Éric au pouce vert

Eric Duchemin_Portrait jardin_AU-LAB
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Lorsqu’on demande à Éric Duchemin si on peut le rencontrer dans un endroit qui lui ressemble, il répond aussitôt : « Un jardin! » avant d’ajouter, amusé : « Mais en cette saison, on risque d’avoir froid. » Même si on était prêt à braver les éléments pour parler agriculture urbaine avec ce passionné, c’est donc dans la chaleur de son bureau qu’aura lieu la rencontre.

Il arrive en souriant et précise qu’il est un peu pressé parce qu’il doit livrer du miel. Décidément, cet homme n’arrête jamais. Non content d’être professeur associé à l’UQAM et directeur scientifique du Laboratoire d’agriculture urbaine de cette même université, il est aussi apiculteur. À moins qu’il n’en rajoute un peu. « Nous avons un rucher à l’UQAM et j’ai une livraison à faire au Complexe Desjardins. » Autant pour nous. « Mes collègues sont persuadés que je ne dors jamais », ajoute-t-il, comme s’il avait lu nos pensées. « Je peux vous assurer que c’est faux. C’est juste que, quand on aime ce qu’on fait, on ne compte pas ses heures. »

À défaut de compter ses heures, Éric Duchemin compte les jardins. Depuis 2009, avec l’aide d’autres chercheurs, il a ainsi entrepris de recenser tous les espaces verts de Montréal. Du plant de tomate de votre tante Josette aux jardins communautaires de vos chums du Plateau, tout l’intéresse.

« Quand nous avons débuté, même la Ville de Montréal n’avait pas de recensement complet. Le problème, c’est qu’au bout de six mois de travail, on s’est rendu compte que nos données étaient obsolètes, car les jardins avaient déjà doublé en nombre. On a donc créé un système de cartographie citoyenne participative. »" ["post_title"]=> string(19) "Éric au pouce vert" ["post_excerpt"]=> string(405) "Cet homme là adore mettre les mains dans la terre mais il n'a rien d'un beatnik. Chercheur en agriculture urbaine, Éric Duchemin a entrepris avec l'aide de son équipe de recenser tous les jardins de Montréal, des quelques plants de tomates aux grands jardins urbains. Autant d’outils pour lutter contre les îlots de chaleur... à conditions d'être correctement entretenus et adaptés au terrain. " ["post_status"]=> string(7) "publish" ["comment_status"]=> string(6) "closed" ["ping_status"]=> string(6) "closed" ["post_password"]=> string(0) "" ["post_name"]=> string(15) "eric-pouce-vert" ["to_ping"]=> string(0) "" ["pinged"]=> string(0) "" ["post_modified"]=> string(19) "2020-02-03 21:16:18" ["post_modified_gmt"]=> string(19) "2020-02-04 02:16:18" ["post_content_filtered"]=> string(0) "" ["post_parent"]=> int(0) ["guid"]=> string(30) "https://unpointcinq.ca/?p=10377" ["menu_order"]=> int(0) ["post_type"]=> string(4) "post" ["post_mime_type"]=> string(0) "" ["comment_count"]=> string(1) "0" ["filter"]=> string(3) "raw" ["header"]=> string(4) "blog" ["displayCategories"]=> bool(true) }
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Cet homme là adore mettre les mains dans la terre mais il n’a rien d’un beatnik. Chercheur en agriculture urbaine, Éric Duchemin a entrepris avec l’aide de son équipe de recenser tous les jardins de Montréal, des quelques plants de tomates aux grands jardins urbains. Autant d’outils pour lutter contre les îlots de chaleur… à conditions d’être correctement entretenus et adaptés au terrain.

Lorsqu’on demande à Éric Duchemin si on peut le rencontrer dans un endroit qui lui ressemble, il répond aussitôt : « Un jardin! » avant d’ajouter, amusé : « Mais en cette saison, on risque d’avoir froid. » Même si on était prêt à braver les éléments pour parler agriculture urbaine avec ce passionné, c’est donc dans la chaleur de son bureau qu’aura lieu la rencontre.

