Sauver les meubles, une rue à la fois

Meubles abandonnés
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© Groupe Facebook Meubles abandonnés à Montréal
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Retombées positives générales

Commode, miroir, table de cuisine… les rues de Montréal débordent de pépites abandonnées sur le trottoir. Afin de leur éviter de finir au dépotoir, certains chasseurs de trésors n’hésitent pas à « sauver les meubles ». Une activité ludique qui fait du bien au porte-monnaie et au climat.

En 2019, pour décorer son premier appartement à Ottawa, Aurore Lepastourel a fait le plein de mobilier glané sur les trottoirs de la capitale fédérale. Guidée par une démarche zéro déchet, la jeune femme d’origine française arpentait les rues au gré de ses inspirations pour dénicher des trouvailles uniques.

À Ottawa, puis à Montréal où elle vit désormais, Aurore a constaté à quel point les objets laissés dans la rue étaient nombreux… ainsi que les gens pour les ramasser! « C’est quelque chose que les gens font régulièrement, mettre plein de meubles sur le trottoir, et chacun peut se servir. J’ai trouvé ça très cool parce que c’est vrai qu’on a moins cette culture en France », fait-elle remarquer.

Au gré de ses promenades, elle a déniché des articles qui lui ont permis de créer une table de salon, une table à manger et une table basse. « Et j’avais récupéré des lampes dans la rue », ajoute-t-elle.

Sa passion pour le recyclage ne date pas d’hier. Déjà, à l’âge de sept ans, elle réutilisait des vêtements endommagés pour les transformer. « Je faisais de la récupération pour en faire des robes pour mes poupées », se souvient-elle.

Aujourd’hui, les collants troués de sa mère ont fait place à des planches de bois pour confectionner une table de cuisine. C’était son meuble fétiche lorsqu’elle vivait à Ottawa, mais elle l’a donné au moment de déménager dans la métropole québécoise. « Chaque fois que quelqu’un venait chez moi, il me disait “Ah, que cette table est belle!” » Et Aurore répondait fièrement : « Oui, je sais, c’est moi qui l’ai faite. »

meuble récupéré
La table de salle à manger d'Aurore. © Courtoisie

Elle tire d’ailleurs une certaine satisfaction à retaper ses trouvailles : « Entre passer un week-end à chiller sur Netflix ou en profiter pour sabler un meuble sur le balcon, pour moi, le choix est vite fait », dit-elle en riant.

Peu de données au Québec

Aurore n’est pas la seule à chasser les trésors en vue de leur donner une seconde vie. Pour éviter que certains meubles finissent au dépotoir, un espace sur Facebook a même été créé en 2019. Fort désormais de quelque 33 000 membres, le groupe Meubles abandonnés à Montréal permet aux gens de partager des photos de mobilier laissé sur le trottoir.

Selon l’une des administratrices de la page, Myriam Macameau-Demers, le nombre de publications augmente dès le printemps et plus encore à l’approche du 1er juillet. Une observation toutefois difficile à quantifier, reconnaît-elle.

Quatre tonnes de meubles usagés valorisés permettent d’éviter de libérer une tonne d’équivalent CO2 dans l’atmosphère.

Au Québec, « à ma connaissance, il n’y a pas de données » sur l’impact carbone et le cycle de vie des meubles dans la rue, explique Cécile Bulle, professeure en immobilier durable au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. Selon elle, il n’est « pas vraiment nécessaire » de réaliser une analyse du cycle de vie, puisqu’il « n’y a pas d’impact relié à la phase d’utilisation d’un meuble, précise-t-elle, contrairement à un électroménager qui consomme de l’énergie et qui pourrait, dans certains cas, gagner à être remplacé par un appareil plus efficace énergétiquement ». Chose certaine : en prolongeant la durée de vie de vos meubles, vous évitez d’en acheter de nouveaux. Vous contribuez donc à réduire les impacts de ce secteur d’activité sur le climat.

De l’autre côté de l’Atlantique, en France, l’organisme à but non lucratif Éco-mobilier a estimé que quatre tonnes de meubles usagés valorisés permettent d’éviter de libérer une tonne d’équivalent CO2 dans l’atmosphère.

Recyc-Québec ne possède aucune donnée relative au mobilier abandonné dans la rue. La Ville de Montréal ne tient pas non plus de statistiques à cet effet, les meubles étant mêlés aux autres matériaux récupérés. Il n’existe pas non plus de statistiques concernant les meubles rembourrés, collectés avec les ordures ménagères, qui doivent être démontés avant d’être traités. Seule certitude : les tonnages totaux sont plus élevés en juin et en juillet que dans les autres mois de l’année.

Meubles abandonnés
© Groupe Facebook Meubles abandonnés à Montréal

À Québec, la Ville évalue à environ 53 000 la quantité annuelle de demandes de collecte pour les objets encombrants, pour 4500 tonnes de matières recueillies. En poids, entre 85 % et 90 % des encombrants sont valorisés, explique Mireille Plamondon, porte-parole de la Ville de Québec. Par exemple, le métal est destiné à la refonte, tandis que le bois sert de combustible. Mais ces données ne tiennent toutefois pas compte des dépôts sauvages, qui incluent les meubles abandonnés qui font le bonheur d’Aurore.

Donner une deuxième vie aux objets

Aurore
Aurore Lepastourel © Courtoisie

Pour elle, ses trouvailles sont une façon de contribuer à donner une deuxième vie aux objets, petits ou gros. « C’est important de me dire que je ne participe pas forcément à la production d’un nouvel objet qui, peut-être, dans cinq ans, sera cassé et périmé », dit celle qui affectionne tout particulièrement le bois.

Après avoir changé de quartier et emménagé dans un nouvel appartement en juin, son projet consistera à créer, dans son matériau de prédilection, une bibliothèque à partir de caisses de vin et à retaper une table basse qu’elle s’est procurée récemment. « Elle est vraiment cute et je sais que personne d’autre n’aura la même! »

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