La mobilisation pour la protection du mont Kaaikop a payé

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©Coalition Conservation Mont-Kaaikop
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Après plus d’une décennie de mobilisation, les bénévoles de la Coalition Conservation Mont-Kaaikop célèbrent une victoire longuement attendue. Le gouvernement du Québec fera du deuxième plus haut sommet des Laurentides une aire protégée. Ce gain marque la fin d’une bataille et le début d’une nouvelle étape : la création d’un plan de conservation qui assurera la pérennité de la montagne.

« J’aime penser que la montagne nous a choisis », me confie Serge Hayman, membre fondateur et vice-président de la Coalition. Il y a 12 ans, le petit groupe citoyen se réunissait dans la salle à manger d’un des membres. C’est petit à petit qu’est née de ces rencontres militantes la Coalition Conservation du Mont-Kaaikop.

Depuis leur cour, les membres fondateurs ​​​​pouvaient observer ce joyau, haut de 838 mètres. C’est peut-être cette vue, pense Serge Hayman, qui leur aura prodigué la force nécessaire pour mener ce combat. La lutte à mener était non seulement environnementale, mais aussi sociale : protéger la biodiversité et assurer aux générations futures un avenir durable.

Depuis 2013, ces bénévoles ont investi temps, argent et santé dans une mobilisation sans relâche. Les forêts anciennes du mont Kaaikop s’étalent sur 40 km² et abritent des arbres vieux de plus de 200 ans.

Le 6 mars dernier, le gouvernement du Québec a annoncé son intention de mettre en réserve le territoire du mont Kaaikop, le soustrayant ainsi à toute extraction minière ou forestière.

Un long processus pour créer l’aire protégée

L’annonce de la mise en réserve est une étape clé, mais sa mise en œuvre pourrait prendre jusqu’à deux ans, estime Claude Samson, membre fondateur et président de la Coalition. Le gouvernement doit concevoir un plan de conservation afin d’aménager durablement le territoire.

La Coalition a quant à elle déjà pris les devants. En décembre 2022, le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette, avait évoqué la possibilité de protéger les territoires du mont Kaaikop. La Coalition s’était alors lancée dans l’élaboration de son plan de valorisation et de préservation des écosystèmes.

« Le gouvernement n’est pas habitué à ce genre de proaction, mais nous aussi, on y travaille! » explique Claude Samson. L’organisme espère pouvoir co-élaborer avec le gouvernement ce plan de conservation.

La seule crainte du président : que le gouvernement valorise le site pour le seul bénéfice des gens. « On n’a pas travaillé 12 ans là-dessus pour que le territoire soit envahi à 100 % par l’humain », explique le bénévole. Il rappelle que l’effondrement de la biodiversité a deux causes majeures : les gaz à effet de serre et l’empiétement du territoire par l’espèce humaine.

On va zoner le territoire, un peu comme dans un parc naturel, pour préserver les espèces, de la faune ou de la flore, qui sont menacées.

Claude Samson, membre fondateur et président de la Coalition Conservation Mont-Kaaikop

 

Pour la Coalition, il faudra définir des zones où les personnes seront les bienvenues, et d’autres réservées aux « êtres sans voix qui habitent le mont Kaaikop », soit les orignaux, les chevreuils, les loups, le petit gibier et les ours. Tous ces êtres pour qui l’organisme n’a cessé de plaider.

La Coalition a déjà des équipes de recherche qui procède à « l’inventaire écologique » des anciennes forêts du mont Kaaikop. « On va zoner le territoire, un peu comme dans un parc naturel, pour préserver les espèces, de la faune ou de la flore, qui sont menacées », explique Claude Samson.

©André Goulet

12 années de luttes… et de victoires

« On n’a pas ouvert le champagne, mais presque! » s’exclame en riant Claude Samson, se remémorant l’annonce de la mise en réserve.