Il arrive en souriant et précise qu’il est un peu pressé parce qu’il doit livrer du miel. Décidément, cet homme n’arrête jamais. Non content d’être professeur associé à l’UQAM et directeur scientifique du Laboratoire d’agriculture urbaine de cette même université, il est aussi apiculteur. À moins qu’il n’en rajoute un peu. « Nous avons un rucher à l’UQAM et j’ai une livraison à faire au Complexe Desjardins. » Autant pour nous. « Mes collègues sont persuadés que je ne dors jamais », ajoute-t-il, comme s’il avait lu nos pensées. « Je peux vous assurer que c’est faux. C’est juste que, quand on aime ce qu’on fait, on ne compte pas ses heures. »

À défaut de compter ses heures, Éric Duchemin compte les jardins. Depuis 2009, avec l’aide d’autres chercheurs, il a ainsi entrepris de recenser tous les espaces verts de Montréal. Du plant de tomate de votre tante Josette aux jardins communautaires de vos chums du Plateau, tout l’intéresse.

« Quand nous avons débuté, même la Ville de Montréal n’avait pas de recensement complet. Le problème, c’est qu’au bout de six mois de travail, on s’est rendu compte que nos données étaient obsolètes, car les jardins avaient déjà doublé en nombre. On a donc créé un système de cartographie citoyenne participative. »
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Trois points de vue sur la ferme urbaine Projet VERTical située sur le toit du Palais des congrès, d’une superficie de 600 m2. (© AU/LAB)
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Aménager les toits en jardins peut rendre la ville plus résiliente en luttant contre les îlots de chaleur.
Éric Duchemin

42 % d’agriculteurs urbains à Montréal

Et alors? A-t-on envie de demander avant même qu’il ait fini sa phrase. Combien y a-t-il de jardins à Montréal? « Difficile à dire », rétorque le principal intéressé. « Certaines personnes n’ont pas Internet ou n’ont juste pas envie de s’inscrire sur le site. Il y a eu trois sondages à Montréal. Selon les résultats, 42 % des habitants de la ville disent pratiquer l’agriculture urbaine, ce qui correspond à environ 700 000 personnes. Parallèlement à ça, nous avons fait des recherches cartographiques par photo satellite et, là, on remarque que ce ne sont que 2 à 3 % des gens qui ont des potagers visibles dans leur arrière-cour », précise-t-il.

Oups! Nous qui espérions un scoop. Il faudra repasser. Mais alors, si les chiffres sont difficiles à établir, pourquoi se donner tant de mal? « L’agriculture urbaine aide à créer un monde urbain plus viable, notamment face au réchauffement climatique. Aménager les toits en jardins peut rendre la ville plus résiliente en luttant contre les îlots de chaleur. Elle peut aussi jouer un rôle en matière de recyclage des matières organiques, de gestion de l’eau, de biodiversité, ou encore d’émissions de GES. »

Mais pour que ces jardins deviennent une solution, encore faut-il qu’ils soient prêts à relever de nouveaux défis. Et c’est là qu’intervient Éric Duchemin et le Laboratoire d’agriculture urbaine. « Les changements climatiques entraînent des problèmes : températures, ravageurs, gestion de l’eau. Il s’agit de déterminer si les agriculteurs ont des pratiques adaptées à ce qui s’en vient. Après, si l’on veut développer ces espaces, la question de leur entretien se pose : qui le fait et qui paie? », explique le chercheur. « Ce n’est pas parce que c’est de l’agriculture urbaine que c’est forcément socialement, économiquement ou environnementalement bon. Pour que cela le soit, il faut faire l’état des lieux et avoir des projets adaptés », conclut-il.

En mai 2017, le Laboratoire a signé une entente avec le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec pour devenir un carrefour de recherche, d’expertise et de transfert en agriculture urbaine. « Il y a 10 ans, quand on parlait d’agriculture urbaine, il n’était pas rare que les gens éclatent de rire. À l’époque, ça n’avait pas encore de lettres de noblesse, ça restait très underground. Les poules, c’était pour les beatniks, les hippies. Je n’arrêtais pas de leur dire qu’ils se trompaient. » Rira bien qui rira le dernier.

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Le Palais des congrès de Montréal est devenu l'été dernier une immense vitrine de promotion pour l'agriculture urbaine. (© Tourisme Montréal)