Pitous et minous, 100 % végés?

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Retombées positives générales

02 mars 2021 - Maxime Bilodeau, En paix avec ses contradictions

Les propriétaires d’animaux de compagnie sentent de plus en plus le besoin de nourrir leurs compagnons avec des aliments affichant une faible empreinte carbone. Ça semble plein de bon sens pour le climat, mais qu’en est-il pour les principaux intéressés?

Tel maître, tel chien? Chez Todd & Paul, l’adage semble on ne peut plus vrai. Cette entreprise de Trois-Rivières est l’une des rares au Québec à se spécialiser dans la production de biscuits végétariens pour toutous sans agents de conservation, colorants ou autres produits artificiels. En fait, la liste des ingrédients de ses mignardises est minimaliste : des fruits et des légumes frais, de provenance surtout locale, des farines nutritives, parfois un peu de beurre d’arachide. C’est tout. Même les humains ont envie de piger dans le sac!

« Les propriétaires d’animaux de compagnie ont le souci de bien nourrir leurs compagnons. Chez les gens qui ne mangent pas de viande, cela peut signifier de ne pas en donner à leur animal », explique Karine Riopel, cofondatrice de Todd & Paul. C’est sa mère, Andrée Bellefeuille, qui a démarré l’entreprise il y a quatre ans. Cette dernière cherche alors des gâteries pour faire plaisir à Todd et à Paul, ses deux « petits-enfants » à quatre pattes. Ne trouvant que des produits contenant trop d’ingrédients douteux, voire d’origine inconnue, elle décide de les cuisiner elle-même.

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©Courtoisie

 

Preuve de la popularité du concept, Todd & Paul a pignon sur rue à Trois-Rivières depuis l’automne 2020. Le lieu est à la fois boutique et usine de fabrication. Sur place, la clientèle peut assister à la confection des quelque 15 000 biscuits enfournés chaque mois. Les chiens sont les bienvenus, il va sans dire! « On sent un réel appétit pour ce type de produits en ce moment. La forte demande pour les animaux de compagnie et l’engouement pour l’achat local, deux tendances attribuables à la pandémie, y sont sûrement pour quelque chose », pense Karine Riopel.

Des conséquences pour le climat

Il faut dire que nourrir minou et pitou est lourd sur le plan climatique. Une étude publiée en 2020 conclut que les émissions annuelles de gaz à effet de serre (GES) attribuables à la production de croquettes s’élèvent à 106 millions de tonnes d’équivalent CO2 (éq. CO2) aux États-Unis et en Europe. Si la nourriture sèche pour animaux de compagnie était un pays, celui-ci serait au 60e rang des États les plus polluants, bien avant le Mozambique et les Philippines, affirme l’étude. En outre, 49 millions d’hectares de terres agricoles sont utilisés dans le monde pour produire la nourriture de Fido et Minette.

C’est une des rares études à tenter d’évaluer l’empreinte écologique des chats et des chiens. En 2017, un chercheur américain avait de son côté estimé que, chaque année aux États-Unis, les animaux de compagnie sont responsables d’environ 64 millions de tonnes d’éq. CO2, ce qui correspond à 13,6 millions de voitures sur les routes.

Cette empreinte carbone élevée s’explique en bonne partie par les protéines d’origine animale que contient la nourriture pour chats et chiens, même s’il s’agit de sous-produits boudés par l’humain (abats, graisses, farines d’os, etc.).

Certains véganes comme nous considèrent leurs animaux de compagnie comme une extension d’eux-mêmes et de leur philosophie de vie. Tuer des animaux pour en nourrir d’autres occasionne plusieurs dilemmes éthiques et environnementaux.
Nikita Morozov, co-fondatrice de VGRRR

Enfin du changement

Des entreprises proposent maintenant des solutions de rechange aux croquettes à base de viande. C’est notamment le cas du fabricant québécois Wilder Harrier, qui offre des gâteries aux grillons, de la nourriture sèche à base de farine de mouches, des bâtonnets dentaires aux algues et des gâteries préparées avec de la pulpe résiduelle issue de la production de jus de fruits. Depuis peu, cette entreprise montréalaise propose aussi des croquettes à base de carpes asiatiques, une espèce envahissante qui malmène les écosystèmes de plusieurs cours d’eau en Amérique du Nord, y compris au Québec.

La plupart des nouveaux produits végés pour animaux domestiques s’adressent toutefois aux chiens. En effet, comme son meilleur ami, toutou s’accommode très bien d’une diète omnivore. Ce n’est pas le cas de minou, qui est un vrai carnivore, son organisme étant dépourvu des enzymes nécessaires à la bonne digestion d’aliments d’origine végétale, souvent riches en glucides. « Le corps du chat peut surtout assimiler des protéines, lesquelles doivent d’ailleurs constituer au moins 30 % de son apport en calories. Il a aussi besoin de certains acides aminés comme la taurine qu’on retrouve exclusivement dans la viande et ses dérivés », explique Younès Chorfi, professeur en nutrition animale à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.

Faire suivre un régime strictement végé à minette l’expose donc à des carences nutritionnelles pouvant aboutir à des problèmes de santé. C’est pourquoi les fabricants qui exploitent ce marché ajoutent à leurs produits des vitamines, des minéraux et des acides aminés synthétiques. C’est notamment ce que propose VGRRR, une entreprise montréalaise fondée en 2016 par Nikita Morozov et sa conjointe Sara Showleh. Ces végétaliens ont fait appel à l’expertise d’un vétérinaire nutritionniste pour créer des croquettes et des gâteries 100 % véganes, dont quelques-unes pour chats. Leurs produits sont offerts en ligne.

« Certains véganes comme nous considèrent leurs animaux de compagnie comme une extension d’eux-mêmes et de leur philosophie de vie. Tuer des animaux pour en nourrir d’autres occasionne plusieurs dilemmes éthiques et environnementaux », affirme Nikita, qui constate lui aussi un engouement pour ces nouvelles formes de bouffe pour animaux. Reste que c’est pitou et minou qui ont le dernier mot, rappelle Younès Chorfi. « C’est l’animal qui décide de manger ou non la nourriture qu’on lui sert. Qu’elle soit végétarienne, végétalienne, locale, crue, nos propres dilemmes éthiques et considérations morales lui importent peu! » conclut celui qui recommande de se renseigner avant d’imposer une nouvelle diète à son animal.

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