Vincent Carbonnelle, Environnement Côte-Nord ©Courtoisie
Retombées positives générales
Grâce à un programme d’accompagnement, six entreprises de la Côte-Nord se dotent d’un plan d’action afin de réduire leur empreinte carbone, de mobiliser leur effectif et de devenir plus concurrentielles.
« C’est pas mal plus facile d’apporter des changements avec des chiffres en tête », lance Kelsy Godbout, responsable du développement durable au Manoir du Café de Baie-Comeau. Les chiffres dont elle parle figurent dans le bilan carbone de l’entreprise. Car pour réduire ses émissions de carbone, il faut d’abord savoir d’où elles viennent. Pour cela, il faut les inventorier. C’est ce qu’a fait cette maison de torréfaction nord-côtière en se joignant à la première cohorte carbone.
Mis sur pied par Environnement Côte-Nord, l’équivalent d’un de ces conseils régionaux de l’environnement qu’on retrouve un peu partout au Québec, ce projet regroupe six entreprises nord-côtières de divers horizons qui souhaitent passer à l’action afin de diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Lancé au printemps, le programme comprend un accompagnement par une firme-conseil ainsi que des ateliers réunissant ceux et celles qui participent. L’objectif : attaquer les émissions de GES à la source.
Cet automne, après des mois de travail, les membres de la cohorte ont obtenu leur plan d’action personnalisé. Au Manoir du Café de Baie-Comeau, une entreprise certifiée B Corp, la réduction des GES passe entre autres par une transition vers des ventes à 100 % de cafés ayant une certification. « On sait que la production de cafés ayant une certification équitable ou biologique, par exemple, émet généralement moins de GES que celle d’un café régulier », explique Kelsy Godbout. En ce moment, la moitié du café vendu par le Manoir du Café, notamment via son site Internet, est certifié.
Autre action possible de ce torréfacteur de la Manicouagan : encourager la mobilité durable de son personnel. Actuellement, l’ensemble des membres du personnel de cette entreprise qui possède deux adresses, un café au centre-ville et un atelier de torréfaction, se rend au travail en voiture, à l’instar de la vaste majorité des habitants et habitantes de la Côte-Nord. « On veut expérimenter des stratégies afin de favoriser le covoiturage ou les déplacements à vélo, comme la remise de cartes-cadeaux d’une boutique de vélo », avance Kelsy Godbout.
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Un coup de pouce pour aller plus loin
Lefebvre Industri-Al, qui recycle des résidus de la production d’aluminium de Baie-Comeau, fait également partie de la première cohorte carbone. « On tentait déjà de faire notre possible afin de réduire notre empreinte carbone, mais on voulait un œil extérieur pour voir si on pouvait aller encore plus loin », affirme Joanne Lefebvre, PDG de cette entreprise familiale fondée en 2000.
Après le dépôt du plan d’action, la dirigeante constate que ce sera un défi de taille que de diminuer davantage les GES. « On sait qu’on a déjà réduit substantiellement nos émissions de GES avec la mise au point de notre procédé unique de recyclage des résidus des alumineries fonctionnant à l’électricité, technologie qui a été implantée avant la cohorte carbone. La prochaine étape importante passe par l’électrification de notre flotte de camions, lorsque la technologie rendra cette transition possible. On reste à l’affût des avancées », explique-t-elle. En attendant, on sensibilise le personnel à l’écoconduite. Un plan de gestion des matières résiduelles est aussi mis sur pied.
Pour Lefebvre Industri-Al, la plus-value de cette démarche va bien au-delà de la simple réduction des GES. « Les entreprises européennes sont responsables des émissions de carbone de leurs fournisseurs. Elles nous demandent un bilan carbone et on l’a », explique Joanne Lefebvre, qui commence à reluquer cet immense marché.
Le Fonds Écoleader, financé par le gouvernement du Québec, assume 75 % de la facture de l’initiative, les entreprises comblent le reste. Environnement Côte-Nord espère obtenir les fonds nécessaires pour lancer une deuxième cohorte. « La démarche suscite beaucoup d’intérêt. Les entrepreneurs locaux veulent participer à la transition », remarque Vincent Carbonnelle, conseiller du Fonds Écoleader chez Environnement Côte-Nord.
Un atout pour attirer la main-d’œuvre
Le Port de Sept-Îles, autre participant, est déjà passé à l’action afin de réduire ses GES en électrifiant plus de 50 % de sa flotte de véhicules de fonction. « Le plan d’action nous donne également les outils afin d’élaborer notre stratégie de développement durable », explique Mélissa Sanikopoulos, directrice, environnement et développement durable au Port de Sept-Îles, une organisation qui emploie 18 personnes.
Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, cette initiative permet aussi aux entreprises de se démarquer. « C’est une belle fierté pour les employés de participer à la réduction des GES. C’est aussi une bonne manière d’attirer des candidats qui se préoccupent des enjeux environnementaux », soutient Kelsy Godbout, du Manoir du Café.
Attitude Nordique, un pourvoyeur de plein air de Baie-Comeau, La Compagnie, une microbrasserie de Sept-Îles, et Numérik Solutions d’affaires, également de Sept-Îles, sont les autres entreprises qui font partie de cette première cohorte, dont l’accompagnement se termine bientôt. Les entreprises nord-côtières doivent dès maintenant manifester leur intérêt auprès d’Environnement Côte-Nord pour la deuxième cohorte.
