions qui pèsent 10 kg et prennent toute la place, c’est un peu glauque, on ne sait pas quoi en faire, explique Aude. Maintenant, il est proposé à chaque famille endeuillée de nous les donner. » Cela permet de fleurir plusieurs restaurants du coin.

Des points de collecte ont en outre été mis en place dans des cimetières des environs pour permettre la récupération des 300 à 400 pots en terre cuite contenant les chrysanthèmes, fleurs du deuil, qui sont mis à la poubelle chaque année.

Guillaume a trouvé dans La Brocante Verte un tremplin bienveillant pour reprendre la voie du travail. Photo de Pascaline David

Et au Québec?

Après avoir reçu plusieurs prix reconnaissant son succès grâce à son approche unique, La Brocante Verte a suscité l’intérêt de nombreuses personnes, qui ont contacté Aude et Solène pour créer des initiatives similaires. Des ressourceries végétales éclosent progressivement dans différentes villes françaises. Au Québec, ce n’est pas encore le cas. 

« Je n’ai jamais entendu parler de ressourcerie végétale ici, mais pourquoi pas? Il y aurait des besoins », estime Louis Kemp, président de l’Association des Ressourceries du Québec. Voilà deux ans, la ressourcerie Dépanne-Tout, dont il est directeur, a revendu à moindre coût 200 bacs de fleurs donnés par un producteur de la région.

Les frais liés à la revalorisation des plantes pourraient en partie expliquer leur absence, selon Charles Gagnon, coordonnateur au développement de projets structurants au Chantier de l’économie sociale. « Le fait d’être une entreprise d’insertion permet de stabiliser l’ensemble des activités », analyse-t-il. Autrement dit, des subventions sont nécessaires pour éviter que les coûts se reportent sur les prix d’achat. C’est le cas de La Brocante Verte, qui est soutenue partiellement grâce à son statut d’entreprise d’insertion.

Les friperies Renaissance en sont un bon exemple, avec leur triple mission – sociale, environnementale et économique –, de même qu’Insertech, qui forme de jeunes adultes sans emploi au reconditionnement d’ordinateurs. Un projet axé sur les végétaux pourrait aussi voir le jour au Québec si des ententes étaient nouées avec des instances locales, comme les municipalités et les MRC, selon Charles Gagnon. « Il y a tout un réseau de soutien de l’idéation au financement pour permettre le développement d’une idée comme celle-là, indique-t-il. L’une des premières choses à faire serait de contacter un pôle régional en économie sociale. »

« C’est fascinant et positif, je pense que ça pourrait se déployer au Québec, lance Lorraine Simard, experte en économie circulaire et fondatrice du Comité 21, un organisme de conseil aux entreprises. Ceux qui ont des missions sociales ou liées à l’environnement pourraient combiner leurs forces. » Un terreau fertile semble bel et bien exister pour faire germer une ressourcerie végétale au Québec.

 

Découvrez également le reportage vidéo de Pascaline à Nantes

@faitque

🇫🇷 En France, La Brocante Verte permet aux plantes comme aux humains de s’épanouir à nouveau. Cette ressourcerie récupère les végétaux voués à être jetés pour les soigner et les revendre à petits prix. Elle tend aussi la main à des personnes exclues, souvent en situation d’itinérance, en leur offrant un emploi et la chance de reprendre racine. Nantes, ville située dans l’ouest de la France, est prisée pour son château du 15e siècle et son majestueux éléphant mécanique de 12 mètres de haut, mais aussi pour sa riche vie associative. Il suffit de se rendre au Wattignies, un ancien bâtiment industriel reconverti en lieu alternatif, pour le constater. À l’intérieur, la musique pop se mêle aux bruits de l’atelier de réparation de vélo et aux tasses du bar-restaurant qui s’entrechoquent. La clientèle cherche des trésors dans la friperie et dans les bacs du disquaire. 🪴 Au milieu se dresse le petit chalet en bois de La Brocante Verte, où trônent nombre de bouquets colorés et de plantes attendant d’être achetés. Chaque semaine, l’association collecte, en vélo-cargo ou en camion, les surplus d’une quarantaine de commerces, dont des pépinières, jardineries, fleuristes et magasins de décoration. Sur le parvis du bâtiment, juste à côté, des personnes en grande précarité s’affairent à proximité d’une serre, où elles soignent entre autres géraniums abîmés et orchidées fanées. Autour, des étagères débordent de plantes d’extérieur qui vivent leur meilleure (seconde) vie. Aude Couturier et Solène Mahé, deux amies trentenaires, ont lancé l’initiative en 2021 après avoir travaillé auprès de publics vulnérables. « On voulait continuer à accompagner des personnes sans domicile pour les aider à retrouver le chemin du travail en douceur », confie Aude Couturier. Constatant les tonnes de déchets verts produits chaque année et le bilan carbone désastreux des plantes « neuves », l’idée d’ouvrir une ressourcerie végétale a bourgeonné. #nantes #france #plantes #inspiration #plante #bonneidee #ressourcerie #inclusion #emploi #unpointcinq

♬ son original – FAIT QUE par Unpointcinq

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