Pourquoi on l’aime tant, notre voiture?

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© Jacques Goldstyn

15 octobre 2020 - Jérôme Laviolette, Spécialiste de notre dépendance individuelle et collective à l'auto

Entrons dans le vif du sujet et posons la question sans détour : pourquoi nous est-il si difficile — individuellement et collectivement — de réduire l’utilisation de l’automobile? Au-delà du manque réel ou perçu de solutions de rechange, lorsqu’on interroge les gens sur les raisons pour lesquelles ils se déplacent en voiture, on se fait généralement répondre que c’est plus rapide, plus efficace, plus confortable, plus pratique et plus fiable que les autres modes de transport. L’auto est aussi vue comme une forme de bulle, une extension de soi-même qu’on contrôle et dans laquelle on se sent en sécurité, libre d’aller où l’on veut, quand on le veut. La recherche en mobilité qualifie ces avantages d’utilitaires, puisqu’ils sont liés à la fonction première de l’outil : permettre le déplacement.

Mais se pourrait-il que la voiture procure d’autres avantages qui contribuent à son attractivité et, par la bande, à la résistance au changement? Un simple coup d’œil à la publicité automobile permet de constater qu’on ne nous vend pas qu’un simple moyen de transport. Des recherches ont confirmé qu’être au volant peut procurer un sentiment d’excitation, de plaisir, de relaxation ou nous donner l’impression de dominer la route ou d’être en contrôle de nos mouvements et de notre vie. La voiture offre donc à son utilisateur (et même à ses passagers!) des avantages affectifs et émotionnels considérables.

Mais ce n’est pas tout. Ces mêmes études ont montré que, pour une partie de la population, la fonction symbolique de la voiture est d’une grande importance. En tant qu’êtres humains, nous sommes très sensibles au regard des autres. Ce faisant, nous désirons exposer notre statut social et notre identité. Nos biens matériels peuvent ainsi être utilisés pour mettre de l’avant notre style de vie, notre personnalité et même notre richesse ou notre réussite. La voiture étant l’un des objets les plus visibles que nous possédons, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’elle soit pour plusieurs un moyen d’expression.

Des symboles puissants

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Des recherches empiriques en psychologie ont démontré que les aspects affectifs et symboliques de l’automobile sont bien réels et qu’ils contribuent à son attrait face au transport collectif. Capture d'écran Facebook

Soutenus par des décennies de publicités et de culture populaire, les aspects symboliques de l’automobile sont normalisés et bien reconnus. Par exemple, un pick-up est associé à la masculinité et au travail manuel, une Ferrari à la richesse, une Lexus à une certaine élégance, une Subaru hatchback à l’aventure. Mais ces avantages symboliques ne sont pas uniquement réservés aux véhicules de luxe. Pour une maman, par exemple, conduire le véhicule familial de l’année peut lui permettre d’exprimer, consciemment ou non, qu’elle est une mère responsable, pour qui la sécurité de ses enfants et les valeurs familiales sont importantes. Ça peut aussi jouer dans la bonne direction, puisqu’un propriétaire de véhicule électrique peut exprimer que l’environnement est important pour lui et qu’il fournit sa part d’efforts pour la planète!

Si on pense encore qu’il serait ridicule d’acheter une voiture pour bénéficier des avantages affectifs et symboliques qu’elle procure, c’est parce qu’on tend à rationaliser nos choix. Rares sont ceux qui diront ouvertement qu’ils ont payé davantage pour un véhicule de luxe afin de montrer qu’ils ont réussi dans la vie. Ce n’est ni rationnel, ni socialement désirable!

Des recherches empiriques en psychologie ont néanmoins démontré que les aspects affectifs et symboliques de l’automobile sont bien réels et qu’ils contribuent de manière importante à son attrait face au transport collectif, notamment. Ce dernier ne procure pas ces avantages et peut même être perçu négativement. En effet, dans certains contextes, on associera le fait de prendre l’autobus ou de se déplacer à vélo à la pauvreté et à l’échec social.

Sachant cela, on fait comment pour favoriser une mobilité plus durable? Il faut évidemment bonifier l’offre de transport pour déloger l’auto solo, mais il faut aussi promouvoir adéquatement d’autres moyens de transport en faisant appel aux émotions et en misant sur des symboles associés aux comportements durables de mobilité. 

 

Le trio métro-vélo-Communauto pourrait être encouragé si on mettait de l’avant un style de vie mêlant liberté, indépendance et plaisir qui témoignerait aussi de notre conscience environnementale et sociale.

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Capture d'écran Facebook

D’autres publicités pourraient positionner le vélo électrique comme la tendance de l’heure.

En parallèle, des voix s’élèvent pour limiter la publicité automobile qui, en plus de normaliser l’utilisation de la voiture, renforcerait sa valeur affective et symbolique. Résultat : un engouement toujours croissant pour l’automobile et donc, une accélération des changements climatiques. Personnellement, je pense que notre province, qui n’a pas d’industrie automobile, serait en bonne position pour taxer cette forme de publicité. Ça nous permettrait même de financer des campagnes de promotion de la mobilité durable!

Le Chantier auto-solo réunit des spécialistes du milieu universitaire et des acteurs de terrain qui s’intéressent à la dépendance collective à l’automobile. Les membres du Chantier cherchent à mieux comprendre les facteurs psychosociaux impliqués dans la relation que les Québécoises et les Québécois entretiennent avec leur voiture, à regrouper les connaissances sur le sujet et à les diffuser afin de favoriser la mise en œuvre de stratégies encourageant l’adoption de comportements plus durables en mobilité.