Des textiles « mal aimés »

Marianne mercier
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© Tora Photography
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Revaloriser les fils de vêtements usagés ou développer des patrons de vêtements zéro déchet : ce ne sont pas les idées qui manquent à la chercheuse spécialisée en textile, Marianne-Coquelicot Mercier. Son objectif : freiner l’impact sur la planète du fast fashion [renouvellement rapide des vêtements], responsable d’environ 8 % des émissions totales de gaz à effet de serre.

Cinq années dans l’industrie de la mode à Montréal ont suffi à rebuter Marianne de ce milieu, qui encourage la surconsommation de vêtements. La jeune diplômée en design de mode du collège LaSalle a donc décidé de changer de carrière.

Mais ses premiers amours pour le textile sont trop forts et, à la fin de son bac en design industriel à l’Université de Montréal, elle lance sa collection de pare-soleils en feutre [panneaux décoratifs en textile non tissé], dont la matière première provient… de nos vieux habits!

Aujourd’hui, l’entrepreneure de 39 ans, détentrice d’une maîtrise en design et complexité de l’Université de Montréal, est responsable de la recherche et du développement au Centre de recherche et d’innovation en habillement (Vestechpro).

Marianne-Coquelicot Mercier
Marianne-Coquelicot Mercier. © Pierre-Alexandre Poirier

Préoccupée par la surconsommation de vêtements, vous avez développé un nouveau feutre industriel à faible impact carbone. Quels sont vos secrets?

marianne mercier feutre chroma
Les feutres Chroma sont faits à partir de vêtements provenant de la région de Montréal. © Marianne-Coquelicot Mercier

Les feutres Chroma sont constitués à 80 % de fils vestimentaires recyclés et à 20 % de fils en polyester régénérés. Ces fils proviennent du plus gros centre de tri de récupération du textile, Certex, situé à St-Hubert, sur la rive sud de Montréal. Le défibrage [procédé qui permet de transformer un vêtement en fibres] et le feutrage sont réalisés en Beauce [région de Chaudière-Appalaches]. Travailler avec une matière première locale et une entreprise de la région permet de réduire les distances à parcourir et donc, nos émissions de GES.

On évite aussi l’étape de la fabrication de fils en polyester, produits à partir de pétrole. Et grâce à un tri minutieux des vêtements par couleur, nos feutres sont faits sans ajout de teinture, une étape généralement gourmande en énergie puisqu’elle se fait dans des bains chauffés.

Des tonnes de textiles non recyclés

À l’échelle mondiale, moins de 1 % des textiles vestimentaires sont recyclés dans de nouveaux vêtements, selon la fondation Ellen MacArthur

En tant que chercheuse pour Vestechpro, vous vous lancez dans la création de patrons de vêtements zéro déchet. Pourquoi?

Quand on découpe des patrons de vêtements dans un tissu rectangulaire, environ 15 % du tissu se retrouve dans les poubelles, et ça peut aller jusqu’à 30 %! Il existe des logiciels qui minimisent les pertes, mais notre idée à Vestechpro est de faire des patrons qui ne génèrent aucune retaille.

Comme ces nouvelles formes de patrons risquent d’influencer le look des vêtements, nous travaillons de concert avec les professeurs en design de mode du cégep Marie-Victorin, à Montréal, auquel Vestechpro est affilié.

Quelles autres stratégies peuvent limiter l’impact carbone de l’industrie textile?

On parle beaucoup de recyclage, mais il est important d’optimiser la matière en circulation avant qu’elle n’aboutisse à la poubelle, par exemple, en mettant en contact plusieurs industries d’une même localité pour qu’elles échangent des résidus, mais aussi des ressources et des services.

On mise aussi sur ce qu’on appelle « l’économie de fonctionnalité », qui valorise l’utilisation qui est faite d’un bien plutôt que le bien lui-même. Dans ce cas, le fabricant a intérêt à faire un produit qui va durer longtemps. Par exemple, le fournisseur qui a vendu l’utilisation d’un tapis pendant plusieurs années est responsable de son entretien, mais aussi de le récupérer et de le remettre à neuf en fin de vie.

Ensuite, on a l’économie de partage, comme les garde-robes partagées. Une autre stratégie, qui commence à prendre de l’ampleur, c’est la réparation des vêtements par les entreprises qui les vendent, par exemple grâce à un atelier de réparation à même la boutique.

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Marianne, qui ne manque pas d’enthousiasme et d’idées, collabore aussi activement avec le groupe de recherche MUTREC, composé de chercheurs du Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI), de l’Université de Montréal, de Polytechnique et de HEC. Rassemblés autour de la question « Qu’est-ce qu’on fait pour stimuler la circularité des textiles au Québec? », ces héros du climat n’ont pas fini de nous surprendre!

Le coût GES du fast fashion

Selon un rapport de 2018 de la firme de consultation en environnement Quantis, l’industrie vestimentaire émet chaque année environ 3 290 millions de tonnes d’équivalent CO2, soit 6,7 % des émissions totales de GES de la planète. Pour les chaussures, c’est environ 700 millions de tonnes, soit 1,4 % des GES mondiaux.