À la pêche en pick-up électrique

Chargement de coffre de voiture
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©Simon Diotte
Created with Lunacy 4 min

19 juin 2023 - Simon Diotte, Coureur des bois dans l'âme

Dans une récente chronique, Régis Labeaume a écrit qu’il ne partirait jamais dans le bois en véhicule électrique sans être sûr d’avoir accès à une génératrice à essence pour le recharger. L’ex-maire de Québec dit-il n’importe quoi?

Depuis plus de 15 ans, j’effectue mon pèlerinage annuel de pêche à la fin de mai avec les potes. Un week-end sans femmes et sans enfants où les grandes conversations intellectuelles style Le déclin de l’empire américain sont remplacées par de grandes analyses sur le meilleur truc pour ferrer des poissons, qui, inlassablement, nous échappent.

Barque sur lac au coucher du soleil
©Simon Diotte

Chaque année, nous louons une camionnette pour nous aventurer sur les chemins forestiers cahoteux qui nous mènent aux lacs poissonneux. La boîte arrière sert à transporter les moteurs hors-bord à essence, qui n’entrent point dans nos petites voitures urbaines. Chaque fois, nous sommes découragés par la consommation excessive d’essence de notre pick-up de service. Ça fait non seulement mal au climat, mais aussi à notre portefeuille. En 2023, nous avons décidé de prendre le virage électrique.

Par contre, en matière de camionnettes avec plaque verte, les entreprises de location de voitures tardent à prendre le virage. J’ai obtenu le prêt d’un F-150 Ligthning, le pick-up tout électrique de Ford. Devant mon projet, le représentant de la marque au logo ovale affichait quand même un air inquiet, ayant peur que le journaliste écolo que je suis se perde en forêt avec la batterie à plat, ce qui me donnerait un argument de plus pour conclure que le vélo, c’est toujours plus écologique que les camions légers (ce qui est quand même vrai!). Pour se rassurer, il voulait me faire un plan de recharge avant de partir. Décidément, on ne me faisait pas confiance!

Mais moi, j’avais zéro stress, au contraire de notre Régis national. J’en connais un brin sur les véhicules sans pot d’échappement, et ce mastodonte possède une autonomie impressionnante de 525 km, assez pour rouler Montréal-Tadoussac sans y brancher un pistolet de recharge.

A l'intérieur d'un pick-up électrique
©Simon Diotte

Mon véhicule de fonction servirait non seulement à transporter trois pêcheurs (incluant mon humble personne), mais aussi à charger au chalet sans électricité les deux batteries marines de notre moteur électrique. Car oui, le F-150 possède de multiples prises électriques. Apporte ton séchoir à cheveux, ta tévé puis ta machine à espresso : cette machine est en réalité une grosse batterie ambulante.

Avant d’aller taquiner des truites, soyons clairs : je n’aime pas les camionnettes. Je considère que ces véhicules à la mode empirent la congestion routière (ce que prouve cette étude), mettent en danger les autres usagers et usagères de la route, comme les piétons, les piétonnes et les cyclistes, et consomment trop d’énergie pour se déplacer. Toutefois, ils peuvent rendre service, comme dans la construction et à la pêche en pourvoirie. Puisqu’ils sont parfois indispensables, autant qu’ils le soient en mode électrique.

Moins nocif qu’on le pense

Bien que les F-150 Lightning, seul modèle 100 % électrique actuellement offert au Canada, sont pourvues de grosses batteries, comme les autres camionnettes électriques à venir, leur impact environnemental demeure bien en deçà de leurs pendants à combustion. Une étude américaine de 2022 a comparé le cycle de vie des camionnettes à essence et électrique, en prenant en compte toutes les variables en jeu, de la construction des pièces des véhicules jusqu’à leur impact lors de leur traitement ultime.

