Marmottes, lapins, oiseaux… cohabiter avec la faune des jardins urbains

Les lapins font partie de la vie de quartier de Châteauguay. ©Britanie Sullivan
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Les lapins font partie de la vie de quartier de Châteauguay. ©Britanie Sullivan

Même s’ils repartent avec quelques bouchées de laitue ou de petites croquées de légumes naissants, les petits animaux qui s’invitent dans nos jardins urbains ne sont pas si dévastateurs que cela. Au contraire, leur présence favorise la biodiversité et l’équilibre de la chaîne alimentaire. Reportage à Châteauguay, en Montérégie.

Depuis 2018, l’agriculteur urbain Olivier April-Lalonde s’épanouit au cœur des potagers de Cultivons Châteauguay en privilégiant des méthodes écologiques de jardinage. « On n’utilise pas de pesticides ni d’insecticides. Tout se fait manuellement, même pour le désherbage. Nous utilisons des techniques de permaculture, ce qui permet d’avoir des sols vivants et en santé. Nous avons également une grelinette, c’est-à-dire un outil qui aère les sols et préserve la vie microbienne. Parallèlement à la culture de fruits et légumes, on a des plantes dans nos jardins pour favoriser la biodiversité, la faune et la flore », énumère fièrement le coordonnateur de l’organisme sans but lucratif.

En plus d’avoir un kiosque sur roue pour vendre ses produits et contribuer à la sécurité alimentaire de la population locale, Cultivons Châteauguay introduit les jeunes à l’agriculture, l’alimentation et l’écologie dans des ateliers de jardinage scolaire. « Nous faisons la promotion de l’agriculture urbaine, mais nous essayons aussi de changer le système alimentaire pour qu’il devienne plus écologique à Châteauguay. Nous favorisons l’alimentation de proximité et l’embellissement du milieu de vie. Le jardinage en milieu urbain n’amène pas juste de la nourriture, il amène des interactions sociales et de la vie dans le paysage », fait remarquer Olivier.

Jardiner avec les animaux

Les écureuils, les marmottes, les oiseaux et même les lapins font notamment partie de la « vie de quartier » châteauguoise. La venue de petits animaux est d’ailleurs bénéfique à la culture biologique du circuit Cultivons Châteauguay. « On est contents de voir des oiseaux dans nos jardins! Ça fait partie de la biodiversité, et en général, ils aident. On brasse un peu la terre, et ils guettent les insectes. », se réjouit Olivier.

L'organisme Cultivons Châteauguay est implanté au coeur de la ville. ©Britanie Sullivan
L'organisme Cultivons Châteauguay est implanté au coeur de la ville. ©Britanie Sullivan

 
Au Laboratoire sur l’agriculture urbaine, à Montréal, Lilia Luna constate également que les oiseaux permettent de contrôler certains ravageurs tels que les chenilles. L’animatrice horticole signale toutefois qu’ils peuvent aussi être attirés par de petits fruits comme les cerises, les groseilles, les framboises et les amélanches. De simples filets pour protéger ces petites récoltes sucrées peuvent ainsi aider à les garder pour nous!

Pour la faune, les zones d’agriculture urbaine sont « une source de nourriture et d’eau. Ce sont des endroits calmes et paisibles avec beaucoup de variétés de plantes et des endroits toujours frais, aménagés et bien arrosés. C’est le paradis, quoi! »

Lilia Luna
Lilia Luna ©Courtoisie

 La faune urbaine joue un rôle essentiel dans la biodiversité et dans la chaîne alimentaire; sans cette faune, l’équilibre peut être rompu. De plus, l’utilisation de pesticides, de fongicides et de rodenticides toxiques contamine nos espaces de culture et l’environnement physique, dont font partie l’air, l’eau et le sol, dans lequel nous vivons.

Lilia Luna, animatrice horticole

Les animaux qui s’invitent dans les jardins pour s’alimenter sont davantage en lieu sûr. « On doit se souvenir que, souvent, en ville, ils n’ont pas assez de nourriture fraîche et donc ils se dirigent vers les déchets et la poubelle, ce qui cause des dégâts et a un impact sur leur santé », souligne Lilia.

