Dans une industrie réputée polluante, une imprimerie de Laval fait tache d’encre propre avec une série de mesures pour réduire son bilan carbone. Une empreinte qu’elle souhaite durable et contagieuse.
Alors que de nombreuses PME ne sont pas encore au diapason du développement durable, la Chambre de commerce et d’industrie de Laval (CCIL) pousse pour accélérer l’engagement en ce sens des PME présentes sur son territoire. Élève modèle, l’imprimerie l’Empreinte est déjà passée à l’action, allant jusqu’à relocaliser son usine en fonction du lieu de résidence de ses employés.
Le personnel de l’imprimerie l’Empreinte était à l’étroit dans ce dédale de couloirs du bâtiment de l’arrondissement St-Laurent, un endroit mésadapté aux activités en pleine croissance de l’entreprise. Posant un geste aussi audacieux qu’inclusif, la direction a réuni tous les employés et leur a demandé de pointer sur une carte leur lieu de résidence. Constat : 80 % du personnel habitait la Rive-Nord. La décision de déménager à Laval fut alors instantanée. Des milliers de kilomètres de transport supprimés qui riment avec autant d’émissions de gaz à effet de serre (GES) évitées.
Accréditations multiples
Cet important changement constitue le premier pas vers un changement encore plus profond dans les activités de l’entreprise. Installés dans la nouvelle usine depuis maintenant trois ans, les 120 employés sont plus motivés que jamais à réduire leur impact environnemental. Au sein du comité écoresponsable, on passe à la loupe les façons de faire traditionnelles et on élabore de nouvelles mesures gagnantes sur le plan tant économique qu’environnemental.
Mais les changements apportés ne sont pas qu’esthétiques. Alors qu’elle ne recyclait que très peu auparavant, l’Empreinte détient aujourd’hui l’accréditation de niveau 2 du programme ICI ON RECYCLE!, propulsé par RECYC-QUÉBEC. En effet, l’entreprise recycle désormais 98 % de ses matières premières. Le vice-président aux ventes Yves Beauchamp et ses associés ont notamment fait l’acquisition d’une machine spécialisée qui récupère en continu les solvants usés. Cette mesure permet d’éviter l’achat de 120 barils de solvants par année, des économies substantielles qui s’ajoutent à celles réalisées par l’absence de déchets chimiques de cette nature à traiter.
En plus de recycler l’eau usée, la direction de l’entreprise s’est dotée d’une technologie permettant de récupérer l’air chaud des trois presses pour chauffer l’usine et les espaces à bureaux, éliminant du coup les factures de chauffage. Lors de l’aménagement des nouveaux espaces de travail, des ampoules DEL et des détecteurs de mouvement ont été installés pour maximiser l’efficacité énergétique. Porté par le succès de ces mesures et leurs économies subséquentes, Yves Beauchamp souhaite aller plus loin. La prochaine étape sera la récupération de l’encre utilisée.
L’Empreinte a relevé un défi de taille en atteignant la neutralité en matière d’émissions de carbone.
L’entreprise détient également un certificat attestant que le papier utilisé provient de forêts gérées selon les meilleures pratiques de régénération et d’exploitation reconnues internationalement. De multiples certifications qui témoignent de l’engagement des dirigeants et des employés dans ce processus rigoureux.
Pour nous, c’est important de travailler sur une image plus responsable du secteur de l’imprimerie.
Mobilisation des PME
Pour la Chambre de commerce et d’industrie de Laval (CCIL), l’expérience de l’imprimerie l’Empreinte est clairement inspirante. Yves Beauchamp était d’ailleurs invité à partager ses actions lors d’une table ronde en présence d’autres dirigeants au mois d’octobre dernier, histoire de démontrer que l’intégration de principes de développement durable en entreprise est accessible et garante d’un réel gain économique.
Depuis cinq ans, la CCIL a mis le cap sur le développement durable, un volet important de son plan économique. Grâce aux efforts du comité, plusieurs projets porteurs, favorisant l’échange de pratiques parmi les membres, s’organisent. « Le développement durable est de plus en plus un critère nécessaire pour répondre aux appels d’offres des donneurs d’ordre. Il s’agit aussi d’assurer la compétitivité de nos entreprises », mentionne Chantal Provost, présidente-directrice générale de la CCIL.
D’ailleurs, la thématique choisie aux dernières assises d’affaires était « Être une entreprise responsable, comment opérer un changement durable ». À l’occasion de cette journée, une centaine d’entrepreneurs ont travaillé en ateliers pour réfléchir à la façon d’intégrer le développement durable dans leurs modèles d’affaires.
Depuis mai 2017, la CCIL est engagée dans le projet Magnitude 10 du Fonds d’action québécois pour le développement durable (FAQDD). Réalisé en partenariat avec le ministère de l’Économie, de la Science et de la Technologie, le projet vise à accélérer l’implantation de pratiques écoresponsables au sein des PME québécoises. L’objectif de l’organisme est de faire en sorte que 30 % des entreprises au Québec aient lancé une initiative en développement durable d’ici 2020. Grâce à ses 1 500 membres et aux 12 000 PME implantées à Laval, la CCIL a le potentiel de mobiliser les entreprises de manière considérable.
Parmi les mesures déjà mises en place, mentionnons le programme Prox-Industriel, qui vise directement les industries, un secteur prioritaire en matière de changement de pratiques. « Notre rôle est de démontrer que le développement durable peut être rattaché à des actions d’affaires concrètes. Acquérir des réflexes pour inclure ces mesures dans la planification stratégique des PME est important », affirme Chantal Provost de la CCIL qui, à court terme, souhaite mettre en place des projets de symbiose industrielle en portant une attention particulière à l’industrie des emballages.