Parmi la multitude d’initiatives citoyennes qui ont jailli de la crise sanitaire, plusieurs mériteraient d’être maintenues à long terme, parce qu’elles s’avèrent aussi bonnes pour le climat.
L’ÉPICERIE ENTRE VOISINS
C’est quoi? Lorsque le confinement a été annoncé en mars 2020, plusieurs citoyens ont spontanément offert à leurs voisins de faire leur épicerie en même temps que la leur. Le clown humanitaire Guillaume Vermette a pour sa part lancé un appel aux quelque 65 000 abonnés de sa page Facebook pour mettre en contact des personnes âgées ou vulnérables avec des gens disponibles pour faire leurs courses. « J’ai réussi à créer une vingtaine de matchs dans ma région, grâce à ce “Tinder de l’entraide”, se réjouit le Trifluvien. Ce qui est bien, c’est que la majorité des matchs ne sont pas restés des aides ponctuelles. Les gens maintiennent le contact et continuent de s’entraider. »
Quels effets sur le climat? Moins de voitures sur les routes entraîne moins d’émissions de gaz à effet de serre (GES)… un calcul facile, facile!
Comment prolonger l’initiative? Après le confinement, on continue de faire l’épicerie d’un voisin dans le besoin en même temps que la nôtre, ou on lui propose de faire ses courses avec nous pour utiliser une seule voiture.
LES CUISINES COLLECTIVES
C’est quoi? Depuis le début de la crise, bon nombre de citoyens achètent de la nourriture en plus grande quantité et popotent pour leurs prochains. Par exemple, à Drummondville, l’équipe du restaurant La Muse a concocté 200 litres de potage qu’elle a livré gratuitement à des aînés à leur domicile ou distribué au moyen d’un service à l’auto devant le resto – c’étaient surtout les enfants qui allaient chercher la soupe pour leurs parents confinés. « Je voulais leur apporter un peu de bonheur, parce que j’avais l’impression que certains étaient relégués aux oubliettes pendant le confinement », commente la propriétaire, Julie Arel.
Quels effets sur le climat? Acheter en gros et en vrac diminue la consommation d’emballages alimentaires, donc la production de plastique, grande émettrice de GES. Puis, cuisiner en groupe exige de bien planifier les repas; c’est une excellente façon de réduire à la fois le gaspillage alimentaire et notre empreinte carbone.
Et si on prolongeait l’initiative? Quand on pourra recommencer à se côtoyer, on continuera d’acheter en gros et en vrac pour cuisiner en famille, entre amis ou au sein d’un organisme membre du Regroupement des cuisines collectives du Québec, et on se séparera les plats, que chacun rapportera chez soi.
LES ACHATS LOCAUX
C’est quoi? Alors que la COVID-19 sévit partout sur la planète, la mondialisation en prend pour son rhume; la production de biens, les chaînes d’approvisionnement et le transport des marchandises peuvent être entravés. Les gens réalisent plus que jamais l’importance de l’autonomie alimentaire et la nécessité d’encourager les commerces, les artisans et les producteurs d’ici, d’où l’initiative gouvernementale Le Panier Bleu, qui répertorie les commerces locaux.
« Similaire, mais plus régional et rural », le répertoire Web Solution locale met en contact les consommateurs confinés et des entreprises offrant un service de livraison sécuritaire aux quatre coins du Québec. Lancé à la mi-mars par six citoyens de la Mauricie, de l’Estrie et du Centre-du-Québec, le site « a répondu à un réel besoin de répertorier les commerces de proximité qui ont adapté leurs modes d’approvisionnement, affirme l’une des fondatrices, Geneviève Rajotte Sauriol. Le projet a pris tellement d’ampleur, avec quelque 2500 commerces enregistrés et 40 000 visites sur le site en un mois, que nous sommes tous devenus des bénévoles à temps plein! »
Quels effets sur le climat? Plus on achète des produits locaux, plus on réduit les émissions de GES liées à leur transport et à leur entreposage de même qu’à la réfrigération des aliments périssables.
Et si on prolongeait l’initiative? On garde nos bonnes habitudes d’acheter le plus possible des produits de chez nous – on recherche par exemple le sceau Aliments du Québec et on regarde les étiquettes pour connaître la provenance des aliments et des produits qu’on achète – afin de réduire l’empreinte climatique de notre consommation.
LES SPECTACLES EN LIGNE
C’est quoi? Depuis que les salles de spectacle, les théâtres et les musées sont fermés, les initiatives visant à diffuser l’art en ligne fleurissent. Parmi d’autres, l’autrice-compositrice-interprète Anne-Sophie Doré-Coulombe, alias Belle Grand Fille, a offert une performance en ligne le 9 avril 2020, en direct de sa maison du Lac-Saint-Jean, dans le cadre du programme #CanadaEnPrestation du Centre national des arts et de Facebook. « Même si ça ne remplacera jamais un spectacle en personne, c’est une belle plateforme de diffusion de la musique », dit l’artiste. Des spectacles virtuels sont diffusés sur ce site et de nombreux artistes offrent aussi des performances gratuites sur les réseaux sociaux.
Quels effets sur le climat? Les tournées de spectacles sont de grandes émettrices de GES, autant de la part des artistes, qui se promènent de ville en ville, que des spectateurs, qui se déplacent pour assister aux représentations.
Et si on prolongeait l’initiative? De plus en plus d’artistes cherchent des façons de réduire l’empreinte écologique de leurs tournées, comme le groupe Qualité Motel, qui a fait une mini-tournée en voilier à l’été 2019, et les Cowboys Fringants, qui versent à leur fondation un dollar par billet de spectacle vendu, notamment pour planter des arbres.