Pick-uo électrique de l'extérieur
©Simon Diotte

Les résultats : durant leur durée de vie, les camionnettes électriques émettent en moyenne seulement 34 % des émissions de leurs consœurs à essence. Ce qui représente une importante réduction de 74 tonnes de CO2. Plus le véhicule est gros, plus la conversion du groupe motopropulseur d’une camionnette à l’électricité s’avère avantageuse en diminution de l’intensité carbone. Et plus le mix énergétique local diminue en carbone, comme c’est le cas au Québec, plus le véhicule électrique distance celui à essence. Toujours selon cette étude de l’Université du Michigan, une camionnette électrique émet moins de GES que n’importe quelle voiture à essence, peu importe le mix énergétique local.

C’est avec cette étude en tête que je me déculpabilise, pour un week-end, de rouler dans un véhicule qui pèse 6361 livres et qui traîne une mégabatterie de 131 kWh, plus du double de la Model 3 de Tesla. À condition que je ne dépende pas, à l’arrivée au chalet, d’une génératrice à essence!

Tant pis pour Labeaume!

Déception pour Labeaume et compagnie : ma pêche électrique a été tellement dépourvue de péripéties que j’hésite à vous en parler afin d’éviter de vous endormir. Mais allons-y rapidement. J’ai roulé de Montréal à Saint-Michel-des-Saints. Là-bas, au bout de la route 131 Nord, j’ai chargé mon véhicule pendant 38 minutes sur la seule borne de recharge rapide de la ville, qui se situait à quelques pas du restaurant où j’ai avalé mon déjeuner avec mes amis pêcheurs.

Pause recharge à Saint-Michel-des-Saints
Pause recharge à Saint-Michel-des-Saints ©Simon Diotte

Puis je suis parti le cœur léger dans le bois pour deux jours de pêche intense. En arrivant au chemin Manawan, j’avais 430 km d’autonomie (je n’ai pas rechargé au complet : à quoi bon?). Je suis revenu du bois avec 354 km de latitude, rentrant à Montréal sans faire de recharge. Faut croire que le chalet n’était pas assez loin. Évidemment, je ne traînais pas une remorque avec un ponton. La nuit, j’ai chargé les batteries du moteur hors-bord électrique, ce qui a eu un impact négligeable sur la charge.

Pêcheur sur une barque
©Simon Diotte

Finalement, j’ai surtout économisé des GES et des bidous. Lors de mon unique pause recharge, j’ai mis 8 $ d’énergie… De retour à la maison, je n’ai pas rechargé, mais j’aurais pu le faire sur une borne de niveau 2 du Circuit électrique, ce qui m’aurait délesté d’à peu près 15 $ (ce que j’ai fait la veille du départ). Donc, 23 $ d’essence… oups! d’électricité pour 400 km dans un monstre de fer. À essence, un F-150 de même gabarit (11,7 L/100 km) en aurait consommé pour 80 $ (au prix de 1,71 $/L). Seul bémol de l’expérience : les mouches noires. Elles semblaient vraiment apprécier notre givrage plus vert…

Pêcheur sur une barque au coucher du soleil
©Simon Diotte

Des bornes forestières

Si dans les camps de pêche, les bornes se font aussi rares que les caribous, les pêcheurs peuvent se brancher dans les villages adjacents à la Windigo avant de s’y diriger, ce qui rend les aventures dans le bois accessibles aux électromobilistes. Des stations de recharge se trouvent à proximité ou à l’intérieur de certaines réserves fauniques, comme Ashuapmushuan (au kilomètre 85,8), Laurentides (L’Étape et Camp Mercier), La Vérendrye (Halte du Domaine), Rimouski (Saint-Esprit) et Saint-Maurice (Hôtel Marineau). Quatre pourvoiries du Québec possèdent aussi leurs propres bornes de recharge, soit L’Auberge Lac-à-L ’eau-Claire, la Pourvoirie du Lac Blanc, la Pourvoirie Lac de l’Indienne et La Cache Outfitters. La Sépaq annonce aussi l’installation prochaine de bornes dans les réserves fauniques Mastigouche, de Papineau-Labelle et de Port-Daniel. Que la pêche soit électrisante!

Simon Diotte et son doré
Moi et mon doré ©Simon Diotte

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