Des «messieurs et mesdames Tout-le-monde» qui incitent leur entourage à se soucier de l’environnement, à recycler, à réduire leur consommation, il y en a de plus en plus au Québec. Jean-Olivier Paquin est l’un ces héros ordinaires de l’action climatique. Portrait d’un leader positif.
Jean-Olivier Paquin s’en souvient comme si c’était hier. « Quand j’avais quatre ans, la maison de mes parents était en construction. Je m’y promenais avec des sacs pour ramasser les déchets : tubes de colle, pellicule de plastique, morceaux de carton, etc. » L’histoire ne dit pas comment le déclic lui est venu, mais ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui âgé de 35 ans, il continue de faire la guerre aux déchets.
Depuis 10 ans, il est agent de projet chez Oxfam-Québec à Montréal, un organisme à but non lucratif qui conçoit et met en œuvre des solutions durables contre la pauvreté et l’injustice dans le monde. Il y a sensibilisé ses collègues au recyclage, et notamment au cas du plastique de type 6, le tristement célèbre polystyrène… Parmi les plastiques qui portent un numéro – ils vont de 1 à 7 et figurent dans un logo en triangle au dos de l’objet –, le 6 constitue une exception : il est dit recyclable, mais en fait il ne l’est qu’à quelques endroits comme dans les villes de Rimouski et de Matane, et maintenant les arrondissements montréalais de LaSalle et de Saint-Laurent.
Seuls 25 % des déchets de plastique jetés ou mis au recyclage par les Québécois sont recyclés, selon le dernier bilan de RECYC-QUÉBEC.
« Les gens ne connaissent pas cette spécificité du plastique 6, explique Jean-Olivier. Et avec raison, puisqu’il arbore ce fameux logo de recyclage. » Ces triangles formés de flèches ressemblent en effet au ruban de Moebius vert que l’on voit sur d’autres objets qui, eux, sont recyclables. Alors il en informe ses proches à coup de courriels et de discussions. Et, chose plus insolite, il propose à ses collègues d’apporter au bureau leurs déchets de polystyrène (petits pots de yogourt, ustensiles à usage unique, couvercles de café, barquettes de viande en styromousse) qu’il se charge ensuite de transporter à l’écocentre LaSalle, qui participe, avec celui de Saint-Laurent, à un projet pilote de la Ville de Montréal pour recycler ce plastique.
On le surnomme « Monsieur conscience environnementale »
« Je vais à l’écocentre trois ou quatre fois par année, dès que je peux remplir une voiture au point que même un sac à dos n’y entre plus », précise Jean-Olivier, qui agit ainsi pour donner l’exemple. Et tant qu’à faire le voyage, il apporte en même temps les piles, ampoules et lames de rasoir utilisées par son entourage. « Bien sûr, je fais ça pour favoriser le recyclage, mais aussi pour essayer de développer des réflexes chez les autres… C’est facile de jeter son rasoir aux poubelles au lieu d’aller à l’écocentre », soutient le trentenaire.
Adepte du principe des 3RV (pour réduction à la source, réemploi, recyclage et valorisation), il prône particulièrement la réduction auprès de ses proches. « Par exemple, on peut acheter un gros pot de yogourt plutôt que des formats individuels, illustre-t-il. Quand des collègues me disent qu’ils ont changé leurs habitudes, c’est une belle victoire. »
Ce jeune homme inspirant n’en est pas à ses premiers faits d’armes. Pendant six ans, il a été à l’emploi d’un club de golf où on ne recyclait rien. Quand il a quitté son emploi, il y avait des bacs de recyclage. « J’ai aussi travaillé dans des restaurants à Saint-Sauveur et à Québec. Tous les soirs, je ramenais chez moi les bouteilles de vin pour les mettre au bac. J’avais l’air d’un itinérant avec mes sacs dans le bus », se rappelle-t-il, amusé. Là encore, le scénario s’est répété : quand il a quitté ces emplois, les établissements se sont mis à recycler en installant des bacs.
Où vont les déchets de plastique?
La plupart des plastiques que nous consommons deviennent des déchets. Leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) dépendent alors du lieu où ils aboutissent.
- Le coût GES du recyclage du plastique tient principalement à l’électricité nécessaire au fonctionnement des centres de traitement. Comme, au Québec, elle est à 95 % d’origine hydraulique, son impact carbone est faible.
- Les émissions de GES engendrées par l’incinération des plastiques sont directement liées à la quantité de carbone contenu dans le plastique et à son taux de combustion.
- Selon une récente étude de l’Université d’Hawaï, les déchets de plastique libèrent des GES durant leur dégradation, due à l’exposition au soleil ou à l’air libre ou à l’immersion dans l’eau des océans.
- Le plastique est fabriqué à partir de polymères dérivés du pétrole, dont la dégradation peut durer des centaines d’années. Mais comme il n’est pas composé de matière organique, son enfouissement ne génère pas de GES.