Quand l’action climatique vaut le périple

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Pédaler plus de 4000 km à la rencontre des acteurs de l’action climatique au Québec, c’est le pari que ma compagne et moi nous sommes lancé l’été dernier.

Partir à vélo sur les routes du Québec pour rencontrer celles et ceux qui, au quotidien, mettent l’épaule à la roue et agissent face aux changements climatiques. Ce projet un peu fou n’est pas né de nulle part. Forts d’une première expérience à bécik à travers l’Europe il y a cinq ans, c’est avec joie que nous avons ressorti nos bons vieux compagnons de route et de camping.

Au programme : des paysages sublimes, des rencontres hors du commun, beaucoup de vent de face, et un constat : la nature québécoise, aussi belle que fragile, regorge de gens comme vous et moi, prêts à passer à l’action pour la préserver.

J’ai ramené de cette expérience unique une minisérie vidéo de cinq épisodes. Les voici rassemblés ici et mis chacun en contexte.

15 juin. Le voyage débute à Montréal dans le froid et sous une pluie battante. Dix jours plus tard, la chaleur de l’été s’est enfin installée. Nous faisons escale au cœur du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Nous y découvrons un ensemble de villages qui se sont déclarés « municipalités nourricières ». Cette démarche implique les citoyens dans le but de relocaliser la production d’aliments frais au cœur des villes. Nous comprenons dès lors qu’à l’écart des grands centres urbains, ces petits villages tranquilles ne le sont pas tant que ça. Ici aussi, on pense déjà aux réalités de demain.

Après avoir grimpé et descendu les spectaculaires dénivelés de la route 138, nous voilà, quelques jours plus tard, arrivés sur la Côte-Nord. Cette fois, c’est la fragilité du Québec qui nous frappe. Le littoral s’effondre à vue d’œil. Une érosion qui n’en finit plus de gruger les rives, poussée par les changements climatiques. Les élus locaux sont sur le pont, sans se voiler la face devant la situation. Rivière-Saint-Jean est la ville la plus touchée par l’érosion au Québec, selon les spécialistes de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). Sa mairesse, Josée Brunet, nous explique son long combat.

Quelques kilomètres plus loin, nous allons déranger deux chercheurs de l’UQAR rivés à leurs ordinateurs dans une improbable auberge de Longue-Pointe-de-Mingan. Ils viennent de faire voler un drone dernier cri au-dessus des rivages. Les images sont aussi spectaculaires qu’inquiétantes. La côte est en train de disparaître et les universitaires cherchent à comprendre pourquoi.

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À quelques encablures de là, la réserve innue de Mingan donne l’exemple en matière d’action climatique. La communauté n’en est pas à son premier fait d’armes. Son chef, Jean-Charles Piétacho, s’engage depuis longtemps sur la question de l’érosion des berges et de la protection de l’île d’Anticosti. Ici, une petite révolution est en marche depuis 2018 : il n’y a pas de bac brun, mais un nouveau service de ramassage de déchets organiques rythme la vie des habitants d’Ekuanitshit deux fois par semaine.

Lorsque nous arrivons sur nos vélos, l’écopatrouille nous attend de pied ferme. Nous les suivrons toute la matinée pendant la collecte, le tri et le compostage des déchets. Au bout de la chaîne, le compost nourrit un jardin communautaire entretenu par les jeunes générations de la communauté. Tout un exemple.

Notre voyage nous fait ensuite traverser les grands espaces des provinces maritimes. Nos mollets et nos cuisses s’affermissent dans les âpres, mais incroyables paysages de l’île de Terre-Neuve, franchis entre pluie et brouillard. Nous prenons le bateau pour rejoindre la Nouvelle-Écosse, puis l’Île-du-Prince-Édouard. Le retour en terre québécoise s’effectue après quelques heures de traversier. Nous débarquons aux Îles-de-la-Madeleine, qui seront fidèles à leur réputation. D’une beauté saisissante, elles nous charment instantanément.

La gentillesse des Madelinots ne fait qu’accentuer cette sensation féérique. Ici, loin de tout, on n’a pas attendu les changements climatiques pour adopter des gestes écoresponsables.

Le meilleur exemple : la Materiauthèque, une sorte de magasin de réno où absolument tout provient de la récupération. Ce royaume des patenteux permet de soustraire quantité de gaz à effet de serre en évitant le transport et l’enfouissement de tonnes de déchets qui finissent sur le continent.

Après cette belle escale, qui nous a permis de récupérer l’énergie dépensée sans compter dans les Maritimes, notre voyage prend des allures de retour vers Montréal. Après une crevaison et une remontée (trop) venteuse du Nouveau-Brunswick, nous voici dans la superbe vallée de la Matapédia.

C’est ici qu’on élabore la maison du futur, une habitation dont l’empreinte carbone est réduite au minimum. À Amqui, les scientifiques des laboratoires du SEREX, service de recherche et d’expertise en transformation des produits forestiers, nous ouvrent grand leurs portes. Leurs travaux sont impressionnants. À partir de bois, ils réussissent à créer des matériaux de construction se substituant au pétrole.

Pour mieux comprendre leur utilisation, nous rejoignons les bords du Saint-Laurent : aux Jardins de Métis, la maison de demain existe déjà et se nomme ERE 132. Fruit d’un partenariat régional entre architectes et ingénieurs, le bâtiment est un concentré du savoir-faire québécois.

18 août. Après deux mois passés sur les routes, 4400 km au compteur, 19 000 m de dénivelés et des souvenirs plein la tête, nous sommes de retour à Montréal. Fourbus, mais heureux. Impossible après une telle virée de ne pas considérer que l’action climatique est bel et bien en marche au Québec. La province a manifestement toutes les armes et toutes les ressources humaines nécessaires pour devenir un exemple. Et elle nous donne 1000 occasions de repartir. Vivement!

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