La tragédie du bien commun

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15 février 2021 - Anne-Sophie Gousse-Lessard, Docteure en psychologie sociale et environnementale

Imaginez une situation banale : vous habitez en banlieue et travaillez au centre-ville. Aller au travail en transport en commun vous prend plus d’une heure alors qu’en auto, le trajet optimal, sans congestion, est de 35 minutes. Le choix est simple, non? Pour vous, la voiture est plus avantageuse. C’est la solution la plus rapide et probablement la plus confortable. Toutefois, si tout le monde pense et agit ainsi, les effets seront significatifs : il y aura davantage d’embouteillages vers le centre-ville, ce qui augmentera considérablement les émissions de gaz à effet de serre et votre frustration, accessoirement. Au final, la situation est donc pire, même pour vous, que si la majorité avait choisi d’utiliser les transports en commun.

Voilà un dilemme social typique, comme on en voit trop souvent.

Un dilemme social, c’est une situation : 1) où, pour une personne donnée, le fait d’agir dans son propre intérêt (appelé défection) entraîne plus de bénéfices à court terme que le fait d’agir dans l’intérêt collectif (appelé coopération); 2) mais où tout le monde est pénalisé à plus long terme si toutes et tous agissent égoïstement.

Ce sont les travaux de l’écologiste Garett Hardin sur la « Tragédie des communs » (1968) qui ont permis d’étudier et de mieux comprendre les dilemmes sociaux, spécifiquement les dilemmes de ressources ou de biens communs. Il s’intéressait notamment à l’utilisation de ressources limitées (les verts pâturages) par un groupe d’individus et leur troupeau dans les communaux. La leçon à retenir est fort simple et s’applique à plusieurs contextes. Si chaque individu jouit des ressources en toute liberté, dans son propre intérêt et de façon illimitée, ces ressources communes viendront immanquablement à manquer, peu importe le contexte : les bêtes mangeront toute l’herbe; les champs ne produiront plus suffisamment pour les besoins de la communauté; les stocks de poissons s’amenuiseront dans l’océan. Ça vous dit quelque chose, n’est-ce pas?

Hardin affirmait que « la liberté dans un dilemme de bien commun conduit à la ruine pour tous ».

Les dilemmes peuvent également se vivre à grande échelle. Les changements climatiques et la pandémie actuelle en sont des exemples. Des millions de personnes, peu conscientes de leur interdépendance, agissent dans l’anonymat avec un faible degré de communication entre elles et sont actives au sein d’une large collectivité peu unie et géographiquement étendue. Tous les ingrédients sont réunis pour favoriser l’action égoïste (la défection). Ainsi, on continue à utiliser l’auto solo, on consomme comme s’il n’y avait pas de lendemain et on peine à suivre les consignes sanitaires pour en finir avec la pandémie.

Avouons qu’il est difficile de faire autrement. Les bénéfices personnels à court terme sont grands, les enjeux sont complexes et teintés d’incertitude, et la grandeur du groupe nous fait croire que nos efforts pour le bien collectif sont insignifiants : « Pourquoi me priver? Mes actions ne changeront rien à la situation globale. » Tout ceci mène à moins de coopération, même si les effets à plus ou moins long terme pour la collectivité sont des plus dommageables. Bonjour deuxième vague et point de non-retour pour le réchauffement planétaire!

Il est d’abord crucial de prendre conscience de notre état d’interdépendance et de reconnaître qu’on se trouve bel et bien dans un dilemme social.

Comment faire, alors, pour changer la situation? Il est d’abord crucial de prendre conscience de notre état d’interdépendance et de reconnaître qu’on se trouve bel et bien dans un dilemme social. Communiquer adéquatement et fréquemment avec les autres individus du groupe permet de diminuer l’incertitude sociale (savoir ce que les autres font) et de faciliter l’établissement de normes d’engagement, de réciprocité et d’équité. S’informer diminue l’incertitude environnementale (connaître l’état de la situation) et favorise aussi la coopération.

C’est sur ces éléments que devraient travailler les autorités de santé publique et les différents paliers décisionnels! Car bien que nous ayons toutes et tous un rôle à jouer individuellement dans ces dilemmes, ceux-ci sont fondamentalement politiques. Les décisions prises par les autorités peuvent influencer, significativement et positivement, les facteurs psychologiques et sociaux menant à plus de coopération. C’est le cas pour la lutte aux changements climatiques, comme pour l’adoption des mesures sanitaires.

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