Comment développer une « culture » de mobilité durable? (Partie 1)

Tour de Nuit à vélo, sur l'île de Montréal.
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Tour de Nuit à vélo, sur l'île de Montréal. ©Rémi Leroux
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24 juillet 2023 - Jérôme Laviolette, Spécialiste de notre dépendance individuelle et collective à l'auto

Vous arrivez à un événement social de type 5 à 7 en automobile après avoir passé une dizaine de minutes frustrantes à chercher une place de stationnement. En entrant dans le bâtiment, vous constatez que le support à vélo près de l’entrée est plein. Vous vous dites : « Ah, il doit y avoir un événement cycliste qui se tient en même temps. » Une fois arrivé dans la salle, en vous frayant un chemin dans la foule, vous accrochez deux casques de vélo attachés à des sacs à dos. En balayant la salle du regard, vous constatez que de nombreuses personnes ont un casque à la main ou accroché à leur sac et vous en apercevez d’autres déposés ici et là. Vous vous dites alors : « Ah ben, je ne pensais pas qu’autant de gens dans ce milieu se déplaçaient à vélo. J’aurais peut-être dû prendre le mien aussi, il fait beau et je me serais évité la recherche de stationnement. »

Cette réflexion sur l’usage du vélo comme mode de transport, vous ne l’auriez peut-être pas eue si l’événement s’était tenu dans un bâtiment situé au beau milieu d’un grand stationnement et où il aurait été clair que tout le monde était venu en auto. Mais dans votre cas, la norme sociale dite descriptive a suscité un questionnement sur votre décision de prendre l’automobile plutôt que le vélo. En psychologie, la norme sociale descriptive représente la perception du comportement des autres dans un contexte social spécifique. En d’autres mots, le comportement que l’on croit que la majorité des gens vont adopter dans une certaine situation.

L’autre type de norme est la norme subjective (ou injonctive). Celle-ci représente notre perception du comportement jugé comme acceptable ou attendu dans une situation donnée. Le respect de cette norme est généralement maintenu par la crainte d’être jugé négativement si on n’adopte pas le comportement attendu. La conformité peut aussi venir du désir de plaire aux gens qui sont importants pour nous dans ce contexte. Un exemple est la pression que peut percevoir une jeune personne à obtenir son permis de conduire dès l’âge de 17 ans pour se conformer aux attentes de ses proches.

Les normes sociales influencent-elles le choix du mode de transport?

Pour ce qui est de la norme descriptive, la réponse n’est pas claire. Deux méta-analyses, donc des revues de la littérature, réalisées par des chercheurs en psychologie (ici et ici) indiquent que si la norme descriptive est d’utiliser l’automobile, on peut établir une corrélation positive avec son utilisation, alors qu’une autre conclut que l’effet n’est pas significatif. À l’inverse, si la norme descriptive est d’utiliser d’autres modes de transport que l’automobile (si on perçoit que le choix normal est le vélo ou le métro), son influence sur le choix du mode n’est pas analysée dans cette revue de la littérature… par manque d’études empiriques sur le sujet.

En revanche, la norme subjective selon laquelle il est perçu comme approprié de conduire serait positivement corrélée avec le choix de l’automobile pour se déplacer. De plus, la norme subjective selon laquelle il est approprié de ne pas se déplacer en automobile dans certains contextes serait négativement associée au fait de conduire et positivement associée au choix d’autres modes de transport.

Peut-on utiliser les normes sociales pour encourager la mobilité durable?

La corrélation entre un comportement et un facteur explicatif est une chose, l’usage de ce facteur pour changer ledit comportement en est une autre. Une revue de la littérature a démontré que les normes sociales peuvent être utilisées comme levier efficace pour encourager divers comportements favorables à l’environnement (ex. : recyclage, réduction de la consommation d’électricité et de la consommation d’eau, achats écoresponsables, etc.).

Toutefois, le grand défi de la mobilité durable, c’est qu’elle ne dépend pas uniquement de choix individuels. Si on veut que davantage de gens délaissent leur voiture pour divers déplacements, il faut évidemment, comme société, rendre plus facile, pratique et sécuritaire l’usage des modes de transport actifs et collectifs. Cela demande de repenser l’aménagement de nos villes (plus dense, meilleur accès aux commerces et services) et de bonifier les infrastructures de mobilité durable et les services de transport collectif et partagé (vélopartage, autopartage).

Mais, je le répète souvent, il est aussi nécessaire de diversifier nos stratégies pour soutenir des changements de comportement en mobilité. C’est d’ailleurs ce que conclut une importante revue des revues de littérature sur l’adoption de comportements de mobilité durable : la combinaison des normes sociales descriptives et subjectives serait particulièrement efficace pour soutenir un transfert modal de l’auto solo vers des modes sobres en carbone dans un contexte d’infrastructures facilitantes.

Comment y parvenir? C’est que je vous explique dans la deuxième partie de ma chronique.

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