Quand le projet d’une coalition a pris racine, l’objectif était clair : « On ne laissera pas à nos enfants des cours sans arbre. » En s’installant près de la montagne, Serge Hayman ne s’imaginait pas que son vaste terrain de 100 acres serait bientôt ceinturé par des coupes forestières.

La Coalition n’est toutefois pas contre la foresterie. Elle croit plutôt que toute coupe forestière doit être appuyée par des études sérieuses, acceptées par une population informée. Depuis avril 2013, le petit groupe militant s’est donc entouré de spécialistes pour documenter le territoire. C’est le cas d’André Goulet, ingénieur forestier et médiateur accrédité de l’Institut des territoires. La Coalition l’a approché au tout début pour solliciter son expertise.

« Ce qu’on disait, c’est qu’il manquait de données pour faire les coupes forestières. Il semblait y avoir sur cette montagne-là une forêt vraiment unique. C’est ce qu’on a réussi à prouver : le mont Kaaikop regorge d’anciennes forêts en altitude, une rareté dans les Laurentides », constate le consultant et collaborateur de la Coalition.

En 2014, l’organisme a d’ailleurs obtenu gain de cause en Cour supérieure : la juge a ordonné la suspension des coupes forestières prévues. Elle reconnaissait que les retombées de l’industrie forestière ne compenseraient pas les pertes causées par la dégradation des richesses naturelles des forêts.

Levées de fonds, démarchage au niveau universitaire, études économiques, campagnes médiatiques… Les citoyennes et citoyens de la Coalition ont tout déployé pour documenter la valeur du territoire. Pendant cinq ans, le petit groupe se rendait à Québec, à ses frais, pour rencontrer les finissantes et finissants en génie forestier. « Ces jeunes-là, ce sont nos futurs décideurs », explique Claude Samson. En les rencontrant, le groupe espérait les sensibiliser et les informer quant à l’aspect social de la foresterie.

« On a été très tenaces, on a participé à tous les forums. Le ministre Charette, il nous connaît! » raconte fièrement Claude. Mais Serge Hayman admet que la lutte n’a pas été de tout repos : « Ça a été tellement de ressources, tellement de sous, tellement de temps. On y a laissé notre santé. C’est une folie de militer comme ça, et toujours bénévolement. » Toutefois, après toutes ces années et malgré la fatigue, le constat du vice-président demeure : « Si on ne s’en occupe pas, qui va s’en occuper? »

« J’espère que notre démarche peut susciter de l’espoir », résume Claude Samson. Avec une armée de bénévoles et plus de 500 donateurs et donatrices qui l’appuient, l’équipe a honoré un devoir sacré : ne pas décevoir ceux et celles qui ont cru à la cause.

Protéger le territoire pour préserver l’avenir

Lorsqu’on lui demande pourquoi le mont Kaaikop est si important à préserver, André Goulet invoque Darwin. Selon l’ingénieur forestier, le terme « économie » – qu’on réduit aujourd’hui à la seule idée d’un « système monétaire de rendement » – aurait perdu une partie de sa définition originelle. Pour Darwin, l’« économie de la nature » décrivait plutôt la façon dont les espèces évoluent lentement au fil du temps, créant un équilibre dans les écosystèmes. « En retirer ou y introduire une espèce étrangère peut perturber cet équilibre délicat, explique l’expert. C’est encore plus vrai pour les forêts anciennes. »

Les vieilles forêts regorgent d’espèces ne pouvant vivre nulle part ailleurs, notamment des champignons qui ne s’attaquent qu’aux vieux arbres, ou encore des oiseaux qui ne vivent qu’au sein de forêts profondes. « La disparition d’une seule espèce a des impacts sur tout l’écosystème, et sur l’humain aussi. »

Les membres de la Coalition ne faiblissent pas, et continueront à travailler au plan de conservation pour un avenir durable. Elles et ils agissent pour leurs enfants, leurs petits-enfants et toute la descendance des êtres sans voix du mythique mont Kaaikop.

©Coalition Conservation Mont-Kaaikop

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