Avant de se croiser lors d’une soirée de réseautage, David Côté et Julie Poitras-Saulnier ignoraient qu’un coup de foudre allait les réunir, dans les affaires comme dans la vie. Portrait des cofondateurs de Loop Mission, deux personnes engagées pour le climat qui contribuent à réduire le gaspillage alimentaire en donnant une seconde vie à des produits transformés en jus et en bière.
« Je ne sais pas si tu vas y croire. On s’est rencontrés dans une grande roue », explique David au sujet du jour où il a connu celle qui allait devenir sa conjointe et sa partenaire d’affaires, il y a plus de cinq ans.
Il s’agissait d’un événement de réseautage professionnel. Ce qui devait durer quelques minutes s’est étiré pendant des heures. « C’était très romantique, raconte Julie en riant. On a tellement cliqué que je me suis dit “OK, c’est la personne avec qui je vais faire un projet.” » Pour elle, tout a commencé de façon professionnelle. « Pas pour David, par contre », poursuit-elle. « Moi, j’étais déjà en amour. Dans ma tête, j’étais avec elle le jour même », réplique son conjoint avec un sourire moqueur.
Le projet Loop Mission a rapidement pris forme lorsque le couple a visité l’entrepôt d’un client de David, qui voulait leur montrer les denrées qu’il jetait. « C’était tellement marquant qu’on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose. C’est comme si toutes les étoiles s’alignaient. C’était magique, se souvient celui qui est encore tout aussi amoureux. Julie a vendu sa maison. J’ai fait de même avec mon entreprise de restauration. Et on a démarré Loop à temps plein. »
Geeks, libres et passionnés
Aujourd’hui, David et Julie partagent leur vie entre Montréal et Saint-Adolphe-d’Howard, dans les Laurentides. « On habite dans le bois ensemble, c’est vraiment ce qui nous a réunis à la base », explique Julie.
Au quotidien, la complexité des enjeux climatiques prend de la place dans leurs questionnements. « Quand on regarde les analyses de cycle de vie environnementales, ça devient dur de faire des choix si tu n’as pas fait ta recherche en amont. C’est de prendre ce temps-là qui est un défi chaque fois », fait remarquer Julie. « Elle et moi, on est un peu geeks. En général, on se rend compte, quand on creuse, qu’il y a beaucoup de fausses conceptions par rapport à ce qui est bon pour l’environnement. Le défi est de se tenir à jour et de voir ce qui serait encore mieux à faire », explique David.
C’est ça, le style Loop. C’est un peu bohème.
Les deux avouent candidement posséder un côté gypsie. « On est du monde de road trip, on aime ça, partir sans savoir où on s’en va », affirme David. Par exemple, peu après avoir lancé leur entreprise, les tourtereaux ont roulé jusqu’en Colombie-Britannique, mais sans dire à leurs partenaires qu’ils partaient en voyage. « On écrivait les commandes sur un sac de pain. Le téléphone du bureau, c’était mon cellulaire. On allait devant un café et on prenait le WiFi pour entrer les demandes des clients. C’est ça, le style Loop. C’est un peu bohème », raconte Julie.
Les deux partagent également une passion pour la nourriture. « Quand on voyage quelque part, aller visiter l’épicerie, c’est une activité de couple absolument exceptionnelle! » dit-elle en riant. Depuis sa création, Loop Mission soutient avoir détourné 8035 tonnes de fruits et légumes des dépotoirs et évité l’équivalent de 6411 tonnes d’émissions de gaz à effet de serre.
Des parents pleins d’espoir
David et Julie ont une longue liste de rêves qu’ils souhaitent réaliser au cours des prochaines années. « On en a plein! » dit l’homme d’affaires avec des étoiles dans les yeux. Fiers parents d’une fillette prénommée Lynx, ils caressent l’idée d’avoir un deuxième enfant et voudraient aussi développer leur entreprise à l’étranger. En étudiant le marché ailleurs et en faisant croître les activités de Loop Mission, les amoureux prévoient s’établir quelque temps dans chacun des pays où ils comptent s’implanter. Un rêve « de couple et d’entreprise », précise Julie.
Il y a beaucoup de gens qui sont en train d’élever une nouvelle génération qui va changer les choses. Je pense qu’il y a plein d’espoir.
Son conjoint et elle souhaitent élever leur fille en lui inculquant une conscience environnementale. « Il y a des gens qui ont des enfants et qui s’inquiètent pour leur futur. Nous, on s’inquiétait déjà pour le nôtre, explique David. On va éduquer une enfant qui va à son tour vouloir faire des changements dans le monde. Nos valeurs sont intrinsèquement vécues au quotidien à travers ce qu’on mange, la façon dont on s’habille. On demeure sur le bord de l’eau, on a des poules, du compost. C’est donc une évidence pour nous. »
De son côté, Julie estime avoir davantage confiance en l’avenir depuis qu’elle est devenue mère. « Il y a beaucoup de gens qui sont en train d’élever une nouvelle génération qui va changer les choses. Je pense qu’il y a plein d’espoir. »
En rafale : agir pour le climat
À la maison, qui s’occupe du recyclage?
« David. De le sortir! C’est juste que je ne le sors pas », confesse Julie en éclatant de rire.
Qui s’occupe du compost?
« C’est David, mais on a des poules! Ce sont les poules qui s’occupent du compost », poursuit Julie.
Qui essaie de manger plus local, plus végé?
Les deux répondent presque en même temps que c’est Julie qui fait le plus d’efforts.
Qui a le plus à cœur d’éviter le gaspillage alimentaire?
« C’est moi qui fais la gestion du frigo. David cuisine plus que moi. Je vais donc lui dire “Il faut absolument que tu cuisines le chou-fleur ce soir.” Et je vais replacer les choses dans le frigo pour mettre les plus vieux aliments sur le devant », explique Julie.
« Julie accepte plus facilement que moi de renoncer à ce qu’elle a envie de manger pour choisir ce qu’il faut manger », illustre David.
Qui limite le plus les achats inutiles?
« Moi, on s’entend, dit David. Ça, c’est clair! Je hais les choses. Avant d’acheter, je me demande toujours “A-t-on vraiment besoin de ça?” »
« Mais on dirait qu’on n’achète plus grand-chose à cause de ça! » s’exclame Julie.
Qui fait le plus attention à la consommation d’énergie?
« Julie. Elle débranche toutes les prises électriques parce qu’elle dit qu’il y a de l’électricité fantôme. Moi, je laisse le grille-pain branché, Julie le débranche », explique David.
« Il faut le débrancher! » répond Julie.
Qui essaie de produire moins de déchets?
« J’aurais tendance à dire que c’est moi, explique Julie, parce que j’ai même interdit les essuie-tout jetables à la maison il y a longtemps. Et je serais prête à être plus extrémiste encore. ».
« Quoique je me torchais avec de l’eau avant de te rencontrer. Tu serais prête à arrêter le papier de toilette? » lui demande David.
« Je voudrais qu’on installe un bidet. Ça, j’aimerais vraiment ça », poursuit Julie.
« Eh bien, let’s go! » l’encourage son conjoint.
Qui a choisi le modèle de la voiture ?
Le couple cherche un nouveau véhicule, car celui qu’il possède actuellement est trop petit pour accueillir un bébé et un chien.
« On aimerait acheter un véhicule électrique, mais les délais sont longs pour le modèle qu’on veut. Je pousse pour qu’on soit capables d’attendre », dit Julie en riant.