Selon Olivier, la faune n’a jamais occasionné de gros dommages dans ses jardins. « C’est rare de perdre toute une récolte lorsqu’on a une culture diversifiée, déclare-t-il en donnant l’exemple d’un animal qui viendrait hypothétiquement manger tous les plants dans une monoculture de maïs. Nous, puisqu’on jardine à petite échelle, on promeut une approche écologique et d’équilibre. Autrement dit, la biodiversité va régler les problèmes, pas les méthodes chimiques! »

Le passionné d’agriculture soutient qu’un équilibre finit normalement par se créer dans un système de partage de récoltes avec certains animaux et insectes. Il s’agit simplement de respecter la chaîne alimentaire, convient le cofondateur de Cultivons Châteauguay. Pas question d’ailleurs de se lancer dans une « guerre aux lapins ».

Pour un équilibre de la chaîne alimentaire

Lilia partage l’approche de Cultivons Châteauguay : « La faune urbaine joue un rôle essentiel dans la biodiversité et dans la chaîne alimentaire; sans cette faune, l’équilibre peut être rompu. De plus, l’utilisation de pesticides, de fongicides et de rodenticides toxiques contamine nos espaces de culture et l’environnement physique, dont font partie l’air, l’eau et le sol, dans lequel nous vivons. »

 
« Si l’on pense à empoisonner des rongeurs puisqu’on ne veut pas qu’ils viennent chez nous, la crécerelle d’Amérique, par exemple, qui est un oiseau de proie, va manger l’animal empoisonné. Si elle en mange plusieurs, c’est elle qui devient empoisonnée et qui peut mourir. Cette accumulation de produits chimiques dans la chaîne alimentaire finit par affecter les prédateurs. Les produits chimiques ne disparaîtront pas dans l’environnement; ils vont aller quelque part où il ne sera plus possible de les contrôler », explique Charlotte Poirier, éducatrice naturaliste pour Héritage Saint-Bernard.

Charlotte Poirier
Charlotte Poirier ©Courtoisie

Héritage Saint-Bernard est l’un des partenaires de Cultivons Châteauguay, qui fait en outre partie de son circuit avec son verger et son potager biologiques. L’organisme gère le refuge faunique Marguerite-D’Youville, qui est situé sur l’île Saint-Bernard, à Châteauguay. Visant la conservation des milieux (étant majoritairement humides et fragilisés sur l’île), Héritage Saint-Bernard restreint l’accès au public avec un sentier de huit kilomètres dans le refuge. Des cerfs de Virginie, des ratons laveurs, des moufettes, des écureuils et des souris, notamment, sont contents d’y habiter. Il est même possible d’y admirer plus de 200 espèces d’oiseaux!

« Si l’on a des cultures sans insectes, les oiseaux insectivores n’ont pas de nourriture », souligne Véronique Tchang, chef de service à l’éducation et à l’écotourisme pour Héritage Saint-Bernard. Celle-ci relève que les moufettes sont également très gourmandes en insectes, ce qui aide beaucoup un jardin. Charlotte ajoute : « Ce sont souvent des insectes qui sont nuisibles, tant pour nous que pour notre agriculture, nos plantes et notre diversité. Ce n’est pas le fun, l’odeur d’une moufette, mais elle nous aide à contrôler des populations d’insectes qui feraient sinon des ravages. »

Le refuge faunique Marguerite-D’Youville situé sur l’île Saint-Bernard, à Châteauguay. ©Dominic Gendron
Le refuge faunique Marguerite-D’Youville situé sur l’île Saint-Bernard, à Châteauguay. ©Dominic Gendron

Inviter la faune à la fête!

Sur l’île Saint-Bernard, loin d’être chassés du verger et du potager, les animaux sont fortement encouragés à y pointer le bout de leur nez.

« Nous avons des nichoirs pour attirer certains oiseaux afin de contrôler des ravageurs, des insectes ou de petites souris. Le verger est toutefois clôturé puisque les cerfs de Virginie sont très attirés par les pommes! » fait part Véronique en riant.

