La Dictée P.G.L. est connue pour le défi qu’elle pose en orthographe et en grammaire. Mais celui-ci n’est que la pointe de l’iceberg. En dessous se trouve tout un projet éducatif visant à sensibiliser et à mobiliser les jeunes. Depuis trois ans, le développement durable est à l’honneur.
2021 marquera le 30e anniversaire de la Dictée P.G.L. Plus de sept millions d’enfants, de la maternelle au secondaire 2, y ont participé depuis 1991 : des jeunes d’ici et d’ailleurs au Canada, mais aussi des États-Unis, d’Haïti et même d’Afrique.
Chaque automne, les enseignants et enseignantes des pays de la francophonie sont invités à inscrire leur classe. « Ils ne s’inscrivent pas seulement à un concours », précise d’emblée le directeur de La Dictée P.G.L., Nagui Rabbat, à propos du projet qui s’étend chaque année de janvier à mai.
Dans un premier temps, ils ont accès à des outils pédagogiques disponibles en ligne, entre autres un magazine, ainsi qu’à des exercices et à des activités à faire en classe et à la maison pendant tout le mois de janvier. Vient ensuite le volet compétitif avec la dictée comme telle à la fin du mois, puis les finales régionales et nationales, jusqu’à la grande finale internationale au mois de mai.
Je cherchais une activité à la fois ludique, compétitive et qui fait la promotion du français…
C’est ce second volet qui a incité Samuel Fortier, enseignant et directeur de l’école primaire La Source à Sherbrooke, à s’inscrire pour la première fois en 2014. « Je cherchais une activité à la fois ludique et compétitive, qui fait la promotion du français, mais aussi de l’apprentissage en général et du savoir-être. On retrouve beaucoup cette approche dans le sport, mais peu dans les autres matières », souligne-t-il.
Beaucoup plus qu’une dictée
L’action est au cœur du projet éducatif imaginé par la Fondation Paul Gérin-Lajoie, qui porte le nom du premier titulaire du ministère de l’Éducation du Québec en 1960 et président de l’Agence canadienne de développement international (ACDI) dans les années 1970. Ce politicien avait à cœur l’éducation, la francophonie et la coopération internationale. Des valeurs encore portées aujourd’hui par la Fondation qui a pour mission de valoriser la langue française comme outil de réflexion et de communication, de sensibiliser les jeunes à la solidarité internationale et d’améliorer les conditions de vie en Afrique et en Haïti grâce à une éducation de qualité.
Dans cet esprit, les élèves sont appelés à faire commanditer leur dictée par leurs proches. « La moitié du montant amassé sert à soutenir les projets de leur école et l’autre moitié permet de financer les projets éducatifs de la Fondation en Afrique et en Haïti », explique Nagui Rabbat.
Enseignant en 4e année à l’école primaire Saint-Fabien de Montréal, Ludovic Tourné participe depuis 10 ans à La Dictée P.G.L. « pour la promotion du français, mais aussi pour la mission philanthropique ». « La collecte de fonds permet d’ouvrir les élèves sur le monde et de les sensibiliser à d’autres réalités », ajoute-t-il. Annie Bouchard, ex-enseignante devenue conseillère pédagogique au Centre de services scolaire du Lac-Abitibi, abonde dans le même sens. « Au départ, comme enseignante, c’est la dictée qui m’a interpellée, se rappelle-t-elle. Mais j’ai vite réalisé qu’elle n’est en fait qu’un prétexte pour mieux comprendre et aider l’autre. Les jeunes ne font pas qu’approfondir leur connaissance de la langue, ils apprennent les notions d’entraide et de coopération. »
Devenir des acteurs de changement en environnement
Le thème de cette année, La biodiversité : un héritage à préserver, viendra clore une période triennale sur le développement durable. Un cycle durant lequel les jeunes ont pu réfléchir et écrire sur les différentes façons d’agir en citoyen responsable et de devenir des acteurs de changement. « Disons que le sujet de l’environnement est très bien couvert en classe quand on participe à La Dictée P.G.L. », admet Samuel Fortier.
La thématique a grandement inspiré Ludovic Tourné, qui a aménagé un potager à l’école avec l’aide d’autres enseignants et de parents, ainsi qu’un système de vermicompostage avec ses élèves. « Ça montre aux enfants qu’on peut tous contribuer à de petits changements, qui auront de grandes répercussions si tout le monde fait sa part », affirme-t-il.
Depuis 2018, la Dictée P.G.L tient également un concours annuel, nommé Des actions pour l’avenir, qui offre des bourses pour aider les écoles à réaliser leurs projets en développement durable. Annie Bouchard et ses élèves en ont remporté une pour leur projet de construction d’un mur végétal à l’intérieur de leur école. L’enseignante a aussi mis sur pied un projet de tri des déchets dans sa classe.
Comme Annie et Samuel, Ludovic croit que la Dictée P.G.L. permet de faire d’une pierre deux – voire quatre ou cinq – coups. « Je fais la promotion de la langue française, de la sensibilisation à d’autres cultures et à l’environnement ainsi que des projets en classe, le tout en développant chez les élèves les compétences prescrites par le programme du ministère de l’Éducation », résume-t-il.
Unpointcinq est partenaire de l’édition 2021 de la Dictée P.G.L. à titre de fournisseur de contenus.
Trois questions à l’illustrateur Jacques Goldstyn
Pour la deuxième année, c’est Jacques Goldstyn, le créateur de Beppo dans le magazine Les Débrouillards, qui illustre l’affiche de La Dictée P.G.L. Unpointcinq a trois questions pour lui.
Pourquoi avez-vous accepté de vous impliquer dans ce projet?
C’est un peu à cause de Beppo. Je collabore avec Les Débrouillards depuis ses tout débuts et avec Les explorateurs, deux magazines qui parlent de nature et d’environnement. Beppo est bien placée pour parler de biodiversité. Étant elle-même une grenouille, c’est la première affectée par les changements climatiques, la pollution, les pesticides. Alors, c’est la première à gueuler contre les dérives des humains.
Qu’est-ce qui vous motive, vous inspire dans cette collaboration?
La biodiversité, l’écocitoyenneté, le développement durable et l’implication citoyenne sont tous des enjeux qui me touchent. J’ai fait énormément de dessins sur ces sujets dans les magazines, j’ai donc les deux pieds dans mes pantoufles. Or, l’affiche grand format demeure quelque chose de spécial, comme une toile qui me permet de faire une synthèse de toutes ces idées. C’est important pour moi de réussir à résumer le propos, sans que ça soit compliqué à comprendre.
Quel rôle le dessin peut-il jouer dans la pédagogie?
Une image vaut mille mots. Un dessin sans paroles peut être compris par tout le monde, peu importe la langue ou l’âge. C’est un outil privilégié qui permet de caricaturer certaines situations pour faire passer certaines idées et conscientiser les jeunes. J’aimerais entre autres qu’ils réalisent que l’être humain n’est qu’une des espèces de la planète. Nous devons donc apprendre à être plus modestes…