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26 août 2020 - Anne-Sophie Gousse-Lessard, Docteure en psychologie sociale et environnementale

Nous sommes des êtres de liberté. Nous aimons choisir par nous-mêmes sans que nos actions soient dictées par autrui. C’est pourquoi nous avons tendance à résister à la perte de liberté qu’entraînent les contraintes, que cette perte soit réelle, partielle ou simplement envisagée.  En psychologie sociale, on appelle ça la réactance psychologique, une théorie formulée par le chercheur Jack Brehm en 1966. 

On observe des phénomènes de réactance en ce moment vis-à-vis certaines mesures sanitaires mises en place pour contrer la COVID-19. On en constate aussi lors de la mise en place d’initiatives de lutte aux changements climatiques. 

La réactance est un mécanisme de défense qui nous pousse à restaurer notre sentiment de liberté lorsque celle-ci semble menacée ou réduite.

Autrement dit, c’est une réaction négative aux efforts d’autrui pour nous amener à agir d’une certaine façon. Vous savez, quand la vendeuse ou le vendeur insiste tellement qu’on quitte le magasin sans avoir rien acheté? C’est ça, la réactance. À trop vouloir persuader, on produit parfois l’effet inverse, c’est-à-dire une personne ou une population mécontente qui défiera les consignes en adoptant des comportements peu désirables.

La réactance se déploie de diverses façons. On peut ressentir de la colère ou de l’agressivité, ce qui peut mener à des conflits ou à des actes de vandalisme. On peut aussi poser des gestes compensatoires par lesquels on tente de regagner sa liberté en adoptant des comportements plus excessifs que ceux qu’on aurait en l’absence de la contrainte. Qui n’a jamais accéléré tout d’un coup, non pas sans pousser un soupir de soulagement, après la sortie d’un embouteillage? Dépenser plus (en ligne) en temps de confinement est un autre exemple.

Il peut aussi être tentant d’esquiver les mesures coercitives en agissant à l’insu des autorités ou de chercher à éviter l’information jugée comme menaçante. On changera par exemple de poste en voyant une publicité de la santé publique nous rappelant de porter le masque. On peut également évaluer une position contraire à la nôtre comme étant moins fiable, peu crédible ou moins convaincante. Pas génial pour le pouvoir de persuasion.

Lorsqu’on connaît ce phénomène de réactance, on comprend mieux l’envie qu’ont certaines personnes de transgresser les mesures sanitaires actuelles. Le confinement est long et difficile, il nous restreint dans nos actions. Les fêtes dans les parcs, l’envie de « dépenser sans compter » et « d’en profiter », les manifestations anti-masque, le non-respect de la distanciation physique et la recrudescence des théories du complot sont autant de tentatives – néfastes, mais compréhensibles – de regagner quelques degrés de liberté et de « reprendre le contrôle » sur nos vies. 

Malheureusement, non seulement cela était prévisible, mais cette réactance pourrait bien être la source d’une seconde vague d’infection. Elle pourrait également mener à un relâchement de nos efforts collectifs pour agir de façon écoresponsable. Cela au nom de « la liberté ».

Il en va de même pour la lutte aux changements climatiques. La grogne contre les nouvelles zones piétonnes et pistes cyclables à Montréal illustre parfaitement le phénomène de réactance. Les plaintes, pétitions et commentaires haineux sur les réseaux sociaux à l’endroit des cyclistes se sont multipliés après l’aménagement de ces nouvelles infrastructures. La population se sent bousculée dans ses habitudes de déplacement, et les stationnements supprimés sont perçus par certaines personnes comme une atteinte directe à leurs droits et libertés. Ces infrastructures sont pourtant bénéfiques à plusieurs égards, mais la façon dont elles ont été implantées et la manière utilisée pour communiquer leur mise en place ont suscité tellement de réactance que cela pourrait bien provoquer une perte de confiance de la population envers les autorités municipales, voire des comportements dangereux allant à l’encontre d’un partage harmonieux de la route.

En santé comme en environnement, le défi est donc de prévenir et de diminuer la réactance au sein de la population. C’est un préalable pour assurer l’acceptabilité sociale de mesures parfois contraignantes, mais nécessaires à notre bien-être et à notre résilience collective.