Niché au cœur de La Petite-Patrie, à Montréal, le Café des Habitudes rayonne avec son ambiance chaleureuse. Ici, presque tout le mobilier est de seconde main, on ne trouve aucune trace de produits animaux, tout est bio, consignable, réutilisable et local. Être « écoresponsable », voilà le pari qu’a fait Joanna Nisenbaum en ouvrant son café il y a un an et demi.
Par Marie-Soleil Marleau, 15 ans
Jeune journaliste en environnement Sors de ta bulle – Cohorte 2023
À l’intérieur, des meubles usagés et colorés, des livres joliment disposés et beaucoup de plantes ajoutent à l’ambiance unique des lieux, qui donnent envie de s’arrêter et de regarder le temps passer. « Le Café des Habitudes, c’est un lieu de connexion humaine, un lieu créateur de belles habitudes de vie », résume Joanna Nisenbaum, qui en est la fondatrice et propriétaire. Le café, fréquenté par une clientèle de « 0 à 99 ans », est un endroit accueillant où l’on transmet des valeurs sociales et environnementales bien établies.
Dans une autre vie, Joanna travaillait en marketing. Elle consommait énormément de fast fashion, mangeait régulièrement de la restauration rapide et vivait à toute vitesse dans cette société de consommation. Puis, elle raconte avoir eu, il y a quelques années, une prise de conscience de la situation en environnement et avoir voulu respecter ses valeurs en fondant son entreprise.
« Il faut arrêter de faire l’autruche. On le sait ce qui se passe dans le monde, on le sait où en est le monde. Il faut arrêter de dire que c’est compliqué, les solutions existent, elles sont là. Et j’ai fait le pari de dire : “Et si on essayait ?” » raconte la jeune trentenaire.
Bien s’entourer
Pour celle qui ne vient pas du milieu de la restauration, trouver des distributeurs qui collaient à ses valeurs a été un défi. Elle a plutôt décidé de faire affaire directement avec les producteurs ou les fournisseurs, à qui elle peut expliquer sa vision des choses.
« J’ai envie de travailler avec des gens qui me connaissent; on n’est pas juste un numéro de client », lance la Française installée au Québec depuis près de 10 ans.
C’est le cas de son fournisseur de laits végétaux. En recevant du concentré de boisson végétale dans des contenants, qu’elle utilise et retourne à l’entreprise une fois vides, la restauratrice évite d’utiliser des dizaines de boîtes jetables. Elle fonctionne selon le même principe avec la majorité de ses fournisseurs, de qui elle reçoit les livraisons en même temps que celles d’une épicerie zéro déchet située juste en face du café.
« On se partage les infos, on travaille beaucoup ensemble pour limiter l’empreinte carbone de nos activités et pour qu’il n’y ait pas trop de camions qui circulent. J’essaie de trouver les mêmes fournisseurs qu’eux, pour que chaque fois qu’il y a un camion qui leur livre, il nous livre aussi », ajoute-t-elle.
Il faut dire qu’en incluant toutes les étapes de son cycle de vie (production, transport, préparation), l’empreinte carbone du café est considérable. L’entrepreneuse en est consciente, mais elle y travaille. Son torréfacteur, Pista, lui livre ses grains dans des bacs, plutôt que dans des sacs de plastique jetables, et c’est d’ailleurs elle qui a donné l’idée à l’entreprise de fonctionner ainsi avec toute sa clientèle d’affaires.
La jeunesse, source d’espoir
Joanna Nisenbaum est aussi présidente du conseil d’administration de La Vague, un organisme à but non lucratif qui vise à limiter l’utilisation de plastique jetable. L’organisme est à l’origine de La Tasse, un circuit de tasses réutilisables qu’il est possible de prendre dans un café et de ramener dans un autre. Le café ne sert donc aucune tasse jetable, que du réutilisable.
La propriétaire du café, également mère d’une petite fille, est consciente de l’ampleur du défi climatique. Elle constate cependant que les préoccupations environnementales peuvent être un moteur d’action, particulièrement chez les jeunes.
« Je vois mon staff et des gens qui ont 20 ans dire “Moi, je veux absolument travailler ici, dans un lieu qui incarne mes valeurs”, et je me dis, qu’ils aient cette vision-là à 20 ans, ça donne espoir », conclut-elle.
L’expérience de rédaction de Marie-Soleil
J’ai beaucoup aimé apprendre la façon dont on s’y prend pour produire un article et réaliser tout le travail qu’il y a derrière. Cependant, je ne m’attendais pas à avoir autant de difficulté à trouver un café qui voudrait répondre à mes questions et j’ai dû mettre trois mois avant d’obtenir une date d’entretien. Malgré tout, j’ai adoré mon expérience et j’ai déjà hâte de recommencer!