
La majorité des brosses à dents sont encore faites de plastique et fabriquées en Chine. Une petite entreprise a toutefois décidé de brosser à contre-poil en rapatriant au Québec sa production de brosses à dents dont les manches en bambou sont 100 % compostables. Et pourquoi pas faire des manches en érable tant qu’à y être?
Des trois actionnaires d’OLA Bamboo – Vicky Jodry, Jean-Philippe Bergeron et Simon-Pier Ouellet –, seul Simon-Pier était finalement présent au rendez-vous que nous nous étions donné à l’usine de Drummondville, un petit virus confinant ses partenaires à la maison avec leur enfant. À mon arrivée, les locaux de l’usine sont vides : c’est l’heure du lunch pour le personnel. On sera tranquilles pour la visite…
De sideline à start-up
Fondée en 2016, OLA Bamboo n’était au départ qu’un sideline pour les trois actionnaires, qui ont fait connaissance à l’Université d’Ottawa durant leurs études en communication. Jean-Philippe travaillait en politique, Vicky comme animatrice à la radio et Simon-Pier comme journaliste télé.
L’idée d’importer des brosses à dents dont le manche en bambou est 100 % compostable leur est venue d’un groupe d’amies de Vicky qui cherchaient à réduire leur usage du plastique et à tendre vers un mode de vie zéro déchet. « Elles se commandaient des brosses à dents en bambou d’une entreprise australienne parce qu’on n’en trouvait pas au Québec à l’époque », raconte Simon-Pier Ouellet. (Pour en savoir plus sur les débuts de l’entreprise, allez lire Se curer les dents avec du bambou.)

Mais la plus grosse économie carbone vient du fait qu’on a réduit du quart le volume des expéditions provenant de la Chine, puisque les languettes de bois prennent beaucoup moins de place dans une boîte que les brosses à dents
De l’entrepreneuriat à l’implication environnementale
La mission d’OLA Bamboo est de réduire les déchets de plastique (qui peuvent prendre plusieurs centaines d’années à se dégrader tout en libérant du méthane, ajoutons-nous). Leur produit phare reste les brosses à dents en bambou, mais les associés et associée ont ajouté d’autres produits dans leur catalogue au fil du temps : soie dentaire et déodorant naturel dans des emballages de carton recyclable, tampons démaquillants réutilisables, pastilles de nettoyant tout usage ainsi que pailles, ustensiles et coton-tige en bambou.
Lorsque je lui demande d’où vient sa conscience environnementale, Simon-Pier Ouellet tourne autour du pot un moment avant d’expliquer que c’est son projet entrepreneurial qui lui a inculqué des valeurs environnementales. « Je compostais, mais c’était pas mal ça. C’est l’entreprise qui m’a conscientisé », admet-il. Quand on dit que tous les chemins mènent à Rome…

Lire le dossier spécial : Le lyocell, un textile taillé pour le Québec?
Du bambou à l’érable
Aujourd’hui, OLA Bamboo vend une vingtaine de produits dans plus de 2 000 points de vente au Québec. Elle emploie trois personnes à la production à temps plein, qui fabriquent environ 2 000 brosses à dents par jour, et deux personnes aux ventes. Les brosses à dents en bambou représentent 55 % de leurs ventes annuelles, un chiffre qui pourrait changer bientôt avec le lancement il y a un an de leur plus récente gamme.
Maintenant grandement sensibilisé à la cause environnementale, le trio a créé OLA Cycle, qui vise l’économie circulaire avec une matière première bien de chez nous. En août 2022, la brosse à dents avec un manche en érable a été mise sur le marché. « On achète les retailles d’une entreprise de fabrication de guitares en Estrie qui n’étaient pas valorisées », commente le porte-parole d’OLA Bamboo pour expliquer la circularité du produit 100 % canadien. « Ce n’était pas logique pour nous de couper un arbre qui prend 40 ans à pousser pour une brosse à dents que l’on jette après trois mois », continue-t-il.
L’étude d’évaluation de l’empreinte carbone du produit est en cours, mais gageons que les résultats seront bons! « Nos prochains défis, c’est de remplacer la soie [qui ne se composte pas] et de rapatrier la production d’autres produits », mentionne Simon-Pier Ouellet, qui se montre confiant en l’avenir.