
Aux abords du canal Lachine, au coin des rues Saint-Patrick et Pitt, une installation haute en couleur pour stationner les vélos est le fruit d’un partenariat noué par différentes entreprises du secteur pour encourager la mobilité durable… et désenclaver le secteur.
Il y a quelques années, une étude menée par le site Voyagez Futé avait appuyé sur la nécessité de favoriser la mobilité durable dans le secteur industriel Cabot, une zone enclavée située aux abords du canal Lachine, à Montréal.
Devant le constat d’un manque de solutions de rechange à l’automobile et pour encourager l’utilisation du vélo, plusieurs organisations du secteur se sont alors réunies pour imaginer des pistes de solution. PME Montréal Grand Sud-Ouest, dont la mission est de soutenir le développement économique des entreprises, a accompagné la réflexion et la consultation de plusieurs parties prenantes du secteur.
C’est ainsi qu’une installation pour vélos originale a vu le jour en juillet 2021 au coin des rues Saint-Patrick et Pitt, dans un petit parc où se trouvent également plusieurs tables de pique-nique. Elle ressemble à une sculpture abstraite, fonctionnelle et colorée et met en valeur l’héritage du quartier industriel. « Elle symbolise le cycle de renouveau du secteur : en reliant par un filon des machines manufacturières d’époque à des imprimantes 3D, on représente le virage numérique du domaine industriel », peut-on lire sur le site de PME Montréal Grand Sud-Ouest.
Plusieurs entreprises ont contribué généreusement en temps et en argent à la réalisation de cette installation. C’est vraiment un bel exemple de collaboration pour favoriser la mobilité durable.
Une synergie d’entreprises
« Plusieurs entreprises ont contribué généreusement en temps et en argent à la réalisation de cette installation. C’est vraiment un bel exemple de collaboration pour favoriser la mobilité durable », reconnaît Daphne Ferguson, directrice au développement industriel et durable chez PME Montréal.
Effenco, dont la mission est l’électrification de camions lourds, fait partie des entreprises qui ont participé au projet : « Nous avons fourni le financement principal et permis aux employés de travailler sur le projet pendant leurs heures de travail », explique son PDG et fondateur, David Arsenault. Il se remémore cette « synergie » entre les entreprises actrices dans le projet, composante essentielle pour mener à bien l’aménagement.
Arnaud Quenneville-Langis, à l’époque chargé de projets client pour Effenco, souligne la force du projet collaboratif, qui a « répondu à son besoin de créativité et à son désir de s’impliquer dans la communauté ».
Cette réalisation contribuant à la mobilité dans le secteur Cabot a ainsi remporté le prix Fédérateur aux 14es prix Leaders en mobilité durable. Une manière de récompenser l’inclusion de différentes entreprises impliquées dans le projet.
L’arrondissement du Sud-Ouest a également collaboré au projet en installant notamment un panneau d’arrêt pour sécuriser une intersection très fréquentée par les camions et les automobiles : « L’enjeu reposait sur le fait que la rue Saint-Patrick est un grand axe, traversé par beaucoup de camions. Ce panneau permet également de favoriser l’utilisation du vélo », explique Daphne Ferguson.
Elle précise par ailleurs que « le projet est allé plus loin qu’un simple stationnement pour vélos. C’est aussi un coin de verdure avec des tables, où les employés peuvent manger le midi ou organiser des événements. » Un bon point également pour la rétention et l’attraction de la main-d’œuvre.

Drôle d’usage!
Sur le terrain, toutes les personnes rencontrées soulignaient la pertinence de l’aménagement. « Je salue les initiatives de ce type-là, pour un quartier comme celui-ci, qui a été délaissé pendant des années, sur un espace ordinaire qui n’aurait pas servi », explique Éric, qui travaille chez Canal, une entreprise de torréfaction située juste en face du coin de verdure.
« Ce n’est pas une installation intimidante pour les gens, qui sont curieux et veulent l’approcher. Le design invite les gens à se réunir », constate pour sa part Kris, barista depuis l’automne chez Dreamy, le café d’en face.
Elle aime regarder par la fenêtre du café les personnes qui l’utilisent : « Je vois les enfants jouer dessus comme sur une structure de jeu. Je vois aussi des gens qui se reposent. C’est une infrastructure unique, aux couleurs jaune, bleu et vert, qui se fond dans la nature autour. »

Lorsque j’ai demandé à Daniel, qui travaille pour Canal, ce qu’il pensait de l’installation, celui-ci m’a déclaré : « J’aime les vieilles machines. Quand ma fille arrive, elle s’amuse sur les poteaux, ce qui était peut-être le but, sinon je ne comprends pas tout à fait. »
Alors, infrastructure de jeu ou installation pour vélos? Une légère confusion s’est installée avec le temps quant à l’usage de ces tubes aux multiples couleurs. Arnaud Quenneville-Langis souligne la beauté de l’installation et la possible confusion : « Le monde la remarque, c’est plein de couleurs, mais ce n’est pas évident qu’il s’agit d’un rack à vélos. On en parlait déjà à l’époque. » Daphne Ferguson suggère pour sa part la mise en place d’une signalétique différente qui indiquerait… que tous les vélos sont les bienvenus.