« Les nichoirs, ce sont des cabanes en bois qui permettent aux oiseaux de faire leur nid à l’intérieur. On a le merle-bleu de l’Est. On a aussi l’hirondelle bicolore qui est 100 % insectivore et qui va manger des insectes en vol près du verger. La crécerelle d’Amérique va plutôt chasser les petits rongeurs », précise Charlotte, ajoutant que d’autres espèces insectivores préfèrent habiter le refuge, tout juste à côté du verger, ce qui ne les empêche pas de venir grignoter autour des pommiers.

Destiné à sensibiliser les jeunes à l’agriculture biologique, le potager d’Héritage Saint-Bernard accueille une flore diversifiée. Des plantes produisant du nectar sont présentes sur le lopin de terre afin d’attirer les pollinisateurs. L’asclépiade et la capucine font entre autres partie du potager et attirent abeilles, bourdons, papillons et bien d’autres choses encore.

De son côté, Olivier reconnaît également que ces plantes indigènes sont très utiles pour attirer les pollinisateurs. « Ce sont des plantes qui se sont développées naturellement dans notre région puisqu’elles étaient là à la base. Ce sont des espèces plus résistantes, adaptées à notre climat ainsi qu’aux animaux et aux insectes l’entourant. À l’inverse, les espèces exotiques peuvent menacer la biodiversité et le système écologique global. » Certaines espèces exotiques n’ont pas nécessairement de prédateurs ici et peuvent devenir envahissantes, ce qui peut mener à la perte de milieux de vie pour certains animaux et insectes.

Des paysages qui attirent les animaux

« On fait de l’agriculture urbaine, on plante des arbres et l’on aménage des espaces verts. Il faut reconnaître que les animaux vont aussi être intéressés par tout cela, constate Véronique. On va commencer à voir plus d’animaux sur nos terrains et dans les rues », soutient-elle. D’après la chef de service, la prochaine étape serait donc d’apprendre à vivre avec les animaux en milieu urbain.

« Afin de concilier l’agriculture urbaine et les animaux, dans le but que ces derniers n’endommagent tout de même pas trop nos cultures, il faut aussi des espaces pour qu’ils soient bien! Des parcs naturels, par exemple, où ils aimeront davantage rester. Ainsi, on régule la présence des animaux qui ne sont pas censés être chez nous », ajoute sa collègue Charlotte.

« On dit que c’est important la biodiversité et la protection des écosystèmes. Mais quels sont les objectifs derrière tout ça? Il ne faut vraiment pas les oublier. La régulation du climat, la captation de CO2, l’équilibre des écosystèmes, la purification de l’air et de l’eau, la stabilisation des berges, énumère Véronique. Nous avons vu dernièrement des inondations, des feux de forêt et des augmentations de température. Se rapprocher de la nature a une importance capitale. C’est l’avenir… le nôtre, celui de nos enfants et celui de la planète », conclut Véronique.

Quelques astuces de Lilia pour cohabiter avec la faune

  • Prévoir des pertes et produire, par conséquent, un peu plus de plantes pour pouvoir remplacer les plants endommagés.
  • Faire des semis directs en continu, c’est-à-dire semer sans travailler le sol au préalable, pour permettre l’utilisation maximale des espaces de culture. (Le cycle des plants est court, et si nous avons des pertes, ce n’est pas très grave!)
  • Ajouter un bâton, une corde ou un couvercle aux barils d’eau pour l’arrosage, et ne jamais les laisser vides. Bien que ces derniers soient utiles pour la faune, beaucoup d’écureuils tombent dans les barils à moitié pleins et n’arrivent plus à en sortir. Cela se produit aussi avec les oiseaux dans les périodes de canicule.
  • Placer sur les sites de plantation des bains d’oiseaux ou des bols d’eau pour les animaux qui vivent aux alentours. Cela permet d’éviter de se faire croquer de belles tomates ou des plantes! Il est important d’en changer l’eau fréquemment.
Héritage Saint-Bernard cultive un potager biologique sur l’île Saint-Bernard, à Châteauguay.
Héritage Saint-Bernard cultive un potager biologique sur l’île Saint-Bernard, à Châteauguay. ©Dominic Gendron

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