Le lyocell, un textile taillé pour le Québec?

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©Shutterstock/Andri wahyudi
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Pour les consommateurs soucieux de l’environnement, avoir accès à vaste choix de tissus écologiques est important. Parmi ceux qui sont offerts, une matière en pleine expansion a attiré notre attention : le lyocell. Unpointcinq a demandé à des experts ce qu’ils pensaient de cette fibre et si le Québec ne pourrait pas, à son tour, en produire.

Les spécialistes que nous avons interrogés sont unanimes : le lyocell a tout pour plaire. En plus d’un procédé de transformation doux pour le climat – nous y reviendrons –, la fibre est reconnue pour bien respirer, retenir sa coloration et être étonnamment résistante.

On trouve maintenant le lyocell dans des draps de lit, des vêtements et des sous-vêtements. Plusieurs grandes chaînes l’ont récemment adoptée, comme le géant suédois IKEA. Elle est généralement commercialisée sous la marque TencelMD.

L’entreprise autrichienne Lenzing, chef de file dans la production du lyocell, est le principal fournisseur des marques utilisant cette fibre. Elle a investi des sommes gigantesques en recherche et développement dans les dernières années (43 M$ en 2021 seulement) et détient plusieurs brevets clés dans la production de ce tissu.

Par ailleurs, Lenzing s’approvisionne en bois dans de nombreuses régions du monde et, notamment, en… Abitibi-Témiscamingue.

Valoriser les forêts

Le lyocell est issu d’une fibre d’origine végétale qui est ensuite traitée avec des substances synthétiques. La fibre peut être extraite des résidus de bois de différentes espèces telles que le chêne, le bambou et le bouleau.

Au-delà de ses avantages pratiques, le lyocell présente un intérêt écologique en raison de son procédé de transformation. En effet, contrairement à la viscose, une fibre d’origine végétale qui partage certaines de ses caractéristiques, le lyocell est issu d’un procédé de dissolution fonctionnant en circuit quasi fermé et utilisant un solvant plus écologique qui est, en outre, récupéré à plus de 98 %.

Julien Bley, chercheur chez Innofibre, nous explique : « Au lieu de procéder à une modification de la cellulose par réactions chimiques, on dissout la protéine présente dans l’écorce de bois dans un solvant qui est recyclé, puis réutilisé. Cela évite les émanations de gaz très toxiques qui accompagnent habituellement les procédés chimiques classiques tels ceux utilisés pour extraire la viscose. »

Pour Évelyne Thiffault, professeure au Département des sciences du bois et de la forêt de l’Université Laval, le lyocell est prometteur, car il s’inscrit dans un « cycle renouvelable ». « Le fait d’utiliser un végétal qui contient du carbone provenant de la photosynthèse permet de retirer du CO2 de l’atmosphère, explique-t-elle. Ce CO2 est stocké dans les matériaux qu’on fabrique. De nouveaux arbres poussent et captent à leur tour le CO2 atmosphérique. On entre ainsi dans une boucle vertueuse qui nous permet d’éviter l’utilisation des produits fossiles. »

Processus de fabrication du Lyocell et du Tencel

 

Selon l’ingénieure, sur le plan de la lutte contre les changements climatiques, le lyocell fait figure de produit innovant puisqu’il permet de valoriser les ressources de la forêt. Le Québec aurait tout à gagner à se lancer dans cette industrie prometteuse. « La matière est là [les résidus de bois], on a besoin de ce genre de produits, avance-t-elle. Ça s’inscrit dans une stratégie de diversification de notre industrie forestière et de valorisation de toutes les parties des arbres coupés. »

Est-ce qu’une demande plus forte pour ce genre de fibre naturelle entraînerait une plus grande pression sur les forêts québécoises? Pas nécessairement, tient à préciser Évelyne Thiffault. « Imaginons qu’on développe l’industrie textile au Québec, poursuit-elle. Cela ne signifie pas pour autant qu’on va couper plus d’arbres, qui sont avant tout transformés en matériaux de construction. Cependant, les résidus produits lorsqu’on scie du bois, eux, peuvent être utilisés pour fabriquer de la fibre et, donc, des textiles. »

Un monopole industriel

Vous vous demandez peut-être pourquoi le lyocell n’est pas plus courant sur le marché. Voici quelques pistes d’explication.

Premièrement, le procédé de transformation qui permet d’obtenir le lyocell est encore très onéreux, ce qui se répercute sur le prix du produit. « Du point de vue des coûts reliés au procédé de transformation, il faut quand même recycler et purifier le solvant à chaque fois, rappelle Julien Bley. C’est peut-être le plus grand frein. »

Deuxièmement, les brevets industriels constituent un enjeu de taille. Comme nous l’avons mentionné plus haut, la production mondiale de lyocell est majoritairement contrôlée par Lenzing, propriétaire des brevets. Elle provient donc des quelques usines que possède l’entreprise, dont la plus récente, située en Thaïlande, qui a une capacité de production colossale de 100 000 tonnes.

Lila Rousselet, propriétaire de l’entreprise québécoise Montloup, qui fabrique des tissus écologiques, voit aussi d’un bon œil le développement du lyocell, mais exprime quelques réserves : « Sur papier, c’est super. Ce qui me dérange, c’est qu’une compagnie détient le monopole de fabrication de la fibre. »

En outre, présenter le lyocell comme le « tissu du futur », slogan souvent utilisé dans le marketing de la fibre, n’est peut-être pas la meilleure idée. Lila Rousselet se méfie d’un possible « effet de mode » : « Je suis pour le fait de diversifier plutôt que d’utiliser une seule fibre, prévient l’entrepreneure. Ce n’est pas forcément la fibre du futur, c’est une fibre intéressante parmi d’autres. »

Le lyocell est donc rempli de promesses, mais sa production et sa commercialisation suscitent des interrogations. Chose certaine : grâce à ses ressources naturelles, le Québec pourrait devenir un acteur clé de la production d’une fibre de cellulose équivalente à partir des résidus de bois, des arbres « mal-aimés » tels que les bouleaux ou d’espèces végétales envahissantes. L’industrie québécoise devrait toutefois développer son propre procédé de transformation de la cellulose. Et le faire breveter!

Cet article a été rédigé dans le cadre de notre défi Détox vestimentaire, qui vise à amorcer une réflexion sur notre consommation de vêtements, sur l’industrie de la mode jetable et susciter l’échange et la discussion. 

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