Boire un café sur le pouce sans polluer? C’est ce que propose La tasse, premier système de gobelets à café consignés au Québec. Née fin août dans le quartier Villeray, à Montréal, l’initiative d’une dizaine de cafetiers réveille l’action face aux changements climatiques.
C’est la boisson préférée des Canadiens, devant l’eau du robinet. En 2017, près des trois quarts des adultes canadiens consommaient quotidiennement du café, selon Coffee Association of Canada, un organisme à but non lucratif regroupant torréfacteurs, importateurs, fournisseurs, marchands et amateurs de café. Et environ 44 % des gens buvaient leur précieux liquide réveil-matin ailleurs qu’à la maison, une tendance à la hausse, toujours selon l’organisme.
Le hic? Comme elles sont enduites d’une pellicule imperméabilisante, les tasses à café jetables ne sont pas recyclables, explique Blaise Rémillard, responsable de l’Éco-quartier Villeray, à Montréal, qui a mis le projet La tasse sur les rails. Pareil pour leurs couvercles en polystyrène, qui finissent inévitablement au dépotoir.
Des gaz à effet de serre correspondant au volume d’un camion de déménagement (ou 25 kg d’équivalent CO2) : c’est ce qui est rejeté annuellement dans l’atmosphère si on boit un café de format moyen par jour dans un gobelet jetable en carton doublé d’une pellicule et coiffé d’un couvercle en plastique, ont calculé les chercheurs du Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG) pour Recyc-Québec.
C’est cinq fois plus que si on boit la même quantité de café dans une tasse de voyage en acier inoxydable.
Le principe de La tasse est simple : en échange de cinq dollars, vous partez avec une tasse en plastique réutilisable. Vous n’avez ensuite qu’à la rapporter dans n’importe quel café du réseau pour la remplir de café frais, l’échanger contre un gobelet propre ou encore vous faire rembourser la consigne.
« Nous avons tous une tasse de voyage, mais elle reste souvent à la maison! », dit Blaise Rémillard. « La tasse vient résoudre le problème : en échange d’un dépôt de cinq dollars, vous pouvez l’utiliser au café de votre choix. »
Couleur bleu ciel, le récipient est fabriqué à partir de polypropylène, un plastique 100 % recyclable. Autrement dit, au moment de rendre l’âme, la tasse peut être recyclée au lieu de se retrouver dans une mare de plastique au fond de l’océan. Conçue à partir de plastique alimentaire – ses concepteurs ont d’ailleurs cherché à limiter l’émission de gaz à effet de serre lors de la fabrication, assure Blaise Rémillard –, elle se lave de toutes les façons… même au lave-vaisselle.
L’initiative est née du café Oui mais non, rue Jarry, qui a tenté sans grand succès l’aventure des tasses à café consignées avant de contacter l’Éco-quartier Villeray. Pour l’instant, une dizaines de cafés de l’arrondissement Villeray participent au projet. Mais à terme, l’organisme, qui bénéficie du soutien de Recyc-Québec, souhaite étendre le réseau à tout le Québec et à tous les types de commerces, qu’il s’agisse de grandes chaînes ou de magasins indépendants.
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