La Ligue nationale du climat vient de publier son classement 2020 des municipalités qui agissent pour réduire leur empreinte carbone. La particularité? Ce sont les citoyens qui demandent à leur ville de fournir les données permettant de les évaluer. Unpointcinq a discuté avec trois d’entre eux pour découvrir leurs motivations.
« Pourquoi nos villes se développent-elles ainsi? Pourquoi tous ces dégâts faits à la terre? N’y a-t-il pas d’autres options? » Ce sont ces questionnements qui ont poussé Amal Melki à s’impliquer au sein de Réalité climatique Canada, l’organisme qui pilote la Ligue nationale du climat. En compagnie d’autres citoyens bénévoles, la Lavalloise d’origine libanaise a rencontré à maintes reprises les élus de Montréal et de Laval pour les encourager à rehausser leurs ambitions climatiques et à rendre accessibles leurs données concernant la lutte aux changements climatiques.
« Au cours de nos rencontres, ils ne nous promettaient rien, mais nous avons réalisé par après que nos demandes ont été prises en considération, car nous pouvions trouver plus de données sur leur site. Cette transparence permet de faire la comparaison avec d’autres villes », explique celle qui est titulaire d’un baccalauréat en urbanisme et d’une maîtrise en santé publique.
Des indicateurs variés
Au total, 30 indicateurs sont pris en compte dans la collecte de données. Ils couvrent les domaines du transport – voies cyclables, transport collectif, véhicules partagés, potentiel piétonnier (« marchabilité ») –, de l’emploi – secteur de l’emploi durable –, de l’équité sociale – logements abordables – et de la santé – qualité de l’air, couvert arborescent. « Ces données permettent de voir dans quels domaines la Ville doit s’améliorer. C’est un outil pertinent, que nous, les citoyens, pouvons utiliser pour revendiquer auprès de la Ville les actions qu’elle doit poser », affirme Amal Melki.
Depuis 2015, Normand Beaudet multiplie ses actions bénévoles pour le climat. C’est en côtoyant des gens qui étudient plus profondément l’enjeu des changements climatiques que ce résident de Blainville a pris conscience de la nature urgente de cette lutte.
À un moment, je me suis dit, ce n’est pas vrai qu’on va laisser cet héritage climatique à nos enfants et à nos petits-enfants. Ça n’a aucun sens.
Depuis un an, il accompagne les citoyens dans leurs démarches auprès des autorités locales pour Réalité climatique Canada, à titre d’organisateur régional à temps partiel. « Ce qui m’intéresse, c’est qu’ils se sont penchés sur ce que peuvent faire les municipalités concrètement et comment les citoyens peuvent mettre de la pression pour que celles-ci agissent », déclare-t-il.
De son côté, Victorine Michalon, mère de trois enfants, a été séduite par l’idée de diffuser des indicateurs concrets sur le climat. « J’y ai vu une occasion de promouvoir des données dont on a cruellement besoin pour mesurer nos actions contre le réchauffement climatique, mais aussi la possibilité de jouer pleinement mon rôle de citoyenne en interpellant mes élus, à qui j’ai délégué ma voix », déclare la Montréalaise de 36 ans. Écoanxieuse avouée, Victorine Michalon dit se soigner par l’action.
« Chaque semaine, je pose un geste pour le climat, qu’il soit personnel, collectif ou politique », explique l’enseignante de yoga et de français.
Parfois, les aléas de la vie quotidienne prennent tout de même le pas sur sa bonne volonté. La mère de famille a ainsi été contrainte de mettre en veilleuse son implication à Réalité climatique Canada pour achever les rénovations de son plex de Rosemont–La Petite-Patrie. Mais ce n’est que partie remise, elle affirme avoir bien l’intention de s’y remettre une fois les rénos terminées!
La Ligue nationale du climat, quessé ça?
Pilotée par Réalité climatique Canada, branche canadienne de l’organisme créé en 2006 par l’ancien vice-président des États-Unis, Al Gore, la Ligue nationale du climat invite les citoyens à demander à leur municipalité de fournir des données sur les actions qu’elle a posées pour améliorer leur qualité de vie tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Depuis 2018, les données sont compilées et les villes de même taille sont comparées afin de relever les points forts et les points faibles de chacune. Montréal, Québec, Laval, Victoriaville, Sherbrooke et Gatineau ont participé à l’édition 2020.
On peut consulter le classement et découvrir comment s’impliquer sur cette page. On y trouve, entre autres, des outils pour communiquer avec son élu local.